On peut tous pousser un ouf de soulagement. Bien qu’édulcorée par rapport à sa version ciné, la série Snatch a de la gueule.
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Quand le projet de donner un petit frère télé agité au film culte de 2000 est arrivé sur le tapis, on était à la fois excités et perplexes. Parmi les idées d’adaptation de long-métrage en série, ce n’était pas la plus naze. En revanche, l’absence aux manettes de Guy Ritchie, qui a donné naissance aux losers magnifiques de Snatch, aussi bien visuellement que scénaristiquement, avait de quoi inquiéter.
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Le premier épisode de la série, signée Alex De Rakoff, rassure sur son esprit. Moins explicitement violente, ouvertement tournée vers un public jeune avec son cast d’acteurs vingtenaires, elle conserve néanmoins une certaine essence foutraque et WTF qui faisait le bonheur du film. Clairement, Guy Ritchie n’est pas à la réalisation, mais des efforts sont aussi faits de ce côté-là (avec un léger abus des ralentis) pour donner du rythme à l’intrigue. Et ça fonctionne plutôt pas mal.
Bordélique mais pas trop
La série chorale repose sur les épaules d’une poignée d’acteurs qui prennent clairement du plaisir à jouer, chacun dans leur registre : Ruper Grint fait du Ruper Grint (en gros, Ron Weasley qui aurait mal tourné), Luke Pasqualino assure tranquille dans le rôle du leader beau gosse et Ed Westwick, aka le ténébreux Chuck Bass dans Gossip Girl, a le loisir de peaufiner son rôle de mafieux en herbe complètement frappadingue. Les personnages n’ont pas de liens directs avec ceux du film, en revanche ils en sont inspirés dans leur caractérisation. Grint et Pasqualino remplacent clairement Jason Statham et son BFF Stephen Graham quand le perso de Westwick est lui une variation du parrain psychopathe Brick Top (celui qui aime faire bouffer ses ennemis à ses cochons).
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Seul grand absent de ce premier épisode : le clan des gitans mené par Brad Pitt dans le film, qui était sacrément gratiné. Manquent aussi à l’appel (enfin pour le moment) le trio de blacks complètement teubé qui échappait miraculeusement à la mort tout le long du film, tout en cumulant les conneries. En revanche, la série a décidé de donner de la place aux femmes, et le personnage de Lotti (Phoebe Dynevor), qui va mettre son grain de sel dans l’engrenage, semble plutôt prometteur.
Le reproche principal que l’on fera à cette version sérielle de Snatch, au demeurant plutôt sympathique, c’est qu’on passe un bon moment, on sourit, mais le show reste plutôt sage, à bonne distance de l’esprit crasseux et politiquement très incorrect du film, qui a déjà 17 ans. Les temps ont changé. Un peu comme la péniche d’Albert, c’est vaguement bordélique, mais surtout beau. Et puis si on parle punchlines et dialogues qui tabassent, rien ne remplace l’écriture de Guy Ritchie.
Avec son casting rajeuni, ce Snatch sériel prend des airs surréalistes. Les gangsters trentenaires ou quarantenaires d’il y a presque 20 ans sont ici relégués au second plan, ce qui en dit long sur le jeunisme hollywoodien qui sévit aussi dans le monde des séries. Mais de ce point de vue, la série met le doigt sur quelque chose d’intéressant en dépeignant ces “adulescents”, qui vivent comme des ados à peine sortis du cocon familial et imitent les adultes avec leurs fringues bling-bling et leurs plans criminels foireux (sinon, on ne serait pas dans Snatch). Les millenials ont maintenant leur série de gangsters cool. Reste à voir si elle saura salir ses beaux gosses gentiment losers.
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La première saison de Snatch a été mise en ligne sur la plateforme Crakle aux États-Unis. Elle n’a pas encore de diffuseur en France.