Médiocrité était le maître mot de ce troisième tour de piste, mais on décèle une petite lueur d’espoir. Attention, spoilers.
Ce mercredi 15 mai, Riverdale a bouclé sa troisième saison – oui, enfin. Après 22 épisodes plus laborieux que jamais (Dieu merci, ils ne durent qu’une quarantaine de minutes), la série s’est enfin décidée à résoudre ses multiples intrigues jusqu’alors éparpillées. Ce qu’on en retient ? Trois choses. Que Cole Sprouse n’est pas un excellent comédien. Qu’Archie est désormais proprio de son propre club de boxe du haut de ses 17 ans (présumés). Mais aussi, pour couronner le tout, que Riverdale est capable de produire un épisode de bonne facture. Comme quoi, tout est possible.
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Depuis quelque temps, c’est plus ou moins une relation d’amour/haine qu’on entretient avec Riverdale. Mais cette saison, on est clairement passés du côté obscur de la force. La faute à qui ? Aux scénaristes, of course, qui nous ont matraqués de “filler episodes”. On traduirait cette expression anglo-saxonne par “épisodes de remplissage”, soit des chapitres qui ne font pas avancer le fil rouge et sont simplement là pour combler ce qu’il y a à combler. Et cette saison 3, c’était exactement ça.
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On ne va pas se mentir : tout ce qui nous intéressait cette saison, c’était de découvrir l’identité du Gargoyle King (Roi des gargouilles, en VF) dans un premier temps, et aussi d’en apprendre davantage sur les tenants et aboutissants de la Ferme, cette secte itinérante qui a jeté son dévolu sur les habitants de Riverdale. Et plutôt que de nous offrir un développement rythmé et cohérent, Riverdale s’est perdue dans des errances inutiles. L’exemple parfait ? Archie qui fuit la ville afin d’échapper à Hiram… pour au final revenir deux épisodes plus tard, alors que la situation n’a pas changé et que Papa Lodge a toujours envie de le zigouiller. La logique, s’il vous plaît ?!
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Le souci majeur avec Riverdale, c’est par-dessus tout sa durée, symptomatique d’un problème plus large qu’ont les séries diffusées sur les grands networks. Pour les néophytes, la télé publique américaine fonctionne selon ses propres codes, qui diffèrent des chaînes câblées.
Là où ces dernières (comme HBO ou Freeform, par exemple) peuvent se permettre de diffuser des séries quand bon leur semble, les chaînes publiques ont un calendrier bien précis, avec une grille des programmations devant être remplie de septembre jusqu’à mai, idéalement avec les programmes similaires tout au long pour favoriser la fidélité des téléspectateurs·trices.
C’est en suivant ce schéma de diffusion archaïque que Riverdale se retrouve avec 22 épisodes sur les bras, contrainte d’étirer une intrigue globale qui aurait pu tenir en une dizaine de chapitres. Le pire dans l’histoire, c’est que la série ne sait pas faire bon usage de tout ce temps. Son tort principal reste de trop vouloir se focaliser sur le même quatuor plutôt que d’exploiter pleinement ses personnages secondaires. On pense tout de go à Kevin qui n’est même plus un personnage à part entière, n’étant là que pour servir la storyline de Betty. Ne parlons même pas de Josie, quasi inexistante cette saison (mais qui devrait s’épanouir dans le spin-off Katy Keene dès 2020).
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Bon, cessons de trasher Riverdale, qui vient donc de nous gâter avec un miracle. Oui, le dernier volet de cette saison 3 était un (très) bon épisode qui, en plus d’être haletant, a apporté son lot de résolutions. Le Gargoyle King est en réalité une Gargoyle Queen, ce bon vieux Chic est encore en vie, le véritable Charles Cooper débarque en ville… En plus de tout ça, “Survive the Night” éclaircit ce qu’on considérait jusqu’ici comme des incohérences, à l’image du changement soudain de personnalité d’Alice Cooper.
Après, ce n’est pas parce que Riverdale a gagné en cohérence que c’est aussi le cas niveau crédibilité. C’est d’ailleurs Archie qui nous le rappelle. “N’oublie pas, je me suis battu avec un vrai ours, tu te souviens ?”, lâche-t-il à sa bien-aimée Ronnie alors qu’il s’apprête à affronter un colosse de 2 mètres en pleine forêt. Mais en soi, on avait déjà établi que le charme incompréhensible de Riverdale résidait aussi dans son absurdité générale. Cet ultime épisode n’a pas fait exception à la règle, rassurez-vous.
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Somme toute, après ce chapitre éminemment réussi, on a envie de remettre les pieds à Riverdale, ne serait-ce que pour faire sens de cette dernière minute façon How to Get Away with Murder. Encore une fois, on mord à l’hameçon. Mais on déchante vite quand on se dit que la quatrième saison, prévue pour l’automne, comportera elle aussi 22 épisodes. On est en droit de s’attendre au pire. Mais Riverdale peut-elle faire pire qu’une attaque de grizzli inopinée ? Ne sous-estimons pas ses scénaristes.
Les trois saisons de Riverdale sont disponibles dès maintenant en intégralité sur Netflix en France.