Loki : un petit pas pour le MCU, un grand pas vers le Multivers

Publié le par Adrien Delage,

Ⓒ Disney+

Bilan d’une première saison aussi jouissive que satisfaisante pour les fans du MCU.

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Quelques années auparavant, alors que le MCU venait de se lancer et que la série Agents of S.H.I.E.L.D. débarquait sur nos écrans, Marvel nous promettait un univers connecté tentaculaire entre les productions du grand et du petit écran. En réalité, dans les coulisses de la Maison des Idées, le schisme entre Kevin Feige et Ike Perlmutter, les patrons des deux entités audiovisuelles de la firme, était bien trop avancé pour assurer une cohérence entre les deux parties. En octobre 2019, Disney a finalement tranché et donné les pleins pouvoirs à l’architecte du MCU, amenant à la disparition du département Marvel Entertainment.

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Cette guerre obscure digne d’un affrontement entre les Avengers et Thanos est désormais terminée et permet de mieux comprendre comment Marvel Studios a réussi à s’imposer dans le monde des séries. En misant tout sur Disney+ avec le contexte de la pandémie mondiale, nauséabond pour le cinéma, Kevin Feige a donné un second souffle à son MCU qui a dépassé les dix années d’existence. À l’approche de la phase IV, le grand patron des super-héros a réuni le monde du streaming et du cinéma pour surprendre, séduire et perpétuer les aventures épiques de ses personnages en costumes, initiées avec Iron Man en 2008.

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WandaVision et Falcon et le Soldat de l’Hiver ont lancé les hostilités, sans réellement ouvrir une porte vers l’avenir du MCU. Ces deux séries étaient là pour nous compter deux origin stories, celle de la Sorcière rouge et du nouveau Captain America. Il aura donc fallu attendre la troisième, Loki, consacrée à un personnage ô combien apprécié des fans, pour assister aux véritables événements déclencheurs de la phase IV. Un arc inédit où les voyages et les forces cosmiques seront légion, où Thor, les Gardiens de la Galaxie, Captain Marvel et les vestiges des Avengers devront affronter un ennemi infiniment plus coriace que Thanos : le Multivers.

Loki, la porte vers les étoiles

Ⓒ Disney+

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Avant d’attaquer la série Loki, on savait déjà que de nombreux éléments sauraient nous séduire. La malice du frère de Thor et le charme de Tom Hiddleston sont difficilement réfutables pour tout amateur du genre, si bien qu’on prenait plaisir à (re)découvrir un antihéros tombé face au combat contre Thanos. Mais la série de Kevin Feige s’est montrée bien plus intéressante et pertinente que l’on imaginait, d’abord en exposant avec justesse son amour pour son format, et dans un deuxième temps pour sa narration et son évolution paradoxales.

En effet, Loki est une série qui joue sur deux terrains opposés : elle est à la fois très terre à terre, comme en témoignent ses premiers épisodes sous forme d’enquête à la manière d’un procédural à l’ancienne, mais aussi très envolée voire métaphysique quand elle explore l’aspect cosmique du MCU. Le show introduit des notions et des entités abstraites issues des comics comme les Gardiens du temps ou la TVA, ce qui nous rapproche de personnages divins quasiment inadaptables comme Galactus ou Éternité, des puissances cosmiques omniscientes et immortelles.

On retrouve cette idée de paradoxe dans la trajectoire des personnages. L’introduction des variants de Loki est une idée aussi drôle qu’absurde, qui finit pourtant par en connecter deux grâce à un sentiment très humain, l’amour. La relation entre Sylvie et Loki peut sembler troublante, mais elle est finalement très contemporaine car le symbole derrière est fort. Non seulement le dieu de la malice est confirmé comme bisexuel dans la série, mais l’expression de leur amour sans barrière ni tabou est un message lumineux pour les minorités et la communauté LGBTQ+.

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À la fin du voyage, ou plutôt à la fin des temps, ce variant de Loki est une version finalement très différente de celle tuée par Thanos. Il faut dire que l’agent improvisé de la TVA n’a pas connu ces événements et s’est créé des souvenirs bien à lui, pour finalement affirmer son identité. Tous les Loki, qu’ils viennent d’Ève ou d’Adam, sont des perdants quand ils tentent de régner et instaurer le chaos autour d’eux. En réalité, le fils de Laufey finit par comprendre qu’il est capable de réussir de grandes choses en suivant une autre voie, plus bienveillante et altruiste comme il le découvre auprès de Sylvie.

Le nouveau conquérant

Ⓒ Disney+

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La quête de Loki et Sylvie pour la liberté du libre arbitre se conclut finalement à la fin des temps. Et encore une fois, le génie des scénaristes mise sur un paradoxe. Si les deux personnages se retrouvent au bout de la ligne temporelle, ils vont en réalité donner naissance au Multivers et complètement rebattre les cartes du MCU. Pour cela, il faut bien comprendre ce personnage mystérieux que le tandem confronte à la Citadelle du temps et qui se vante d’avoir créé la TVA et tout ce qui en découle.

Il s’agit d’une apparition surprise de Kang, incarné par Jonathan Majors, puisqu’il était d’abord attendu dans le film Ant-Man and the Wasp: Quantumania, soit en 2023. Mais cette version du personnage est sans doute très différente de celle qui croisera le chemin de Scott Lang. Tout comme Loki, Kang possède des variants dans des univers miroirs qui ont tous la particularité d’être des scientifiques extrêmement intelligents. Ils ont notamment découvert l’existence du Multivers et sont parvenus à communiquer entre eux pour approfondir leur savoir.

Mais certains variants aspiraient à plus, souhaitant ainsi s’emparer ou détruire les autres univers des Kang. L’entité en charge de la chronologie éternelle est vieillissante, fatiguée de vivre après sa lutte interminable pour régler ce conflit, ou cette guerre multiverselle comme il l’appelle. En prenant le contrôle de la créature Alioth, Kang a détruit ses variants diaboliques avant de finalement créer la TVA pour éviter leur prolifération. En d’autres termes, lorsque Sylvie tue cette version de Kang, elle entraîne la création d’une infinité de branches (probablement le fameux “Multiverse of Madness” de Doctor Strange 2) et donc la libération des variants de Kang beaucoup plus dangereux et conquérants. Une boucle temporelle pernicieuse que devront désormais affronter les super-héros de l’écurie Marvel.

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Dans les comics, Kang est aussi lié au temps et s’impose comme un adversaire extrêmement coriace, notamment des Quatre Fantastiques. Or, l’équipe de Red Richards sera prochainement introduite dans le MCU, ce qui nous laisse penser que Kang deviendra le nouveau Thanos de la phase IV, l’antagoniste ultime des Avengers. Il ne s’agit ici que d’une simple théorie mais il est évident que la série Loki, contrairement à WandaVision et Falcon, est plus satisfaisante pour les fans. On pourrait même désormais proclamer sans peur que le frère de Thor a officiellement lancé avec style la phase IV du Marvel Cinematic Universe. C’est encore une bataille perdue pour le fils de Laufey, qui pourra se rattraper dans une saison 2 confirmée par Marvel Studios.

La première saison de Loki est disponible en intégralité sur Disney+.