Proposée chaque semaine sur Netflix, Riverdale signe un retour aux sources pour le genre du teen drama, et c’est tant mieux.
Publicité
Publicité
En PLS depuis l’annonce de la fin inéluctable de Pretty Little Liars ? Séchez vos larmes de crocodile et réservez votre billet direction Netflix. Exit Rosewood et ses menteuses immatures, place à Riverdale et ses ados en perdition. La série flambant neuve est le dernier bébé en date de la CW et Greg Berlanti, une union fructueuse, en témoignent les justiciers de la chaîne (Arrow, The Flash et toute leur clique de sauveurs de l’humanité). En obtenant les droits de diffusion dans l’Hexagone de Riverdale, le géant américain vient de dénicher un teen drama délicieusement rétro, aux multiples influences.
Du brouillard omniprésent aux devantures éraillées des boutiques du coin, la bourgade de Riverdale est atteinte du syndrome “boule de neige”. Avec ses traditions et son diner incontournable, elle semble imperméable au temps, dans la même veine que Twin Peaks à laquelle la série a souvent été comparée avant sa sortie. À raison. Les deux partagent une atmosphère subtilement pesante, comme si les personnages n’étaient jamais à l’abri du danger.
Publicité
La luminosité est assez terne (on se surprend à penser à la ville de Forks dans Twilight, avant de se mordre immédiatement les doigts pour avoir osé songer à cette référence). Dans son ensemble, l’esthétique feutrée de Riverdale est particulièrement travaillée. L’étalonnage fait écho au long-métrage horrifique de 2014, It Follows, notamment lors des scènes tournées dans le diner avec son éclairage néon. La série réussit avec les honneurs à créer cette ambiance néo-noir qui n’est pas sans rappeler, osera-t-on le dire… Veronica Mars ? Vous l’aurez compris, les comparaisons sont légion.
Et puis Riverdale s’avère sur le fond une élève assidue, qui coche avec application toutes les cases du teen drama classique. Le héros beau gosse, la cheerleader peste, le meilleur ami homo… Les clichés sont cumulés, mais surtout parfaitement assumés. On a envie que les protagonistes gagnent en épaisseur, c’est évident. Et en même temps, est-ce si mal que de souhaiter qu’ils ne changent pas ? Des archétypes de Riverdale émanent une certaine candeur et une innocence rassurante.
On n’est de facto pas très surpris d’apprendre que le show est tiré de comics américains ultracultes. Nés en 1941, les personnages emblématiques de Riverdale n’ont que très peu évolué avec le temps et conservent des caractéristiques rigides que l’on retrouve dans cette version live-action. Les millenials ayant passé leur mercredi après-midi devant M6 Kid se souviendront inévitablement du dessin animé Archie, mystères et compagnie, lequel était lui aussi une adaptation des Archie Comics. Or ici, pas de surnaturel. Seulement des teenagers, des états d’âmes et des bals de rentrée.
Publicité
Bien entendu, le quotidien d’Archie (le héros beau gosse, suivez) est tout le contraire de calme. Alors que son cœur balance entre sa passion soudaine pour la musique et sa carrière sportive, il est désiré autant par sa meilleure amie d’enfance, la douce Betty, que la nouvelle venue, Veronica. Cerise sur le gâteau, il fait des galipettes avec sa prof de musique. OK, elle a beau être dans la vingtaine et être tout droit sortie d’une pub pour du parfum, cette idylle n’en demeure pas moins illégale. Ah, ces séries qui rendent glamour le détournement de mineur !
Outre tous ces problèmes existentiels, la star de Riverdale et tous ses camarades doivent composer avec le meurtre non résolu de Jason Blossom. Quarterback accompli, belle gueule, jauge de popularité poussée au max : Jason et sa réputation de salopard nous font immédiatement penser à Alison DiLaurentis, aka la victime autour duquel tourne toute l’intrigue de Pretty Little Liars. On espère alors que les scénaristes de Riverdale sauront boucler cette affaire d’ici la fin de sa saison inaugurale. Et pas après un paquet de saisons, n’est-ce pas PLL ?
Si ce pilote n’est pas exempt de défauts, il est difficile de ne pas ressentir un tant soit peu d’intérêt pour ces archétypes en puissance. Rien n’échappe à Veronica Lodge, l’ex-mean girl déterminée à se racheter, dont la répartie cinglante aboutit à des joutes verbales presque jouissives. De sa bouche sort une pléiade de références à la pop culture aussi variées qu’opportunes, de Diamants sur canapé à Outlander. Ajoutez à ça une bande-son 100 % pop avec du Santigold, du Tegan and Sara et le tube de 2016 signé Mike Posner, “I Took a Pill in Ibiza”, et vous serez conquis.
Publicité
Au final, il y a quelque chose de fascinant dans ces personnages à la plastique irréprochable impliqués dans des histoires sordides. À l’issue d’une quarantaine de minutes, on se prend au jeu. Les novices des Archie Comics trouveront leur compte de protagonistes pétillants et de storylines accrocheuses (même si parfois déjà vues). Quant aux puristes du format papier originel, ils hériteront d’un reboot méta plein de clins d’œil. Riverdale n’est pas novatrice, mais n’en demeure pas moins plaisante. Loin des fictions alambiquées à la Westworld ou en constante quête du twist à la Mr. Robot, une série rassurante comme Riverdale peut faire beaucoup de bien.
Riverdale est diffusée sur la CW outre-Atlantique depuis le 26 novembre et chaque épisode sera proposé en US+24 sur Netflix en France.