La nouvelle est tombée comme une Harley Davidson à court d’essence sur l’autoroute : à la fin de la saison 2 de Mayans M.C., Kurt Sutter quittera son poste de showrunner. Le créateur de Sons of Anarchy et de son spin-off a donc décidé de confier son univers viril et sanglant à un ou une autre scénariste, possiblement Elgin James, qui l’a aidé à accoucher de la série dérivée. Pour son baroud d’honneur, Kurt Sutter propose un début de saison 2 à la fois innovant et nostalgique, qui fait la part belle aux références à SAMCRO et offre une chance à Ezekiel de briller en tant que jeune recrue des Mayans.
Publicité
La première saison du show s’était conclue sur un cliffhanger : le prospect découvrait avec stupeur que le meurtrier de sa mère n’était autre qu’Happy. Une vérité d’autant plus difficile à avaler que les Fédéraux, sous la houlette de Lincoln Potter, lui mettaient une pression supplémentaire au sein du club.
Publicité
De l’autre côté de la frontière américaine, Miguel et Emily tentaient d’entrer dans la légalité afin de tromper les autorités et s’allier avec Los Olvidados, les rebelles mexicains menés par Adelita. Ce véritable microcosme est désormais au bord de l’implosion, alors que les trahisons et les coups bas se multiplient entre les différentes factions.
Mayans of Anarchy
Publicité
Avec la saison 1 de Mayans M.C., Kurt Sutter avait réussi son pari en ravivant la flamme des fans de SoA, esseulés depuis la fin de la série en 2014. Avec des audiences satisfaisantes et des retours critiques plutôt positifs, le spin-off était certain de revenir pour des épisodes supplémentaires. Il fallait pourtant que le showrunner réinvente son univers de mafieux finalement assez fermé, qui risquait de tourner en rond. Par deux aspects, ce début de saison 2 se montre prometteur, voire carrément rafraîchissant.
En effet, la première réussite de ce nouveau chapitre, c’est le retour de l’humour de Sons of Anarchy. La saison 1 de Mayans M.C. se prenait parfois trop au sérieux, avec le passif tragique des frères Reyes, le ton solennel des réunions au club ou encore la froideur du cartel de Galindo, dont les péripéties violentes n’avaient rien de très amusant. À l’inverse, des personnages secondaires comme Chucky et Lincoln avaient pour habitude de détendre l’atmosphère, via des punchlines subtiles ou des tentatives vouées à l’échec aussi risibles que tordantes.
Dans le cadre de la saison 2, Kurt Sutter fait appel aux talents comiques de J. D. Pardo et Clayton Cardenas, les interprètes des frangins Reyes. Au cours de l’épisode “Xaman-Ek”, le tandem s’élance sur le béton brûlant des routes californiennes pour un road trip surprenant, parfois à la limite de l’absurde. Au programme : minigolf, jeux d’arcade, bolossage d’un club de rednecks locaux et course-poursuite prise à la rigolade avec la police. De vrais galopins en balade, comme une réminiscence à peine dissimulée d’Easy Rider.
Publicité
Si cette joyeuse virée entre frères tournera finalement au vinaigre, nous rappelant la férocité des bikers de Mayans M.C., elle permet également de relancer l’aspect émotionnel de la série. Trop rarement exploitée dans ce monde de brutes, la relation entre EZ et Angel restent un point d’accroche indispensable pour le spectateur. Leurs engueulades et leurs embrassades rythment le spin-off, et Sutter en a pris pleinement conscience dans cet épisode.
La deuxième idée excitante du showrunner, c’est de ne plus hésiter à y aller franchement dans les clins d’œil et références à Sons of Anarchy. Alors que la première saison se contentait de citer de temps en temps Jax, ce nouveau chapitre nous prépare pleinement à la collision entre deux mondes. Si EZ et Angel s’attaquent à Happy, le SAMCRO se verra obligé de répondre et inversement. Les fans de cet univers impitoyable ne pouvaient rêver de mieux.
Publicité
La mythologie de Sutter s’affirme d’ailleurs davantage avec les titres des épisodes. Cette saison, ils ont un rapport direct avec les divinités mayas. Ixbalanque et Hunahpu, par exemple sont des jumeaux légendaires qui, une fois combinés, forment les deux faces d’une même pièce (la vie et la mort, l’eau et le feu, le Soleil et la Lune, etc.). Dans l’un des mythes mayas, ils traversent Xibalba, le monde de la peur, pour affronter les dieux des enfers. La métaphore avec la situation d’EZ et Angel devient alors évidente, et présage d’un sombre avenir pour nos deux bikers.
Si les personnages et les séries de Kurt Sutter ne font pas toujours dans la subtilité, l’homme est quand même passé maître dans l’art de critiquer le gouvernement américain. Il s’était déjà moqué de la taille des mains de Donald Trump dans la première saison. Il lui adresse un message beaucoup plus politique dans l’épisode “Xaman-Ek”. Deux enfants mexicains prennent le risque de taguer la phrase “Muros son para perras” sur une barrière de la frontière. Une attaque contre la politique du président américain que l’on pourrait traduire sans trop de vulgarité par : “Les murs sont pour les enflures.”
Don’t mess with the Mayans.
Publicité
En France, la saison 2 de Mayans M.C. est diffusée en US+24 sur MyCanal.