#8. Saison 5
Oui, on a osé placer en dernière position la saison où Jon Snow meurt, poignardé dans le dos par ses camarades de la Garde de Nuit. Parce qu’on ne va pas se mentir, la saison 5 est celle de l’ennui et des gros ratés (poke Dorne et ses Aspics des Sables maltraitées). Du côté d’Essos, on s’endort devant la longue, très longue prise de pouvoir de Daenerys à Meereen, tandis qu’à Port-Réal, c’est le soap du mariage entre Tommen et Margaery qui nous assomme. Mais c’est aussi et surtout une saison qui a craché avec injustice et dégoût sur ses personnages féminins.
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Il y a d’abord l’immolation insoutenable d’une jeune fille, Shireen, la fille de Stannis Baratheon. Dans le même temps, Cersei subit les affres de ses trahisons répétées à travers la Marche de la honte, moment poignant mais terriblement difficile à jouer pour Lena Headey et sa doublure Rebecca Van Cleave. Enfin, il y a le choc du viol de Sansa par Ramsay Bolton, syndrome nauséabond du male gaze, mis en scène de façon cruelle et plutôt offensante. Même la bataille épique de Durlieu, où Jon Snow et ses comparses sont repoussés par les Marcheurs blancs, ne sauvera pas une saison pleine de défauts et franchement boring as f*ck.
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#7. Saison 8
Deux ans après, le dénouement de Game of Thrones est encore difficile à accepter et à se remémorer pour les fans de la série. Même George R. R. Martin le trouve décevant et loin d’être fidèle à celui qu’il envisageait pour ses romans. La saison 8 reste donc la plus controversée et débattue de l’histoire du show, pour des raisons évidentes : l’accélération de l’intrigue aux dépens de la cohérence, le revirement “mad queen” mal justifié de Daenerys, la mort irrespectueuse de Cersei, la résolution trop facile du roi de la Nuit et ses sbires de glace…
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Malgré tout, il nous semble impossible de la classer en dernière position. D’abord, pour l’émotion que nous ont procuré ses ultimes épisodes, attendus comme le messie par les fans. La saison 8 de Game of Thrones reste très certainement l’œuvre sérielle la plus spectaculaire de l’histoire du petit écran, comme en témoigne la bataille de la Longue Nuit, prouesse technique et visuelle tout simplement bluffante. Et puis il y a surtout un élément, ou plutôt un homme, qui ne déçoit jamais dans le show : Ramin Djawadi. Les compositions magistrales de l’artiste subliment chaque événement de Game of Thrones, qui achève ses travaux avec le thème au piano bouleversant du Night King, alors que la lame en acier valyrien d’Arya s’enfonce dans le cœur gelé de la créature démoniaque. Avec le recul, vous verrez que cette séquence de dix minutes est en réalité l’un des plus grands moments télévisuels et de pop culture de la décennie passée.
#6. Saison 2
La saison 2 de Game of Thrones est véritablement la première à nous avoir prouvé que la série de HBO boxait dans une autre catégorie que les productions télévisées lambda. La bataille de la Néra et son explosion impressionnante du feu grégeois résonnent encore dans le cœur des fans, tandis qu’on découvrait toute l’intelligence et la compassion de Tyrion Lannister et la méchanceté profonde de son neveu Joffrey. Il y a aussi ces envolées, comme ces dialogues poétiques entre Arya et Tywin Lannister au château d’Harrenhal, la gloire de Brienne qui se révèle à travers sa promesse d’allégeance à Catelyn et la famille Stark, ou encore l’aspect magique de la série qui surgit avec Melisandre et ses sortilèges noirs.
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Il se passe énormément de choses dans cette saison 2, marquée évidemment par la guerre entre les Stark et les Lannister après l’exécution de Ned (et qui introduit d’ailleurs leur lente descente aux enfers au grand désarroi des fans). Malgré tout, D. B. Weiss et David Benioff sont parvenus à trouver un juste équilibre entre action et narration, tout en continuant d’approfondir l’univers fascinant de Martin. Difficile de la placer plus haut vu les dingueries qui se dérouleront dans les prochaines saisons, mais celle-ci reste profondément marquante à plusieurs titres, ne serait-ce que pour l’amour naissant entre Jon et Ygritte qui connaîtra, sans surprise, une fin tragique. “You know nothing, Jon Snow.”
#5. Saison 7
La saison 7 de Game of Thrones est sans doute la plus satisfaisante de toutes en termes de résolution. Les personnages majeurs de la série se rencontrent enfin après six ans d’attente, tandis que la menace des Marcheurs blancs passe au premier plan. En termes d’échelle, elle prend aussi une certaine ampleur avec les dragons de Daenerys et certaines batailles littéralement brûlantes, visuellement très spectaculaires. Mais c’est aussi la saison des raccourcis scénaristiques (la course de Gendry, la chute de Littlefinger), où l’on sentait que les deux showrunners commençaient à galérer sans les romans de Martin, pas encore écrits.
