À l’occasion des 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, France Inter et Konbini s’associent à l’UNICEF et consacrent une journée spéciale : “Les enfants d’abord !”
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Si vous étiez en quête une série inspirante et divertissante à regarder avec vos enfants, ne cherchez plus ! She-Ra et les princesses du pouvoir est LE dessin animé qu’il vous faut. Depuis quatre saisons, sur Netflix, ce remake de la série des années 1980 a de quoi satisfaire petits (à partir de 7 ans environ) et grands (sans limite d’âge, éclatez-vous !). Sa force : véhiculer de belles valeurs (l’amitié, le courage, la morale, la tolérance, etc.) sans jamais être gnangnan, et à travers des aventures drôles et épiques. Ses enjeux dramatiques sont calibrés pour s’adapter aux différents niveaux de lecture de ses spectateur·ices·s. N’écoutez donc pas ceux qui la disqualifient aussi sec, pensant que c’est une série “girly” (comme si c’était un défaut). Oui, elle met surtout en valeur des personnages féminins, et c’est justement pour cette raison que garçons comme filles ont tout à y gagner à la découvrir.
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Son héroïne, Adora, a hérité d’une lourde responsabilité : elle est She-Ra, une princesse au service du bien, qui doit sauver, avec l’aide de ses amies, également princesses, la planète Etheria de l’emprise du maléfique Hordak. La showrunneuse de ce reboot, Noelle Stevenson, a fait un travail incroyable pour adapter ce monument de la culture des années 1980 à notre époque. Loin de vouloir briser le moule, elle l’a tout du moins élargi en étant plus inclusive et diverse. Les parents peuvent mettre leurs bambins devant She-Ra en toute confiance. Car si la série s’adresse aux fans de la première heure, aujourd’hui en âge d’avoir des enfants, elle sait aussi parler aux plus jeunes, sans jamais les prendre pour des idiot·e·s.
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Pour la remettre au goût du jour, Noelle Stevenson, autrice de comics à la base, a d’abord fait appel au studio d’animation coréen NE4U, qui dessine chaque plan à la main. Un travail méticuleux qui donne un supplément d’âme à l’ensemble. Le résultat, en particulier sur certaines séquences épiques, est réellement magnifique. Mais surtout, la showrunneuse a mis un point d’honneur à faire de ses héroïnes des modèles plus positifs, pour les petites filles, mais aussi les garçons.
Contrairement à la version d’origine, qui proposait des personnages très semblables physiquement, et tous blancs (des femmes minces, très sexualisées et aux proportions irréalistes, des hommes au corps sculpté par des muscles), la She-Ra nouvelle génération célèbre la différence. Une fois transformée, Adora devient une guerrière de plus de 2 mètres de haut, aux biceps et deltoïdes bien saillants. Sa BFF, Glimmer, est petite et trapue. Mermista, princesse de Salineas, a la peau foncée (et est doublée en VO par Vella Lovell, la Heather de Crazy Ex-Girlfirend). Scorpia, dans le camp ennemi, est une femme queer massive aux cheveux rasés sur les côtés. Bref, toutes les morphologies sont les bienvenues.
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Les garçons, même s’ils sont peu nombreux dans la série, ne sont pas en reste. She-Ra et les princesses du pouvoir a une interprétation rafraîchissante de la masculinité en cette époque troublée par les divisions entre les genres. Bow, doublé par Marcus Scribner de Black-ish, arbore, comme son prédécesseur, une armure crop top ornée d’un cœur et n’a aucun problème à exprimer ses sentiments. Il a juste laissé les abdos ciselés et irréels de son ancêtre au placard. Autre figure défiant les clichés de la virilité, le pirate Seahawk, dont la présence reste assez rare mais qui penche plus du côté flibustier d’Errol Flynn que de Barbe noire. Ici, les mâles sont hauts en couleur, flamboyants, courageux ou pleutres selon les occasions, émotifs et surtout, ils parviennent à exister sans éclipser les véritables héroïnes.
Tout cela nous amène à l’autre aspect très positif de She-Ra et les princesses du pouvoir : c’est une série très queer. On ne présume jamais de l’orientation sexuelle des personnages dans le monde d’Etheria, personne n’est estampillé “hétéro” ou “gay” de façon définitive. L’une des plus belles histoires d’amour, et sans doute aussi la plus tragique, c’est celle de Scorpia et Catra, la seconde étant trop rongée par son désir de revanche envers Adora pour ouvrir les yeux sur l’affection inconditionnelle que lui porte la première. Catra voit de la loyauté (et en profite pour être une vraie bully) là où il y a en réalité des sentiments très profonds. On découvre aussi en saison 2 que Bow a deux papas débordants d’amour, mais que celui-ci leur cache qui il est réellement : un soldat de la résistance. Il va devoir faire une sorte de coming out à ses pères qui lui prédisaient une carrière d’historien.
Et il n’y a pas que sur l’orientation sexuelle que la série brise les codes. Le genre est une question à la fois fondamentale dans She-Ra, et totalement normalisée. Tant et si bien que, quand on fait la connaissance en saison 4 de Double Trouble, un personnage reptilien gender fluid (et doublé par Jacob Tobia, activiste également non binaire), personne ne relève. C’est précisément parce que Double Trouble a le pouvoir de se transformer en n’importe qui – des transformations qui sont vécues comme de véritables performances scéniques – que son identité fluctuante n’en devient que plus naturelle. Et sa personnalité est à son image : changeante et plurielle, elle s’adapte aux situations puisque tout est bon pour survivre. Le fait d’en faire un personnage qui n’est ni du côté des héroïnes, ni tout à fait méchant évite de le faire tomber dans une forme d’angélisme ou de diabolisation. En termes de représentation LGBTQ+, c’est parmi ce qu’on a fait de mieux sur nos écrans.
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“Le fait que Bow ait deux papas, ou que Double Trouble soit gender fluid, ça fait sens dans ce monde et dans l’histoire qu’on a voulu raconter. Et avec un peu de chance, si des enfants qui regardent s’interrogent sur leur propre identité, ça les aidera à y voir plus clair. Et pour celles et ceux ne sont pas dans ce cas de figure, ça leur donne quelques bases et des éléments de compréhension si un jour ils ou elles deviennent ami·e·s avec des personnes qui le sont”, déclarait Noelle Stevenson dans cette interview pour l’AV Club.
Très centrée sur l’amitié, et les sacrifices et challenges que ça implique, She-Ra et les princesses du pouvoir se demande aussi ce que ça coûte de suivre sa destinée. Elle apprend aux enfants que le courage ne réside pas dans le fait de ne jamais avoir peur ou de ne jamais pleurer. Elle tisse des intrigues passionnantes qui nous ramènent à une évidence pourtant trop rare dans les programmes jeunesse : personne n’est tout blanc ou tout noir.
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Notre génération aurait vraiment gagné à voir ce genre d’héroïnes à la télévision, même si la She-Ra d’origine avait le mérite de représenter des femmes “fortes”. C’est l’occasion de rattraper le coup pour la prochaine, en proposant à nos bambins une fiction qui ne leur impose pas des représentations clichées des rôles genrés, des corps aux proportions inatteignables et des personnages blancs auxquels ils et elles ne peuvent pas tou·te·s s’identifier. She-Ra et les princesses du pouvoir corrige ça, et ça fait un bien fou !
Les quatre saisons de She-Ra et les princesses du pouvoir sont disponibles sur Netflix.