Il n’y a rien de mieux pour une série que de s’autoriser des écarts créatifs. Dans le cas d’une poignée de fictions phares comme Scrubs ou Daria, cette prise de risque est passée par des épisodes musicaux, où la grande majorité des lignes de dialogues était remplacée par des refrains chantonnés par les membres du casting. Celui de Buffy contre les vampires a marqué les esprits et demeure aujourd’hui l’un de ses meilleurs épisodes. Néanmoins, c’est une sacrée prise de risque. Un volet entièrement musical, ça passe ou ça casse.
Publicité
Et pour Riverdale, c’est passé ! Après une deuxième saison bien médiocre, noyée sous des intrigues lourdesques et interminables, la série relève le niveau. Pour la faire courte, l’épisode “A Night to Remember” avance au rythme de la comédie musicale menée par Kevin Keller, théâtreux dans l’âme, qui a enrôlé tous ses potes pour l’occasion. Et quoi de mieux que Carrie, pièce inspirée de l’œuvre iconique de Stephen King et bide intersidéral à Broadway, pour mettre le feu aux planches de l’auditorium de Riverdale High ?
Publicité
Dans les faits, Carrie: The Musical est surtout un prétexte pour nourrir des conflits et, parfois, les gérer de manière étonnamment mature. C’est le cas avec Betty et Veronica : la blonde est castée dans le rôle de la gentille girl next door innocente, la brune dans celui de la peste égocentrique au contexte familial chaotique. Autant dire que ce sont deux personnages qui leur collent à la peau. Les deux se crêpent le chignon sur scène, mais se rabibochent en coulisses, et en chanson évidemment.
Lors de répétitions, Cheryl rechigne à faire comme si de rien n’était et exige de mettre les choses au clair avec Josie, aka son ancienne BFF aka son ancien crush à qui elle envoyait soi-disant des colis de menace complètement perchés. Heureusement, l’ex-leadeuse des Pussycats n’est pas rancunière pour un sou et elles enterrent vite la hache de guerre. Il en est de même pour Chuck Clayton (mais si, le bad boy qui adorait traiter les femmes comme du bétail), qui est en quête de rédemption et intègre la pièce pour se racheter une conscience.
Publicité
En définitive, cet épisode musical offre la possibilité aux personnages d’évoluer dans une direction positive, tout en relançant ce qui manquait à Riverdale depuis un bon moment : un véritable fil rouge, consistant et intéressant. Autrement dit, l’intrigue du Black Hood reprend doucement mais sûrement, la série nous confirmant ce dont on se doutait tous depuis le début, soit que le tueur cagoulé n’était pas le concierge et qu’il est plus vivant et prêt à sévir que jamais. La preuve avec sa nouvelle victime, la pauvre Midge qui n’aura pas réussi à exister au-delà de lignes de dialogues qu’on peut compter sur les doigts d’une main.
Si sa mort, tragique et ô combien théâtrale, n’a pas l’impact émotionnel escompté sur le téléspectateur, elle reste symbolique pour Riverdale. En se séparant à nouveau d’un personnage secondaire, adolescent en prime, la série relance la machine, jusqu’alors rouillée. Outre la dimension musicale de l’épisode, qui comprend des plans et une lumière léchés, “A Night to Remember” prend des faux airs de slasher qui évoquent nécessairement la franchise ciné de Scream. Une trajectoire que la série devrait garder jusqu’au dénouement de la saison 2.
En vérité, un épisode musical aurait pu faire tache. Cela dit, dans une série comme Riverdale, un tel chapitre coule de source tant le show nous a habitués à ce côté pas prise de tête, capable de tout et de rien, du meilleur comme du pire. Riverdale en a même pleinement conscience, comme l’atteste une réplique de Penelope Blossom où elle qualifie la ville (et, de facto, la série) de “tordue”. En prime, on ne voit Hiram Lodge et Chic Cooper qu’à petite dose, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Une fois n’est pas coutume, on tient là un épisode référencé, distrayant et, le plus important, maîtrisé du début jusqu’à la fin. Ça faisait longtemps.
Publicité
Riverdale est diffusée sur Netflix en US+24 à raison d’un épisode par semaine.