Alors que le Mois des fiertés touche à sa fin, on a eu envie de s’intéresser au “B” de la communauté LGBTQ+. Si chaque initiale de cet acronyme partage des luttes communes, chaque orientation sexuelle et identité de genre possède son histoire particulière. Celle de la bisexualité recouvre un spectre si large que les expériences n’ont parfois rien à voir les unes avec les autres. Entre une lesbienne jusqu’à ses 30 ans qui se découvre une attirance pour les hommes (The Bisexual), une hétéro qui tombe amoureuse d’une autre femme (Feel Good) ou encore un jeune vingtenaire se revendiquant ouvertement bi (The Good Trouble), la représentation des bi·e·s dans les séries a évolué ces dernières années, pour se faire le reflet d’une orientation sexuelle fluide et enfin reconnue. C’était loin d’être gagné.
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“La bisexualité, ça n’existe pas”
Même si personne dans votre entourage n’a prononcé directement cette phrase, vous connaissez cette réplique définitive, une fausse vérité assénée comme un fait scientifique. C’est ce qu’on appelle un inconscient populaire. L’histoire de la bisexualité, c’est celle d’une lutte contre l’invisibilisation (en cela proche du combat des lesbiennes) et l’effacement, pour une reconnaissance semée d’embûches. Entre fétichisation par les hommes hétéros, biphobie intériorisée ou subie de la part d’une partie des LGBT et peur de s’affirmer, les bi·e·s ont rarement été loud and proud. Beaucoup n’ont pas fait leur coming out.
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Les séries se sont fait le reflet de ces jugements à l’emporte-pièce. Avant le début des années 1990, c’est l’invisibilisation : on dénombre une dizaine de personnages bisexuels très secondaires dans les séries et la plupart du temps, leur orientation est sous-entendue. En 1974, le soap australien The Box propose un personnage bi régulier, en la personne de la journaliste Stafford. On lui doit le premier baiser lesbien de l’histoire des séries. Puis il faudra attendre 1990 pour voir débarquer le tout premier personnage bisexuel récurrent dans une série de primetime (à une heure de grande écoute) américaine, C. J. Lamb dans le procédural L.A. Law.
La fin des années 1990 commence à mettre en scène la communauté LGBT à travers des comédies, comme Will & Grace ou Sex and the City. Samantha Jones est certes un personnage bisexuel, sauf qu’elle ne le revendique absolument pas et ses punchlines (“À la fin de la journée, j’ai besoin d’une bite !”) prouvent que la série ne prend pas vraiment au sérieux cette orientation sexuelle.
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Les meufs de The L Word, la seule série mainstream centrée sur un groupe de lesbiennes, ne sont pas beaucoup plus tendres : Jenny (notre point d’entrée dans la série, qui a un petit copain, puis va découvrir sa queerness) est le personnage le plus insupportable et détesté de toute l’histoire de la série. Beaucoup plus appréciée, Alice se fera rabrouer par ses copines qui lui demandent de “choisir son camp” en saison 1. Puis sa seule histoire avec un homme devient un gag pour ses copines, car il s’identifie comme lesbienne et n’est pas pris du tout au sérieux.
C’est aussi la seule qui se lance dans une relation polyamoureuse (avec deux autres femmes) et qu’on voit avoir des relations sexuelles à trois, dans le reboot The L Word: Generation Q, attestant d’un bon vieux cliché sur les bi·e·s qui seraient plus porté·e·s sur le sexe que les autres. Toujours dans la série d’Ilene Chaiken, il y a aussi Tina, qui se fait ostraciser quand elle explore sa bisexualité en se mettant en couple avec un homme. The L Word a eu le mérite de reconnaître l’existence de la bisexualité, mais le message était clair : quand une meuf bie sort avec un homme, elle trahit la communauté LGBTQ+ en général et les lesbiennes en particulier.
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“C’est une phase”
Dans Queer as Folk, l’autre grande série LGBT du début des années 2000, le “B” n’existe quasiment pas. Il y a peut-être une raison à cela. C’est que du côté des mecs gays, la bisexualité a souvent été, comme le dit Carrie dans Sex and the City, “une escale sur le chemin de Gaytown”, un moyen doux de faire accepter son homosexualité. Dawson le montrait à son époque avec le personnage de Jack, qui sort un moment avec Joey et lutte contre ses pulsions gays, avant de réaliser un douloureux, mais libérateur coming out. Les vrais se souviendront que la “méchante” de cette saison 2, Abby, tente de lui faire croire qu’il est peut-être bisexuel et lui soutire un baiser, qu’il regrette juste après. Beaucoup plus récemment, Love, Victor – le spin-off de la rom com gay Love, Simon – fait emprunter le même chemin à son héros, qui veut désespérément s’intégrer dans son nouveau lycée et commence à sortir avec Mia, alors qu’il est attiré sexuellement par un autre homme, Benji.
