L’inoubliable Barney Stinson de How I Met Your Mother a trouvé un nouveau terrain de jeu. Dans Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire, Neil Patrick Harris incarne l’horrible et désopilant comte Olaf, ainsi que trois autres personnages. Biiinge a rencontré le génial acteur transformiste.
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Biiinge | Dans Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire, vous incarnez le comte Olaf, un méchant très drôle qui se déguise, chante et se croit excellent comédien alors qu’il est très mauvais. C’est du pain béni pour vous ! C’est ce que vous vous êtes dit quand Daniel Handler vous a contacté pour le rôle ?
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Neil Patrick Harris | J’ai surtout été très reconnaissant qu’il me fasse confiance pour gérer autant de choses. J’adore incarner ce genre de personnage. J’ai effectivement pensé que ce rôle était une bonne combinaison pour moi, parce que j’ai fait tant de choses différentes, comme chanter sur une scène de théâtre, jouer des personnages complètement “over the top” comme Barney Stinson [dans How I Met Your Mother, de 2005 à 2014, ndlr] ou Hedwig [dans la pièce de théâtre Hedwig and the Angry Inch, 2013, ndlr]. J’ai pu m’exercer à pratiquer ces différents aspects du métier de comédien.
Enfin, pour tout vous dire, j’étais quand même surpris, parce que je n’avais pas l’impression de ressembler au comte Olaf [rires] ! J’imaginais un personnage plus vieux quand j’ai lu les livres. En tout cas, j’ai été immédiatement excité par ce challenge. C’est un défi super fun d’incarner un personnage aussi horrible, cruel et en même temps ridicule.
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Quel personnage avez-vous pris le plus de plaisir à incarner dans cette première saison : Olaf, Stefano, le Capitaine Sham ou Shirley ?
Ils étaient tous tellement fun à interpréter : tout le plaisir est dans cette diversité ! Je suis resté dans la peau du comte Olaf pendant 22 jours, et j’ai pu me glisser dans celle de Stefano pendant encore une vingtaine de jours. Je n’ai pas rejoué Olaf après. Nous sommes passés à Shirley puis au Capitaine Sham. En fait, au moment où je commençais à m’ennuyer, j’avais la chance de pouvoir passer à un autre personnage [rires].
Et ils sont tous complètement différents : Shirley était une merveille à incarner, parce que c’est une femme avec des courbes imposantes, et qu’elle parle comme si elle sortait des années 1940. Sham, c’était l’opposé : il est grisonnant, grossier et graveleux comme un pirate. J’ai dû bien travailler la construction physique avec lui car il a aussi une jambe de bois et un cache-œil.
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Stefano est le personnage le plus absurde. J’ai dû porter une grosse barbe et me raser le crâne, ce qui n’est pas super fun [rires]. Je portais aussi des lunettes extrêmement épaisses pour bien faire ressortir mes orbites, mais le petit souci, c’est que je ne voyais rien du tout ! Pour marcher et passer une porte, il fallait que je compte les pas pour ne pas me la prendre dans la tête [rires]. Donc c’était difficile parfois, mais vraiment très cool. Si on fait une nouvelle saison, ce qui m’excite le plus, c’est justement de créer de prochains nouveaux personnages, d’imaginer leurs voix, leurs costumes…
“J’ai rencontré un certain nombre d’acteurs qui se prennent très au sérieux. C’est assez facile de les imiter”
Quel personnage a été le plus compliqué à mettre en place ?
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Je dirais que c’est le compte Olaf en fait, parce qu’il n’est pas déguisé. Même si je porte des prothèses, qui étaient plutôt intenses d’ailleurs, il est censé être tel qu’on le voit, alors que les autres sont vraiment des déguisements loufoques. On a passé beaucoup de temps sur les veines, le nez, les rides près des yeux. Il y avait beaucoup de petits détails à ne pas rater. J’étais plus impliqué et soucieux d’avoir un rendu réaliste sur Olaf.
Et puis avec Olaf, vous devez aussi vous concentrer sur le jeu car le personnage est un très mauvais acteur qui se croit très bon…
J’ai rencontré un certain nombre d’acteurs qui se prennent très au sérieux au cours de ma carrière, en particulier les comédiens de théâtre. C’est assez facile de les imiter. Je savais aussi que je pouvais jouer de la façon la plus mauvaise possible, au final ce serait bon avec ce personnage ! Il y a quelque chose d’assez étrange là-dedans quand on y pense [rires].
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Normalement, pour éviter les mauvaises critiques, un acteur fait en sorte de ne pas faire de choses trop embarrassantes, de se montrer sous son meilleur jour, mais Olaf fait exactement le contraire. C’était donc assez excitant et libérateur de juste foncer tête baissée !
