À mi-chemin entre un You’re the Worst version light et une dramédie comme HBO les fait si bien, le show puise dans de multiples genres pour donner naissance à ce mix diablement jouissif.
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Du drame à la comédie, il n’y a qu’un pas. Un nombre croissant de séries s’adonne au mélange des genres, avec un succès fort variable. Search Party, nouvelle venue sur le câble américain, se hisse au sommet du cru 2016. De par sa facilité à faire coïncider plusieurs tonalités diamétralement opposées, cet ovni sériel laisse difficilement indifférent.
Chantal Witherbottom est introuvable. Personne ne sait où elle est, encore moins ce qui a pu lui arriver. Dory, une ancienne connaissance des années fac de la jeune femme, s’improvise détective du dimanche afin de lever le voile sur cette mystérieuse disparition. Ses journées sont alors rythmées par cette quête frénétique de vérité. Elle est aidée dans sa recherche étrangement obsessionnelle par son boyfriend et ses deux meilleurs amis, le flamboyant Elliott et Portia, l’actrice de seconde zone.
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Dans une interview vidéo pour Complex News, la star du show Alia Shawkat (Arrested Development) s’est amusée à le décrire comme un Columbo chez les hipsters. Une association peu ragoûtante, on vous l’accorde, et pourtant Search Party est bien plus que ça. Chaque épisode est un cocktail déroutant de rires nerveux et d’instants prenants, teintés de suspense. Une ambiance anxiogène s’étend sur toute la durée de la série, instaurant un climat pesant de paranoïa. Comme l’héroïne, on a désespérément envie de partir à la recherche d’indices, avec un énorme trenchcoat et une loupe sous le bras.
Un crime passionnel ? Une affiliation avec un culte ? Un suicide ? De multiples théories sont soulignées par le quatuor central, d’un manière presque malsaine. Dory fait preuve d’une ténacité sans pareille pour découvrir le pot aux roses, se présentant comme une Nancy Drew 2.0, ainsi que le suggèrent ces affiches délicieusement rétro pour promouvoir le show. Son incompréhensible obsession pour cette affaire nous pousse à remettre en question son statut de personnage central : est-elle fiable ? Devons-nous, en tant que téléspectateurs, lui faire confiance ? Maintes fois, on en vient à se demander si Dory ne va pas nous la mettre à l’envers, façon Tyler Durden dans Fight Club.
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Dans Search Party, l’enquête n’est pas forcément l’aspect le plus captivant. Les personnages, eux, le sont davantage. Narcissisme, mensonge, superficialité, lâcheté… Ils ont aisément de quoi faire concurrence à Hannah Horvath et ses camarades bourrés de défauts dans Girls. Si certains frôlent parfois la limite avec la caricature, tous sonnent juste. Et bien qu’ils soient indubitablement de mauvaises personnes, on ne les méprise pas pour autant. Avoir une opinion tranchante et définitive sur eux n’est pas chose facile et cela prouve que la fascination a lieu aussi bien hors que dans l’écran.
Sarah-Violet Bliss, Charles Rogers et Michael Showalter, le brillant trio de créateurs derrière la série, peuvent se vanter d’avoir mis au point une satire sociale remarquable. La recherche effrénée de Chantal Witherbottom n’est au bout du compte qu’un prétexte, servant à mettre en place une peinture atypique de la génération Y. Là où Lena Dunham “glamourise” les millenials et la sitcom méconnue The Great Indoors les tourne en ridicule, Search Party parvient à trouver un juste milieu. En soi, la série n’est pas vraiment encline à porter des jugements à l’emporte-pièce, mais laisse plutôt cette liberté au public. Une approche honnête, rarement aperçue sur le petit écran.
“The pleasure lies not in discovering the truth, but in searching for it” (“Le plaisir ne réside pas dans la découverte de la vérité, mais la recherche de cette dernière”) : cette citation du roman Anna Karénine de Léon Toilstoï fortement représentative de l’esprit de la série que Dory absorbe lors d’un épisode. Le dénouement, aussi frustrant — et, en même temps, aussi satisfaisant — qu’il puisse être, n’a pas tant d’importance. Qu’elle soit vivante ou non, on se fiche de ce qu’il est advenu de Chantal. A contrario, l’évolution des protagonistes prend le pas sur l’intrigue criminelle. Sur ce plan-là, le grand final ne déçoit pas et nous laisse aussi décontenancés que l’héroïne.
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Les dernières secondes, on esquisse un sourire. Un sourire un peu béat, parce qu’on s’est pris nous aussi au jeu des théories fumeuses. Mais, par-dessus tout, un sourire de contentement car on a visionné une série aussi intéressante qu’intelligente. Il n’y a plus qu’à écouter la mélodie synthpop entêtante d’“Obedear” par Purity Ring et attendre la saison 2 de Search Party, officiellement commandée par TBS la semaine dernière.
Search Party est actuellement diffusée aux États-Unis depuis le 21 novembre et sera disponible dès le 23 décembre à 20h40 sur OCS en France.