Déjà, dans la comédie queer Glee de Ryan Murphy, Blaine se questionne sur sa potentielle bisexualité. Kurt lui répond : “Bisexuel est un terme que les mecs gays au lycée utilisent lorsqu’ils veulent tenir la main des filles et se sentir normaux pour changer”. En réalité, cette “phase” par laquelle passent certains homosexuels, surreprésentée dans les séries ado, n’a finalement pas grand-chose à voir avec la bisexualité. Ici, elle n’est qu’un prétexte au refoulement. Si sa définition a évolué avec le temps et reste sujette à bien des débats, on peut aujourd’hui s’accorder à définir la bisexualité comme le fait d’être attiré sexuellement et/ou d’éprouver des sentiments amoureux pour plus d’un sexe ou d’un genre.
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Les premières grandes séries queer ne pardonnent pas “l’hétéro-passing” (le fait de pouvoir passer pour un·e hétéro si une personne bi date le sexe opposé), dont bénéficient les bies malgré eux. La société de la fin des années 1990 se plaît aussi à voir la bisexualité comme une tendance. Pas merci à Madonna, Britney Spears & co, qui ont impulsé ce qu’on appelle la bisexualité “chic” : le fait de voir deux pop stars ou personnages hétérosexuels (le fameux cours de baiser de Sarah Michelle Gellar à Selma Blair dans Sexe Intentions) s’embrasser, jusqu’au “I Kissed a Girl”, de Katy Perry (2008), qui a reconnu elle-même son hétérosexualité et le fait que cette chanson lui évoquait plutôt une curiosité ou un fantasme. Évidemment, ce n’est pas vu comme “chic” d’être un homme bi dans notre société patriarcale. Cette tendance, qui sexualise encore les femmes aux yeux des hommes, n’existe pas pour eux.
Les bisexuelles flamboyantes (et dysfonctionnelles)
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Le contexte sociétal étant ce qu’il est, même une série comme Buffy n’assume pas que Willow soit bisexuelle. Durant la série, elle a en effet éprouvé des sentiments amoureux et une attirance sexuelle pour des hommes (Oz, Xander) et des femmes (Tara, Kennedy). Le showrunner a expliqué qu’à l’époque (au début des années 2000), si la puissante sorcière était sortie avec un protagoniste masculin après la mort de Tara, les fans LGBT l’auraient vécu comme une sorte de “régression”. Il a donc préféré sous-entendre qu’elle était devenue lesbienne.
Buffy avait beau être une série gay friendly, elle est tombée les deux pieds dans plusieurs tropes : Bury your gays (le fait de tuer facilement les personnages gays, de façon souvent cruelle ou random), la lesbienne psychopathe (marche aussi pour les femmes bies) qu’est devenue Willow, mais aussi le No Bisexuals (aucun personnage ne peut être attiré par plus d’un genre) assorti de sous-textes queers, qu’on peut associer au trope Ambiguously Bi. Ce dernier consiste à jouer sur des ambiguïtés tout en ayant des personnages qui ne datent que le sexe opposé. Ainsi, dans la saison 3, la tueuse libérée Faith sous-entend plus d’une fois qu’elle est attirée par Buffy, à travers des scènes destinées à faire sourire. Il en va de même pour une héroïne bien plus récente : Eleanor Shellstrop dans The Good Place, qui multiplie les tentatives de flirt avec Tahani, créant des moments de malaise comique, sans qu’on la voie formuler ou vivre une quelconque bisexualité.
