Matt Smith (The Crown) : “J’ai davantage de tendresse pour la famille royale”

Publié le par Delphine Rivet,

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À l’occasion du lancement de The Crown, une série Netflix sur la jeunesse d’Élisabeth II d’Angleterre, nous avons pu rencontrer Matt Smith, l’interprète du prince Philip.

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C’est dans le décor cossu d’un palace londonien que nous attend Matt Smith, acteur électrique et éclectique qui est passé, en quelques années, du TARDIS au trône d’Angleterre. À mille lieues de son rôle dans Doctor Who, il incarne ici Philip Mountbatten, duc d’Édimbourg et surtout époux de la Reine Élisabeth II.

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Biiinge | Vous avez interprété deux personnages iconiques : le Doctor d’abord, et maintenant le prince Philip. Ressentez-vous la même responsabilité pour l’un et l’autre ?

Matt Smith | Oui, bien sûr, la pression était énorme quand je jouais dans Doctor Who. Et je pense qu’il y a autant de pression à jouer le prince Philip, parce qu’il est toujours en vie. Il est réel et beaucoup de personnes ont des idées préconçues à son sujet, ils s’attendent à le voir d’une certaine façon à l’écran. Donc absolument, il y a une responsabilité, mais je pense que c’est une bonne pression, et c’est le genre de pressions qu’il est parfois important d’avoir.

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Est-ce que ça a changé la manière dont vous voyez la famille royale ?

Oui, absolument. Je dirais que j’ai davantage de tendresse pour eux. Parce que j’ai mieux compris leur parcours émotionnel et ce qu’ils ont traversé en tant que famille, politiquement et socialement, et ce qu’ils ont dû sacrifier et endurer.

Ce serait important pour vous d’avoir leur approbation pour The Crown ?

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Eh bien… Qui sait ? Qui sait s’ils regarderont un jour ? Je l’ignore. Mais si ça devait arriver, ce serait merveilleux.

Est-ce que c’est une chose que vous gardiez à l’esprit en jouant Philip ?

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Non, car on essaye déjà de faire le plus de travail possible en amont, avant d’arriver sur le plateau, ce qui vous donne une bonne fondation et une plateforme pour donner le meilleur de vous-même. Et une fois que vous avez fait tout ce travail, on espère toujours pousser un peu plus loin, on se permet d’être plus créatif et de faire des choix plus spontanés. Tout est dans la préparation.

“À cette époque, personne d’autre dans sa position n’aurait accepté de renoncer à son nom de famille, son travail, pour en plus s’agenouiller devant sa femme.”

Parce que vous ne pouvez pas non plus tomber dans l’imitation…

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Non, voilà, ce n’est pas une imitation. Je crois que beaucoup de gens pensent le connaître, mais en réalité on n’en sait pas tant que ça sur lui. Il y a une montagne de choses qui restent à découvrir et c’est très intéressant.

Quel genre de mari est-il, pour Élisabeth ? Car il l’adore, c’est évident, et il la respecte énormément, mais il est capable de lui dire “Je ne m’agenouillerai pas devant ma femme”, au moment le plus important de sa vie.

Je pense qu’il est un bon mari, mais aussi que le conflit avec son épouse est très douloureux pour lui. Cette idée de s’agenouiller, d’être soumis, en particulier dans les années 1940 et 1950, c’était très difficile pour un homme. C’est un mâle alpha à la base et je crois qu’il aurait aimé être le chef de famille.

Et en fait, à cette époque, personne d’autre dans sa position n’aurait accepté de renoncer à son nom de famille, son travail, pour en plus s’agenouiller devant sa femme. Je crois que la somme de toutes ces choses lui ont fait dire : “Attends un peu, qu’est-ce qu’on attend de plus de moi ? Que je donne mon sang ?”

Alors que pourtant, c’était plutôt quelqu’un de progressif pour l’époque.

Absolument, il était très moderne ! Mais je pense que c’était un peu trop pour lui. Bien sûr, ce sont des choses que nous avons interprétées, d’un point de vue dramatique. Mais je crois que ça donne une certaine force à ce moment. Car c’est l’instant où on la voit en tant que reine dire : “Non. Je suis la Reine, je ne suis plus ta femme en cet instant” Et il doit la partager avec le peuple.

Mais vous savez, c’est au moins aussi difficile pour elle, parce qu’elle doit être une sœur, une fille, une mère, une épouse, une reine, un chef d’État… Tous ces rôles différents qu’elle doit jouer ! Donc je crois que c’est difficile pour eux deux. Mais ce qu’ils partagent, c’est le sentiment de précipitation : ils ne s’attendaient pas à être mis dans cette position aussi tôt dans leur vie, avec la mort de George VI.

Ils pensaient sûrement qu’ils avaient encore une vingtaine d’années devant eux, à faire ce qu’ils voulaient. Mais tout d’un coup, les voilà propulsés sous les feux des projecteurs, dans la maison royale, sur le trône… C’était très difficile évidemment.

Impossible de vous quitter sans vous poser la question : est-ce que vous prévoyez de retourner sur Doctor Who dans un futur proche ?

Non. Il n’y a aucune discussion en cours. Pas la moindre.

La saison 1 de The Crown est disponible le 4 novembre sur Netflix.