On se donne rendez-vous sur le terrain des Ravens ?
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“I don’t wanna be anything other than what I’ve been trying to be lately” : avouez, vous avez en tête la voix subtilement éraillée de Gavin DeGraw et, pour les plus assidus, des flashs d’images du générique des Frères Scott. Emblématique pour bon nombre d’ados nés dans les année 1990, la série de Mark Schwahn perdure dans la mémoire de toute une génération. Au temps de sa diffusion sur TF1, One Tree Hill (de son titre original, les vrais savent) n’était pas autant sur toutes les lèvres que des programmes comme Charmed et Gossip Girl. Pourtant, elle peut se targuer encore aujourd’hui d’avoir marqué les esprits.
Bienvenue à Tree Hill
Le Karen’s Café, les couloirs du lycée avec leurs casiers bleu pétard, le terrain de basket où les Ravens donnaient de leur sueur lors de séances d’entraînement acharnées… Au fond, Tree Hill a beau être une bourgade entièrement fictive, c’est un peu comme si on y avait mis les pieds en personne, et pas qu’une fois. À travers ses décors reconnaissables et ses couleurs chaudes, la série a su instiller un sentiment de familiarité. Peut-être grâce aux paysages plaisants de Wilmington, endroit où elle est tournée. Et c’est loin d’être une exception ! D’autres œuvres télé ont élu domicile dans cette ville de Caroline du Nord, à l’instar de Dawson par exemple.
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D’ailleurs, les deux shows partagent bien d’autres similitudes. L’une comme l’autre ont su puiser dans les ressorts classiques du teen drama et s’en amuser pleinement. Là où Dawson misait sur les tribulations sentimentales du trio Dawson-Joey-Pacey, Les Frères Scott laissaient Peyton, la girl-next-door solitaire, et Brooke, la bitch au grand cœur, se disputer l’attention de Lucas.
Ce triangle amoureux aura été le pilier inébranlable des débuts de la série, au moins jusqu’à leur remise de diplôme. Quatre saisons où les meilleures ennemies du show se déchiraient encore et encore au nom de leur amour indéfectible pour le personnage de Chad Michael Murray. En un sens, on peut les comprendre.
Les Frères Scott font partie de ces œuvres sérielles dont le casting est bien trop attirant pour être crédible. Si les teenagers de Tree Hill n’étaient pas des gravures de mode, la plupart d’entre eux pouvaient se vanter d’avoir une belle gueule et des atouts physiques non négligeables. Lucas et ses potes n’avaient pas besoin, eux, de crème nettoyante Neutrogena. Malgré tout, s’identifier à leurs problèmes n’était pas chose ardue. Sous leurs plastiques de rêve se cachaient les insécurités typiques de l’âge adolescent. Et là, on pouvait tous s’y retrouver.
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La scène culte : les adieux du lycée
Pour reprendre une citation culte de Peyton Sawyer : “People always leave.” Au terme de leurs années lycée, aussi mouvementées que formatrices, la bande de Tree Hill se réunit au grand complet pour une soirée d’adieux dopée à la nostalgie. Un rite de passage inévitable, par lequel bon nombre de jeunes a dû passer.
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Après une soirée de beuverie et de conversations à cœur ouvert en petit comité, Lucas, Haley et tous les autres se rendent jusqu’au terrain de basketball pour un dernier match symbolique. Ce dernier est soldé par un discours touchant de Brooke, à la suite duquel toute la clique se met d’accord sur des retrouvailles ici-même, quatre ans plus tard.
On a beau dire, les premières cuvées d’épisodes de One Tree Hill restent les meilleures. À défaut d’être désormais une série cataloguée girly, elle plaisait au temps de sa diffusion autant aux filles qu’aux garçons. Un phénomène pas si surprenant que ça quand on réalise que les thèmes abordés par le show (rivalités, premières fois) sont universels. Ajoutez à ça une bande-son résolument pop, représentative de son époque, et on obtient la quintessence du teen drama dans toute sa splendeur.