Au milieu des années 2000, les personnages ouvertement bis commencent à émerger dans davantage de séries, à commencer par celles produites par le duo gagnant de l’inclusivité, sans qui les chaînes de networks seraient encore à l’âge de pierre : j’ai nommé Shonda Rhimes et Ryan Murphy. Les deux showrunners choisissent de centrer leurs séries sur des personnages bis. Tout en tombant dans des clichés (les personnes bies considérées comme des obsédé·e·s sexuel·le·s et des gens instables, qui ne sauraient pas s’engager dans une relation), Murphy a clairement été avant-gardiste avec Nip/Tuck (2003-2010), ne proposant pas moins de cinq personnages sur le spectre de la bisexualité (Julia, Quentin, Kimber, Christian et Matt), tous aussi fous et sexualisés les uns que les autres, dont un violeur en série. C’est peut-être la malédiction des séries précurseures : on leur doit beaucoup et en même temps, elles ont contribué malgré elles à créer des tropes télévisuels.
Les personnages de femmes bisexuelles bigger than life ont le vent en poupe ces dernières années. La fascinante et manipulatrice Annalise Keating dans How to Get Away with Murder et la tueuse fashionista Villanelle dans Killing Eve s’épanouissent sur le petit écran. Les séries SF ne sont pas en reste : Babylon 5, Star Trek: Deep Space Nine, Doctor Who puis Torchwood ont pavé la voie, en mettant en scène des personnages bis comme Susan Ivanova, mais aussi omnisexuels ou pansexuels, comme Elim Garak ou Jack Harkness. C’est que dans l’espace, personne ne vous entend revendiquer votre orientation sexuelle. Étant donné le nombre de possibilités de rencontres amoureuses – avec des androïdes comme dans Battlestar Galactica ou des espèces extraterrestres –, se limiter à un seul genre de l’espèce humaine paraît tout à coup complètement absurde. Au rayon des héroïnes guerrières, The 100 restera dans l’histoire des séries pour son héroïne bisexuelle, Clarke Griffin et malheureusement, pour être tombée elle aussi dans le Bury your gays, sacrifiant son amante Lexa d’une balle perdue et provoquant l’ire des fans.
Et bi c’est tout
La représentation des minorités raciales ou sexuelles emprunte souvent un chemin proche : après l’invisibilisation viennent les premières tentatives, louables et maladroites puisqu’elles reflètent une société qui s’éveille à peine, puis on va proposer des protagonistes plus positifs ou du moins, leur donner plus de place, mais pour cela, ils doivent être extraordinaires et exceptionnels, avant d’atteindre enfin le Graal – la banalisation et la multiplication des représentations. Comme il n’existe pas un type de gay ou de lesbienne, il n’existe pas un type de bi·e, mais bien tout un spectre et tout autant de récits à raconter.
Il faut encore remercier Shonda Rhimes, showrunneuse africaine-américaine, dont les séries ultra-populaires ont permis une représentation des femmes bies et racisées inédite jusqu’ici. Avant même Annalise Keating dans How to Get Away with Murder (depuis 2014), elle avait introduit dans Grey’s Anatomy le personnage de Callie Torres, incarné par Sara Ramirez dès 2006. La spécialiste de l’orthopédie détient le record de longévité pour un personnage LGBT de toute l’histoire de la télévision, avec 11 saisons et 239 épisodes au compteur, qui l’ont vu exceller dans son métier et avoir des relations avec Mark Sloan, Erica Hahn ou encore Arizona (avec laquelle elle se mariera).
Dans les années 2010, plusieurs séries – la grande série queer Orange Is the New Black (Piper et Lorna), mais aussi Broad City (ses deux héroïnes), Legends of Tomorrow (Sara Lance), Crazy Ex-Girlfriend (Valencia et Beth), Jane the Virgin (Petra et JR), Brooklyn Nine-Nine… – proposent des personnages bis aux storylines justes, puissantes et différentes. La comédie policière de Dan Goor et Michael Schur a fait particulièrement parler d’elle fin 2017, en mettant en scène dans son 100e épisode le coming out bi – chose extrêmement rare sur le petit écran – de Rosa (Stephanie Beatriz), l’amie d’enfance de Jake et en lui faisant prononcer ces mots forts :
“Maman. Papa. Je sais que vous ne voulez pas que je parle de ça, mais moi je le veux. Il se peut que je me marie avec un homme, comme vous le souhaitez si clairement. Il se peut que ce ne soit pas le cas, parce que ce n’est pas une phase et j’ai besoin que vous le compreniez. Je suis bisexuelle.”
Ce à quoi son père, incarné par Danny Trejo, répond : “La bisexualité, ça n’existe pas”.
