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Pour beaucoup, moi y compris, l’univers des concours de beauté s’apparente à une dimension parallèle. Des femmes, jeunes, à la silhouette élancée, alignées les unes à la suite des autres sur une scène, priées d’exhiber leurs formes avantageuses devant un jury qui les scrute de la tête aux pieds. Ce simple concept, dans une société occidentale qui se veut de plus en plus progressiste, paraît complètement désuet. Et pourtant, ces compétitions rétrogrades peuvent représenter une échappatoire pour certaines, et c’est ce que s’évertue à montrer Queen America, dont les trois premiers épisodes viennent de tomber sur Facebook Watch.
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Avec une Catherine Zeta-Jones (Le Masque de Zorro) en pleine forme dans le rôle principal, Queen America retrace le quotidien de Vicki Ellis, une ex-reine de beauté qui a désormais pour vocation de coacher ses successeures. Après que sa petite protégée a écopé d’un bad buzz médiatique, anéantissant toutes ses chances de conserver le titre de Miss Oklahoma, Vicki se voit contrainte de prendre en charge une nouvelle jeune femme, Samantha. Le hic, c’est que Samantha ne semble avoir aucune expérience et il va falloir partir de zéro et l’entraîner à vitesse grand V si elle veut prétendre au titre de Miss USA.
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Cette année, le monde des concours de miss semble connaître un soudain regain d’intérêt. Après la très controversée Insatiable fin août, Netflix proposera Dumplin’ dès le mois de décembre, adaptation littéraire avec Jennifer Aniston en tête d’affiche. Et bien entendu, si l’on veut encore remonter la chronologie, impossible de ne pas mentionner les films Miss Détective et Little Miss Sunshine, chacun ayant une petite notoriété malgré leurs registres bien différents.
La question fatidique est donc : où se situe Queen America dans tout ça ? De prime abord, la nouvelle série estampillée Facebook Watch est assez déstabilisante. À certains moments, celle-ci se veut désopilante, avec certains personnages aux traits exagérés par exemple. À d’autres, elle espère davantage nous émouvoir et ose s’attaquer à des thématiques délicates comme les troubles alimentaires. Et par-dessus ces aspects-là, la série se pare d’un côté très soap, avec des interactions (et altercations) un brin over the top. Jusque-là, ce patchwork fonctionne mais l’ensemble reste tout de même assez superficiel.
Grâce à Samantha, la nouvelle disciple de Vicki candide au possible, on explore les affres des concours de beauté, placés sous le signe de la privation. Si l’on en croit Queen America, vouloir être miss revient à mener une vie faite de contraintes, qu’elles soient alimentaires ou morales. En étant un peu plus percutante qu’Insatiable par exemple, la série se distingue et n’a pas peur de montrer la facette moins reluisante de ce milieu-là. Car si elles arborent leur plus beau sourire Colgate sur le podium, les participantes à ces concours bien sexistes ne doivent pas toujours mener une vie de rêve au quotidien.
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En prime, cet envers du décor nous est montré via le personnage principal de Catherine Zeta-Jones. Bien qu’elle ne soit plus miss, Vicki subit toujours les mêmes restrictions. Elle mange peu, contrôle tout ce qui rentre dans son corps et, quand elle craque en se goinfrant de malbouffe cachée dans sa maison, Queen America nous fait comprendre qu’elle n’hésite pas à se faire vomir. Si elle est présentée comme une pure winneuse dans son domaine, la série s’efforce, elle, de souligner ses failles, notamment sa relation conflictuelle avec sa famille et ses origines “redneck” qu’elle veut rayer. Et c’est clairement là, quand Queen America creuse son anti-héroïne, qu’elle devient intéressante.
Créée par Meaghan Oppenheimer (fiancée de Tom Ellis, héros de Lucifer, qui apparaît d’ailleurs ici), Queen America a du potentiel, principalement grâce à son personnage central qui est d’emblée suffisamment nuancé pour qu’on ait envie d’en apprendre davantage à son égard. Ces trois premiers épisodes sont plutôt léchés, sans pour autant avoir une esthétique réellement travaillée. En réalité, il faudrait que Queen America soit un tantinet plus équilibrée dans sa tonalité si elle veut arriver à la cheville de Sorry For Your Loss, autre série de Facebook Watch qui nous avait vite conquis. En attendant, on se régalera surtout de retrouver Catherine Zeta-Jones sur nos écrans dans un rôle qui lui va comme un gant.
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La première saison de Queen America est diffusée sur Facebook Watch gratuitement à raison d’un épisode par semaine.