Peu représentée dans cet extrait, la musique était pourtant partie intégrante du show. De Sheryl Crow à Nada Surf en passant par les Fall Out Boy, tous sont venus faire une brève escale à Tree Hill. L’héroïne, Haley, s’est quant à elle entièrement dévouée à une carrière dans la musique. Et ce n’était pas prévu.
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Mark Schwahn, le créateur du programme, a choisi de faire prendre cette direction au personnage après avoir entendu son interprète, Bethany Joy Lenz, chanter sur le parking pendant une journée de tournage. D’autres éléments renvoyaient incessamment au domaine musical, que ce soit l’obsession de Peyton pour les vinyles ou les titres des épisodes, tous tirés de chansons relativement connues.
Fun fact, ce n’était pas la première fois que Schwahn puisait son inspiration dans le réel. Si la relation mentor/disciple touchante entre Jamie et Skills a pris de l’ampleur lors des dernières saisons, ce n’était pas le fruit du hasard. Jackson Brundage (Jamie) voulait tout le temps tourner des scènes avec Antwon Tanner (Skills) tout en mangeant des cornets de glace. On comprend mieux pourquoi leur amitié intergénérationnelle s’était développée devant nos yeux avec une si rare authenticité.
Un pur plaisir coupable
À mi-parcours, Les Frères Scott se sont offert un peeling remarqué. Oubliant volontairement les années fac de nos héros préférés, la série de Mark Schwahn opte pour un bond dans le temps. Quatre ans plus tard, du chemin a été fait et les protagonistes ont tous (plus ou moins) avancé : Brooke a lancé sa marque de vêtements “Clothes Over Bros”, Lucas a écrit un best-seller, Nathan s’est improvisé Michael Jordan 2.0. Des évolutions logiques, certes, accompagnées par des intrigues rocambolesques au fil des saisons.
Une nounou psychologiquement instable, un sociopathe usurpateur d’identité, un stalker ultra-violent (pauvre Brooke)… Tree Hill aura connu son lot de visiteurs complètement dérangés, tous plus improbables les uns que les autres. Sérieusement, quel était le pourcentage de chance pour que Clay tombe sur une femme ressemblant trait pour trait à sa défunte épouse ? Et pour que celle-ci s’avère être une jalouse maladive aux tendances meurtrières ? En soi, la série Les Frères Scott n’a jamais vraiment baigné dans un réalisme transcendant.
C’est grâce à cette constante surenchère que le show hérite de son statut de plaisir coupable. Frôlant parfois (ok, souvent) la limite de l’absurdité, One Tree Hill tombe facilement dans des intrigues poussives, semblables à celles qu’on peut trouver dans les soap-operas de notre grand-mère. Si c’est clairement l’un de ses défauts majeurs, c’est aussi sa principale qualité. Qu’on se le dise, on aurait suivi Nathan, Brooke, Haley et les autres dans n’importe quelle aventure, aussi ridicule puisse-t-elle être.
Aux antipodes de ces storylines improbables, la série n’hésitait pas à s’attaquer à des sujets plus délicats et moins courants. Elle fut l’une des œuvres sérielles pionnières à aborder le triste phénomène des fusillades dans le milieu scolaire. La perte d’un parent, les soucis de fertilité, le regard des autres… Pas de doute, One Tree Hill savait s’ancrer dans la réalité quand elle en avait envie, et avec justesse.
Contre vents et marées (enfin, surtout des tempêtes coinçant Brooke et le petit Jamie dans un ruisseau #truestory), on était prêts à se laisser embarquer n’importe où dans l’univers des Frères Scott. Si tant est qu’on terminait la soirée à commander une pinte au Tric, servie par l’innocent Chase (les abonnés à MTV se souviendront de lui à l’époque Laguna Beach).
On se serait ensuite faufilés dans la foule pour se dégoter une place près de la scène. Fort heureusement, Brooke et Julian, comme le couple parfait qu’ils étaient, nous auraient réservé un siège. Installés confortablement, le concert improvisé de Haley peut commencer. Tandis qu’on prend une gorgée de notre bière, on se dit qu’au final, Tree Hill, ce n’était pas si mal que ça et qu’on y reviendrait volontiers.