Il finira par s’excuser. Il n’empêche, en un dialogue, la série vient de problématiser une bonne partie du combat des bi·e·s, qui consiste à lutter contre un effacement (bisexual erasure) et une invisibilisation systémiques de cette orientation sexuelle. Un combat qui passe par la présence sur le petit écran de personnages loud and proud, qui disent haut et fort le mot “bisexuel·le”. Les mots ont un pouvoir incroyable. Desiree Akhavan, qui a nommé sa série The Bisexual (2018), le sait. Portée par l’actrice/scénariste/réalisatrice, elle propose un récit inédit, celui de Leila, une femme lesbienne qui va explorer sa bisexualité à la suite d’une rupture amoureuse et faire face à sa biphobie intériorisée, ainsi qu’à celle de ses amies.
Où sont les mecs bis ?
Vous l’aurez compris : si les personnages bisexuels sont davantage représentés dans les séries, rares sont ceux et celles qui le formulent et encore plus rares sont ceux et celles qui le revendiquent. C’est d’autant plus marquant du côté des personnages masculins bis, sous-représentés dans les séries. Il faut aller voir du côté de la vraie vie pour en comprendre les raisons : un personnage féminin bi reste attractif sexuellement auprès des hommes hétéros, qui vont avoir tendance à accepter plus facilement deux femmes ensemble (dans leur tête, c’est un fantasme, façonné par le porno) que deux hommes. Elles n’ont pas l’impression d’être “exclues” (comme pour les lesbiennes) et elles ne mettent pas en danger leur féminité.
L’histoire est bien différente pour les hommes bisexuels, qui font trembler les codes de la masculinité traditionnelle, en ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. En résulte que les hommes bis ont tendance à cacher leur orientation sexuelle, par peur des insultes et autres agressions homophobes. Sans compter qu’ils sont susceptibles de faire face à des discriminations autant de la part des hétéros que des hommes gays. La société fut binaire pendant longtemps et reste patriarcale. En conséquence, les hommes bis se font rares sur nos écrans, mais ils sont là, d’abord dans Homicide (1996), où le Détective Tim Bayliss va explorer sa bisexualité, réalisant un coming-out où il se dit “bi-curieux” (en raison de la censure des networks). Puis dans la série carcérale Oz (Tobias Beecher en 1997, Chris Keller en 1998)et dans Doctor Who (Jack Harness à compter de 2005).
Plusieurs séries, comme Grown-ish et Insecure, dénoncent le double standard dont ils sont victimes. Nomi et Molly commencent à dater un homme, qui leur révèle dans les deux cas qu’il est bisexuel. Elles ne supportent pas cet état de fait et décident de ne pas donner suite à leur relation naissante respective. Dans la première série, c’est d’autant plus fou que Nomi est elle-même bie. Dans la deuxième, c’est tout aussi intéressant, car le personnage bisexuel est aussi racisé. Or, il pèse sur les hommes noirs une injonction de virilité plus forte encore que sur les hommes blancs. Les voir représentés à l’écran est une petite victoire en soi.
Comme les femmes, les hommes bis souffrent d’une représentation légèrement… négative. Ils sont égoïstes, ambitieux, ne recherchent que leur propre plaisir, comme Tony dans Skins, Chuck Bass dans Gossip Girl ou Christian Troy dans Nip/Tuck. Ils se prostituent (le gay for pay), que ce soit dans Queer as Folk (le personnage de Hunter) ou plus récemment, dans Hollywood. Ils sont bisexuels non pas par choix, mais par nécessité. Ce sont de grands manipulateurs comme Joe MacMillan (Halt and Catch Fire), qui se muent à l’occasion en tueurs, comme Frank Underwood (House of Cards) ou Hannibal Lecter (Hannibal) ou qui personnifient carrément le Diable, comme dans la série Lucifer. Dans The Politician sur Netflix, le héros Payton est aussi un homme bi, ambitieux, prêt à tout pour devenir président. En revanche, sa relation avec River est des plus touchantes, la fluidité sexuelle est de mise et elle ne crée aucun scandale dans cette série datant de 2019.
Ces dernières années ont heureusement aussi vu éclore des personnages masculins bis un brin plus positifs, comme Oberyn Martell, certes dépeint comme un être très sexuel (avec sa compagne Ellaria Sand, également bie), mais aussi comme un prince intelligent, drôle, charmant et excellent guerrier. Dans une scène, il prend même le temps d’expliquer sa vision de la bisexualité à sa partenaire. Pour une série aussi populaire que Game of Thrones, l’exposition est juste inédite. Cela dit, Oberyn paiera cher sa liberté, en étant tué par La Montagne dans l’une des scènes les plus gores de l’histoire de la série, ce qui en dit long sur le tabou levé.
