Cette année, la franchise Resident Evil, créée par Capcom dans les années 1990, a la cote. Après le huitième épisode de la saga vidéoludique, elle s’étend une nouvelle fois sur un nouveau support, celui des séries animées avec la collaboration de Netflix. Pour les habitués du genre, c’est l’occasion de recroiser des visages connus et un univers post-apocalyptique sous un nouveau jour, celui du photoréalisme comme une volonté de poursuivre les superbes cinématiques des jeux vidéo. Les fans y trouveront également une forme de continuité avec les gros titres Resident Evil, puisque le show se glisse parfaitement dans la chronologie des aventures zombiesques.
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En effet, Resident Evil: Infinite Darkness se déroule seulement quelques mois après Resident Evil 4. On retrouve donc deux héros emblématiques de la franchise, Leon S. Kennedy et Claire Redfield, à la tête de la série animée. Le terrible virus T a été lâché dans la nature, Raccoon City a été détruite et une partie de l’humanité est consciente de l’existence des morts-vivants déchaînés et assoiffés de sang. Dans un contexte géopolitique tendu entre la Chine et les États-Unis, la Maison-Blanche subit une double offensive : ses secrets informatiques sont révélés après une cyberattaque, tandis qu’au même moment surgit une horde de zombies dans l’enceinte du président américain.
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Leon est dépêché sur place pour le protéger, avant d’être entraîné dans une sombre enquête qui pourrait déboucher sur une conspiration mondiale de la part de son gouvernement. De l’autre côté, au Penamstan, Claire travaille pour une ONG qui vient en aide aux survivants d’une violente guerre civile. Elle va faire la rencontre d’un garçon traumatisé qui dessine ses visions cauchemardesques et comprendre alors que le virus est utilisé comme une arme biologique. Le tandem aura alors peu de temps pour empêcher l’épidémie de se propager et mettre au jour une conspiration qui les dépasse.
Une longue cinématique pas désagréable
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Vous l’aurez compris à la lecture du synopsis, Resident Evil: Infinite Darkness n’est pas une origin story voire un reboot de la saga. Il s’agit bien d’un épisode canon dans la chronologie de l’univers, qui fait référence aux événements passés et futurs de la saga imaginée par Capcom. En d’autres termes, les nouveaux venus peuvent rapidement se perdre dans la narration, sans comprendre par exemple les origines du virus T et les enjeux autour des personnages de Leon et Claire. Toutefois, l’intrigue secondaire (par rapport aux jeux vidéo) de la série peut être suivie avec aisance sans forcément posséder tous les morceaux du puzzle zombiesque.
D’abord, parce que le show est un peu moins nanardesque que les précédentes productions dérivées de Resident Evil. Netflix a eu la bonne idée de confier en partie la direction artistique de la série à un studio japonais, Quebico, qui connaît l’univers de Capcom sur le bout des doigts. Le réalisateur Eiichirō Hasumi attache ainsi une attention particulière à l’esthétique de son œuvre entièrement créée par ordinateur, très cinématographique. On apprécie le travail sur la lumière et l’ambiance, bien glauque voire crade par moments, qui a fait la renommée de Resident Evil en plus de 20 ans d’existence.
Si certaines animations faciales pèchent par moments, notamment sur les personnages secondaires, l’atmosphère horrifique est respectée à la lettre. On a parfois le sentiment d’assister à une longue cinématique (la narration donne l’impression d’un film de deux heures découpées en quatre parties), et se surprendre à l’envie de saisir notre manette pour contrôler à tour de rôle Leon et Claire. On retrouve ainsi de nombreux décors noirs et exigus, qui ne sont pas sans rappeler les couloirs de la mort des jeux vidéo où le danger peut nous attendre à chaque tournant.
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Leon et Claire sont particulièrement charismatiques dans cette version, et ne manquent pas de scènes d’action bien musclées pour dévoiler leurs talents. Petit plus pour les fans de la saga, puisque les comédiens de doublage d’origine reprennent leur rôle dans la série (même en VF !). Les scénaristes Mutō Shōgo et Eiichirō Hasumi profitent de ce terrain de créativité pour approfondir la mythologie de Resident Evil, avec l’ajout de personnages inédits : Jason et Shen May. Le duo d’inconnus se dévoile au fil des épisodes, et ils correspondent aux archétypes de leurs prédécesseurs, des figures tragiques torturées mais qui ont un bon fond sous une couche de spleen baudelairien.
On retrouve aussi dans la série Netflix des références directes à l’univers de Resident Evil, si bien qu’on pourrait parler de tropes narratifs inhérents à la saga. Entre les dialogues existentiels sur la nature humaine, les conspirations gouvernementales mondiales et cataclysmiques et des combats de boss (oui, oui), le show respecte à la lettre les codes de son matériau de base. On est notamment (et heureusement) loin de l’heptalogie bourrine de Paul W. S. Anderson, qui prenait des grandes libertés avec l’œuvre originale. L’honneur de la saga est sauf, en attendant avec des sueurs froides de découvrir une nouvelle version en live action, qui arrivera également sur Netflix l’année prochaine.
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La première saison de Resident Evil: Infinite Darkness est disponible en intégralité sur Netflix.