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Malgré tout, ils ont proposé un récit épique marqué par la communauté de Jon Snow et leur entreprise dangereuse pour attraper un Wight au-delà du Mur. La chute de ce dernier marque aussi un tournant dans la série, avec cette image impressionnante d’un Viserion zombifié qui crache des flammes bleutées. Un cliffhanger haletant que les fans ne sont pas près d’oublier, et qui annonçait avec émotion la fin prochaine de Game of Thrones.
#4. Saison 4
La saison de l’espoir et du renouveau des Stark semble être un choix judicieux pour le milieu de tableau. Un chapitre chargé en rebondissements, qui commence évidemment avec le “Purple Wedding”, soit l’assassinat (jouissif) du roi Joffrey. C’est également une saison qui approfondit la mythologie de Game of Thrones, notamment autour des Marcheurs blancs, alors que l’on découvre comment naissent ces créatures du froid. On assiste aussi à la naissance du duo le plus improbable et adorable de la série, Arya et Sandor Clegane, qui atteint son paroxysme lors du duel intense entre Brienne et le Limier.
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Avec cette saison 4, la série continue de repousser les limites du gore et du spectaculaire avec l’une des morts les plus écœurantes du show, celle d’Oberyn, littéralement écrasé sous la force surhumaine de la Montagne. Du côté d’Essos, les choses s’activent aussi pour Daenerys, avec la révélation sur Jorah, traître depuis le début. Une saison solide et indéniablement satisfaisante pour les fans, possiblement entachée par le viol incompréhensible et cruel de Cersei par Jaime… sur le cadavre de leur fils.
#3. Saison 1
Il n’y a pas que la nostalgie de Ned Stark qui nous donne envie de classer aussi haut la saison 1. Elle est aussi un exemple de storytelling et d’installation, avec une introduction exemplaire des multiples personnages, intrigues et lieux qui composent Game of Thrones. Elle représente également la quintessence de l’univers créé par Martin, violent, intraitable et politique, alors que l’opposition moraliste entre les Stark et les Lannister introduit des enjeux durables. La première saison de GoT permet de faire comprendre aux spectateurs que la fantasy peut plaire à tous les types de public, avec une judicieuse équation entre le soap, le fantastique et des notions politiques et philosophiques.
Évidemment, elle marque aussi le caractère audacieux voire provocant de la série à travers un message fort : l’exécution de Ned Stark. À partir de ce moment charnière, les fans comprennent que tous les personnages ont une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, y compris les principaux. C’est aussi de là qu’est née la communauté des fans de Game of Thrones, alors que les spectateurs commençaient à reprendre à tue-tête le thème principal de la série, masterclass initiale de Ramin Djawadi.
#2. Saison 3
L’impact du “Red Wedding”, et donc de la saison 3 de Game of Thrones, dépasse largement le cadre du petit écran. À la manière de la sortie de Star Wars ou Jurassic Park au cinéma à leurs époques respectives, c’est un événement de pop culture que tous les fans se remémoreront au cours de leur vie. On se souviendra de quand et avec qui nous avons assisté, choqués voire traumatisés, au massacre des Stark orchestré par les Frey, les Bolton et les Lannister. De la même façon que les épisodes “The Constant” de Lost ou “Crazy Handful of Nothin'” de Breaking Bad, Game of Thrones a été transcendée avec cet épisode charnière dans l’histoire des séries et de la pop culture.
Soudainement, le show est parvenu à souder les fans derrière la bannière des habitants de Winterfell. Les spoils ont été érigés au statut de vie ou de mort, tandis qu’être à la traîne sur Game of Thrones était parfois équivalent à une véritable pression sociale face à son entourage. On pousse sûrement le bouchon trop loin, mais la saison 3 de GoT a quelque part changé le monde, celui de ses spectateurs en tout cas, avec un avant et un après “Red Wedding”. Même les haters de la série ont entendu parler du massacre de la demeure des Jumeaux, c’est dire.
#1. Saison 6
C’est un choix qui ne plaira sûrement pas à tout le monde, mais la saison 6 de Game of Thrones nous semble être la plus aboutie. Outre l’épisode chef-d’œuvre de Miguel Sapochnik avec la bataille des Bâtards, elle concentre l’essence émotionnelle, destructrice et artistique de la série résumée en une séquence bouleversante : l’explosion du Septuaire de Baelor. L’un des événements les plus mortels de Game of Thrones est aussi une exécution virtuose de la part de ses créateurs, autant sur le plan musical (“Light of the Seven”, sublime) que narratif (la vengeance insoupçonnée de Cersei) et visuel.
Outre l’épisode “The Winds of Winter”, Game of Thrones a enchaîné les fulgurances à cette époque : les retrouvailles de personnages majeurs comme Jon et Sansa, la relation ultra touchante entre Dany et Tyrion, fait Main de la reine, les duels intenses entre Arya et The Waif, les révélations sur les parents de Jon, le lien entre Bran, la Corneille à trois yeux et le roi de la Nuit, les origines tragiques de Hodor, la mort de Ramsay Bolton… Une saison épique et magistrale, qui a su se dépasser alors que la série avait rattrapé les romans de Martin et nageait en territoire presque inconnu.
En France, les huit saisons de Game of Thrones sont disponibles en intégralité sur OCS à la demande.