Il n’empêche, sur cette lancée, les hommes bis sortent du bois, notamment dans la géniale Crazy Ex-Girlfriend, où en 2016, le personnage de Darryl Whitefeather effectue un coming out… en chanson, évidemment.
Plus récemment, la série The Good Trouble met en scène l’un des personnages bis les plus positifs et attachants de ces dernières années : le jeune artiste latinx Gael Martinez (Tommy Martinez), qui développe des relations amoureuses avec une femme, puis un homme au cours des deux premières saisons. Au placard auprès de sa famille conservatrice, il effectue son coming out pour soutenir sa sœur transgenre, Jazmin (Hailie Sahar), rejetée. Là encore, c’est une scène inédite à laquelle on assiste dans l’épisode 3 de la saison 2, diffusé en 2019.
To bi or not to bi ?
En 20 ans, le regard de la société sur la bisexualité a évolué, il en va de même dans sa représentation sérielle. La liste des personnages s’en réclamant ou étant identifiés comme bis s’allonge, notamment dans les séries ado : Toni et Cheryl dans Riverdale, Adam et Ola dans Sex Education. La pansexualité – le fait d’être attiré par n’importe quel genre ou sexe – fait son entrée à la suite d’une prise de conscience plus importante autour des identités de genre et de sa séparation avec l’orientation sexuelle. Des débats existent sur les différences entre pansexualité et bisexualité (le terme “bi” étant compliqué, car il tend à exclure les personnes non-binaires). Cette dernière étant plus ancienne, sa signification a évolué avec le temps et beaucoup de personnes bisexuelles vont se définir comme étant attirées par plus d’un genre.
Les personnages pansexuels ont fleuri ces dernières années sur le petit écran : David Rose dans Schitt’s Creek, Ambrose Spellman dans Les Nouvelles Aventures de Sabrina, Nola Darling dans la version série She’s Gotta Have It, qui se décrit comme “sex positive, polyamoureuse et pansexuelle”. Les séries françaises, historiquement beaucoup plus conservatrices, proposent aussi depuis peu des personnages pansexuels : Eliott dans Skam France et Tom Gassin dans Plus belle la vie. Ce n’est pas un hasard si ces deux derniers sont des adolescents. Ils ont grandi dans une société plus ouverte, qui commence à acter que la sexualité est un spectre, avec d’un côté l’hétérosexualité, de l’autre, l’homosexualité. Entre les deux, les étiquettes se font multiples : bisexualité, pansexualité, fluide, queer…
Dans The Bold Type, la jeune Kat, vingtenaire, se questionne ainsi sur sa sexualité après être tombée amoureuse d’une femme. Elle se dit queer. Dans Vida, une série qui a révolutionné la représentation des queer Latinx, le personnage principal, Emma, vit son attirance pour différents genres sans apposer une étiquette particulière dessus, trop occupée à réparer les bêtises de sa jeune sœur (hétéro) et à faire renaître le business de sa mère. Là, c’est la révélation : une personne bisexuelle peu donc être mature et responsable !
Mais alors, faut-il retirer l’étiquette bi ? L’avenir des personnages LGBT est-il queer ? Euphoria propose l’une des plus belles histoires d’amour adolescentes entre deux jeunes femmes, dont l’une est métisse et cisgenre (Rue) et l’autre blanche et transgenre (Jules). Les deux lycéennes vivent leur relation sans réfléchir à correspondre à une étiquette particulière. Il en va de même dans l’avant-gardiste Sense8, série dans laquelle des personnages gays et hétéros avaient des relations sexuelles fluides, suivant uniquement leurs désirs. Ce ne serait pas has been, les cases ? Un peu et en même temps, rien n’est simple. Savoir nommer, s’identifier à une communauté, puis à un personnage de fiction, d’autant plus lorsque l’on est ou que l’on a été victime de discriminations peut s’avérer primordial pour être bien dans sa peau. Les portes s’ouvrent en grand dans le monde des séries et laissent la place à des récits inédits sur l’expérience bisexuelle, dont la diversité commence enfin à être véritablement reflétée.
- À lire aussi sur ce thème, ces articles en anglais qui ont nourri ma réflexion sur Vox, Vibe et Rolling Stone, ainsi qu’une liste des personnages bisexuels dans l’histoire du petit écran US et UK.