Alors que Carrie Mathison s’apprête à tirer sa révérence après 8 saisons de bons et loyaux services, une nouvelle série lancée ce vendredi 31 août sur Amazon Prime Video, Jack Ryan, a de sérieux atouts pour prétendre au titre de digne héritière de Homeland.
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L’ironie de l’histoire, c’est que s’il débarque sur le petit écran quasiment une décennie après Carrie, Jack existe depuis bien plus longtemps en réalité. Ce personnage d’ancien marine américain, devenu analyste financier pour la CIA, est né en 1984 de l’imagination de l’écrivain Tom Clancy, dans le roman Octobre rouge. Il a ensuite évolué sur une vingtaine de romans, de quoi intéresser très tôt Hollywood qui en a déjà tiré cinq films différents et de nombreux jeux vidéo. Mais finalement, la forme sérielle est probablement le meilleur choix pour adapter les aventures géopolitiques explosives de Jack Ryan, et en plus elle n’avait pas encore été tentée.
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Pilotée par Carlton Cuse (Lost, Bates Motel) et Graham Roland, la série a trouvé en John Krasinski son Jack Ryan moderne, après les interprétations au cinéma de Harrison Ford, Chris Pine et Ben Affleck. L’acteur de The Office se glisse avec une aisance apparente dans le costume d’un Jack Ryan plus proche du gendre idéal que de l’espion bodybuildé à la Tom Cruise dans Mission Impossible. Enfin, il est quand même plutôt musclé et sait très bien se battre – ce qu’il fait dès le pilote –, ses talents de combattants étant justifiés par son passé de marine.
Quelque part entre le héros militaire et l’Américain moyen donc, Krasinski se montre convaincant dans la peau de ce nouveau Jack Ryan, qui voit débarquer un nouveau boss à la tête de son unité, James Greer, incarné par le toujours excellent Wendell Pierce. Ce dernier n’est pas franchement heureux de se retrouver derrière un bureau. Son nouveau poste est en réalité une punition après une opération sur le terrain qui a très mal tourné.
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Après s’être échangé quelques amabilités bien masculines, les deux hommes vont s’allier (tout en continuant à se charrier, sinon c’est pas drôle) quand Jack découvre des transactions financières très suspectes au Yémen, qui mènent vers un nouvel ennemi, Souleiman (Ali Suliman). À coups de références au 11-Septembre et à Ben Laden, on comprend vite que les enjeux sont très hauts.
Un héros un peu trop lisse
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Si dans son traitement, Jack Ryan ne réinvente pas la roue du thriller terroriste occidentalo-centré, on s’attendait à bien pire au visionnage du pilote, qui se révèle plutôt très solide. Comme dans Homeland, les interprètes sont tous au poil. Aucun maillon faible à déplorer. Si elles sont succinctement présentées, les protagonistes féminins sont là, entre la femme de Souleiman, Hani (Dina Shihabi), un potentiel love interest en la personne de Cathy Muller (Abbie Cornish) et on attend l’arrivée de Noomi Rapace dans le rôle d’un agent secret allemand. Carlton Cuse connaît son affaire : les scènes d’action sont impeccablement rythmées et exécutées. On a droit à une explosion au bout de 2 minutes du pilote et à une échauffourée convaincante à la fin de celui-ci.
Le bât blesse un peu plus du côté de l’originalité. Homeland a connu des hauts et des bas, mais dans ses moments glorieux, elle était unique en son genre, quitte à être complètement bordélique. C’est qu’elle était portée par le grain de folie de Claire Danes, par un Damian Lewis fascinant en marine complètement paumé et par un mal-être post 11-Septembre palpable. Si le spectre des attentats flotte toujours dans l’air, on a l’impression au contraire qu’à l’image de ses créateurs, Jack Ryan sait aujourd’hui exactement ce qu’il fait, où il va, même quand il est censé débarquer en terrain inconnu. Il est ce héros américain parfait, qui veut prévenir au lieu de guérir : ni trop testostéroné, ni trop fragile. Complètement control freak en somme. On peut donc potentiellement avoir affaire à une série d’action/espionnage bien foutue, mais qui manque d’aspérités.
Si Jack Ryan est considéré comme un héros reaganien, qui pourrait devenir un symbole de l’ère Trump si la série prenait une direction un peu trop binaire, conservatrice, le pilote ne semble pas indiquer qu’elle ira de ce côté-là, comme a pu le faire 24 heures chrono et son spin-off problématique. Même si on peut regretter une énième série d’espionnage centrée sur un homme blanc américain à l’heure où l’on a davantage envie de voir de nouvelles histoires et des perspectives différentes, la série donne au moins un visage et un background à l’ennemi, Souleiman. En fait, elle débute même par une scène avec lui et son frère, dans le Liban des années 1980. On se prend alors à rêver que cette nouvelle mouture des aventures de Jack Ryan soit plus nuancée que ses précédentes adaptations, moins manichéenne.
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La suite de la saison nous dira si elle poursuit dans cette voie. En attendant, on vous conseille de découvrir ce pilote maîtrisé, qui sait distiller son suspense, sans oublier d’ajouter un peu d’humour pince-sans-rire ici et là, histoire de respirer entre deux scènes very serious. Ça sent le binge-watching de fin d’été. Et ce ne sera pas en vain, la série ayant déjà été renouvelée pour une deuxième saison par Amazon.
La première saison de Jack Ryan, composée de 8 épisodes, est disponible sur Amazon Prime Video.