Le comte Olaf et son incroyable mauvaise foi – il est capable de soutenir que le ciel est vert quand tout le monde voit qu’il est bleu – m’ont rappelé quelqu’un qui fait beaucoup parler de lui en ce moment : Donald Trump. Les deux ont cette même manière de tordre la vérité, d’être des sortes de “méchants ridicules”.
Mmmh… Je n’y avais pas pensé comme ça. Nous avons filmé la série il y a de nombreux mois. À l’époque, imaginer que Donald Trump allait être candidat à la Maison-Blanche était un truc hilarant. On ne pensait pas une seconde que ça allait prendre la gravité d’aujourd’hui. Quand on y repense, le timing est effectivement assez singulier : voir un show débarquer maintenant, et qui s’appelle A Series of Unfortunate Events [rires].
On souhaitait juste être fidèles aux livres. Nous savions que de nombreux adultes ont été bercés par ces romans durant leur enfance et sont devenus des fans exigeants. Environ 65 millions d’exemplaires ont été lus à travers le monde. J’invente complètement ce nombre [il n’est pas loin, en fait, c’est 55 millions, ndlr] mais ça fait beaucoup de gens !
Avez-vous eu des retours des fans des livres justement ?
Oui, et ils sont ravis ! La plupart d’entre eux étaient frustrés après un seul film. Ils en voulaient plus. Le film était ambitieux et avait Jim Carrey, mais ils ont du compacter trois tomes en moins de deux heures. Toutes les nuances et la noirceur des livres ont été gommées. De ce que je reçois comme retours, je peux vous dire que les fans des livres apprécient que nous puissions prendre notre temps. Nous sommes sur un rythme d’un tome couvert pour deux heures de fiction. Ça laisse le temps de créer une atmosphère bien dark et de s’attarder sur les scènes.
En parlant du film, avez-vous eu un quelconque retour de Jim Carrey concernant votre performance ?
Je ne sais pas s’il a vu la série. Je n’ai pas eu de contacts avec lui. Je ne le connais pas personnellement. Depuis qu’il a joué le comte Olaf, il a réalisé d’autres performances savoureuses dans de nombreux autres films. J’ai en tout cas visionné sa performance dans le film Les désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire et j’ai pris ce qui me paraissait intéressant pour créer ensuite la mienne dans la série.
“J’ai signé dans l’espoir qu’on couvre les treize tomes des orphelins Baudelaire”
Vous êtes également producteur sur la série. Concrètement, quelles sont vos attributions ?
Vous savez, ce titre c’est surtout que j’étais tellement impliqué avec le rôle du comte Olaf que je voulais avoir la possibilité de donner mon opinion sur un certain nombre de choses. Et quand on est juste acteur et qu’on sort des trucs comme “alors moi je ferais bien ça…”, ça passe beaucoup moins bien, tout le monde s’en fout [rires]. Alors que quand vous êtes producteur, votre avis compte ! Je donnais notamment mon avis sur le cast, et qui je voyais bien sur tel rôle. C’est comme ça que j’ai choisi Cobie Smulders [Robin dans How I Met Your Mother]. Je pensais qu’elle pouvait être top et elle l’a été !
La musique tient une place importante dans la série. Est-ce vous qui avez donné cette impulsion ?
En vérité, ça vient plutôt de Barry Sonnenfeld [réalisateur de 4 épisodes et producteur exécutif, ndlr]. Daniel Handler [l’auteur des livre et showrunner de la série, ndlr] aime aussi beaucoup la musique. Il a même un groupe je crois [The Gothic Archies, ndlr]. Je suspecte que la musique est l’une des rares choses qu’il ne peut pas transmettre via ses romans. On ne peut pas lire le son d’une chanson. Ajouter des éléments musicaux à la série lui permet de faire ça, et d’embellir son œuvre littéraire avec cet élément de créativité.
Avoir le comte Olaf qui chante son ode au début du show, et ce morceau en fin de saison explique tant de choses. Il montre comment chacun a sa propre version de la chanson, en fonction de sa personnalité. Ils ont aussi voulu que je chante le générique, peut-être parce qu’ils pensaient que ça irait plus vite comme ça [rires]…
Êtes-vous partant pour toujours plus de comte Olaf dans une saison 2, voire une saison 3 ?
J’adorerais ça ! J’ai signé dans l’espoir qu’on puisse couvrir les treize tomes. Et heureusement, il y en a seulement treize, donc je n’aurais pas non plus à porter des prothèses et trois tonnes de maquillage pendant huit ans [rires]. En deux-trois ans, je pense qu’on peut boucler la série.
La première saison des Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire est disponible sur Netflix.