En saison 2, American Gods a un problème de déesse (et ça craint pour la suite)

Publié le par Delphine Rivet,

© Starz

Un indice : Easter leur a posé un gros lapin. (Attention, spoilers sur le premier épisode de la saison 2.)

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L’appréhension et les attentes étaient grandes à l’approche de la saison 2 d’American Gods. D’abord, parce qu’on allait enfin voir, pour de vrai, la fameuse Maison sur le rocher qui a laissé plus d’un·e lecteur·rice le cerveau en vrille en tournant les pages du roman de Neil Gaiman. Mais aussi parce qu’on a poireauté deux ans pour l’avoir, cette saison 2 ! La faute au chaos qui régnait en coulisses. Et celui-ci a eu un impact non négligeable sur la suite de l’intrigue de la série.

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Petit flash-back : après des années à chercher comment adapter son roman en série, Neil Gaiman a finalement trouvé la perle rare avec le duo de showrunners Bryan Fuller et Michael Green, qui se chargeraient de porter son histoire à l’écran, avec le soutien de la chaîne Starz. L’affaire semblait entendue, et la saison 1, imparfaite mais flamboyante, voyait le jour en avril 2017. Pourtant, à l’issue de cette première fournée d’épisodes, le divorce est consommé. Fuller et Green quittent le navire.

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On ne saura probablement jamais ce qu’il s’est passé entre les trois hommes, le studio et le diffuseur. La seule chose qui a filtré, c’est la classique excuse du “différend artistique”. Il se murmure que les ambitions des showrunners pour la saison 2 allaient coûter trop cher à Starz. On parle aussi d’une mésentente avec Neil Gaiman au sujet d’intrigues trop éloignées de son livre, réputé inadaptable. Le romancier a donc récupéré les pleins pouvoirs sur la série, au côté du nouveau showrunner désigné pour l’occasion, Jesse Alexander.

La première impression laissée par les deux épisodes inauguraux de cette saison 2, c’est que le drama qui s’est déroulé en coulisses transparaît à l’écran. Petite explication : lorsque Bryan Fuller et Michael Green ont quitté le navire, Gillian Anderson et Kristin Chenoweth (fidèles au premier, pour avoir déjà collaboré avec lui, respectivement sur Hannibal et Pushing Daisies) sont parties elles aussi. Lors du tout dernier épisode de la saison 1, les deux actrices et leurs personnages tenaient une place majeure dans l’intrigue.

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Pour rappel, tout le monde ou presque se retrouvait à la demeure d’Ostara (Kristin Chenoweth), répondant aussi au nom d’Easter (ou Pâques en français), déesse du printemps et de la nature, qui peut donner la vie ou la reprendre. Mr Wednesday, confronté par Mr World et ses sbires, dont Media (Gillian Anderson), révélait sa véritable identité. “Je suis Odin”, éructait-il avant de faire s’abattre la foudre sur ses ennemis. C’est aussi lui qui a encouragé Ostara à rejoindre les rangs des vieux dieux dans la bataille qui se prépare. Celle-ci, frustrée de ne plus être vénérée (elle s’est fait voler la vedette par Jésus) a décidé de priver le monde de ses grâces en faisant mourir toute végétation alentour, et en rendant la terre stérile.

Avec une alliée comme ça, on part à la guerre avec un sacré avantage, pas vrai ? Sauf que l’actrice s’étant barrée avec les showrunners, Ostara est aux abonnés absents dans cette saison 2. Et la raison de cette défection a de quoi laisser perplexe, en plus de laisser un trou béant dans la storyline. Mr Nancy, en route pour la Maison sur le rocher avec Mr Wednesday, lui explique (enfin, c’est surtout à nous qu’il explique) que la déesse ne viendra finalement pas à la grande assemblée des anciens dieux parce que… ce vieux bougre de Wednesday a écrasé des lapins avec sa voiture en se rendant chez elle.

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On vous laisse une minute pour digérer cette info qui tient plus de la rustine de fortune que de la réparation en bonne et due forme. Toujours est-il qu’en plus de l’absence d’Ostara, c’est comme si sa scène d’empowerment en fin de saison 1 n’avait jamais existé. Quid de l’état de dévastation (dont on ignore l’étendue des dégâts) dans lequel elle a laissé la nature ? Celles et ceux qui vont de nouveau la prier et, de facto, augmenter considérablement son pouvoir, comptent pour du beurre ? On nous laisse donc comme ça, avec une déesse qui fait du boudin dans son coin (à retardement, puisque Wednesday a commis son “lapinicide” avant de la convaincre de rejoindre ses rangs). Décevant.

C’est dire le peu de cas que font Jesse Alexander et Neil Gaiman des trames narratives tissées par Bryan Fuller et Michael Green. À leur décharge, il est difficile de réconcilier leur volonté de renouer avec le matériau d’origine et les contraintes posées par le départ des actrices. Car Media, interprétée par Gillian Anderson, est aussi introuvable. Terrifiée après sa dernière rencontre avec Odin, elle a disparu de la circulation, au grand dam de son boss, Mr World.

La différence, c’est que cette déesse-là est un caméléon. Elle nous a habitués, en saison 1, à emprunter les visages d’icônes de la pop culture : Lucille Ball, David Bowie, Marilyn Monroe et Judy Garland, grâce aux formidables performances de Gillian Anderson. L’astuce, en saison 2, sera donc de prendre ça au pied de la lettre et de lui donner carrément un nouveau visage, personnifié par l’actrice Kahyun Kim. On verra donc, en avançant dans le récit, si celle-ci s’en tire à meilleur compte que sa rivale Ostara. Et surtout, on espère que ces faux pas n’entacheront pas trop l’incroyable histoire qu’est American Gods

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La saison 2 d’American Gods a débuté le 11 mars sur Amazon Prime Vidéo, son diffuseur en France, à raison d’un épisode par semaine.