Entre deux saisons de Peaky Blinders, le showrunner Steven Knight collabore avec Apple sur une série bien éloignée des quartiers malfamés de Birmingham : See. Cette fiction dystopique, dans laquelle l’humanité est désormais privée de la vue à la suite d’une catastrophe planétaire, peut compter sur la présence virile de Jason Momoa dans son casting. Si la première saison nous avait marqués par la beauté de ses paysages et la qualité de ses chorégraphies de combat, on était en revanche assez déçu du scénario prévisible et parsemé d’incohérences racontant l’histoire de Baba Voss et ses enfants exceptionnels.
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Toutefois, See s’est rapidement imposée comme l’une des séries les plus populaires de la plateforme Apple TV+, s’octroyant une saison 2 encore plus ambitieuse. On y retrouve le colosse Baba Voss, sur la traque de Jerlamarel qui a kidnappé sa fille, miraculeusement douée de la vue, pour reconstruire la civilisation. En réalité, l’ancien esclave a vendu Haniwa au plus offrant, à savoir le général Edo Voss, le frère de Baba incarné par Dave Bautista (Les Gardiens de la Galaxie). Ainsi, Baba va se lancer dans une mission suicide pour protéger sa fille et régler ses comptes avec son frangin, bien décidé à le faire chuter une fois pour toutes.
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Tué ou être tué
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Si See ne brille pas particulièrement par ses dialogues et son scénario, la série de Steven Knight est en revanche d’une brutalité presque fascinante. Contrairement au premier essai, la saison 2 plonge davantage dans la violence d’un monde en ruines, quitte à laisser de côté les quelques intrigues géopolitiques (souvent barbantes) de son univers. Avec cette quête périlleuse en solitaire pour sauver sa fille, Baba Voss devient un véritable rōnin armé de son katana et de son plastron comme seule défense contre les forces d’Edo.
Cette inspiration qui lorgne du côté des films de samouraï est plutôt réussie dans la saison 2. See s’imprègne du grand thème de la vengeance, à la croisée du cinéma de Kurosawa et Mizoguchi, alors que les guerres de clans font rage au sein du royaume. L’ajout de Dave Bautista et son physique imposant au cast permet de placer en face de Momoa une force brute crédible, qui fait de ce duel au sommet le principal intérêt de la série. Et l’affrontement ne déçoit pas : les scènes de baston sont spectaculaires, Edo s’imposant comme un antagoniste charismatique et terrifiant, dont les méthodes expéditives ne sont pas sans rappeler un certain Negan.
En revanche, on a toujours autant de mal à entrer en immersion dans cet étrange univers où l’humanité a perdu la vue. Certains aspects du show semblent complètement absurdes, avec des personnages qui traversent de longues distances sans jamais se perdre. Le chaos de cette époque post-apocalyptique a laissé place à de grandes villes organisées voire dirigées par des rois et des reines autocratiques, comme la souveraine Kane. Ces sous-intrigues ont du mal à coexister avec la brutalité de ses deux leaders, même si on ressent une certaine envie de jouer la carte des trahisons et autres coups d’État politiques façon Game of Thrones.
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See continue d’ailleurs d’impressionner sur son aspect visuel et esthétique. L’univers de Baba Voss, renvoyé à sa phase primaire voire primitive, laisse place à des forêts enneigées, des blizzards tranchants et des montagnes inquiétantes. On y trouve aussi une forme d’inspiration steampunk et rétrofuturiste qui donne un certain cachet à l’ensemble.
Paradoxalement, pour une série sur des héros malvoyants et aveugles, l’émotion et les qualités de See passent avant tout dans le regard du spectateur, émerveillé par la beauté qui se dégage de cet univers, mais trop souvent assommé par une histoire faussement complexe, qui ne parvient toujours pas à relier les deux bouts pour rivaliser avec les meilleures séries d’Apple comme The Morning Show ou For All Mankind.
La deuxième saison de See est en cours de diffusion sur Apple TV+.
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