Les premières aventures de Brian Finch ont pris fin ce mercredi. Retour, sans prise de NZT au préalable, sur cette saison drôle mais répétitive.
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Limitless est l’adaptation du film éponyme de Neil Burger avec Bradley Cooper, sorti en 2011. Le scénario est lui-même tiré d’un roman d’Alan Glynn, The Dark Fields. Le film se concentrait sur l’histoire d’un écrivain raté, qui rencontrait le succès après avoir ingéré une drogue, le NZT-48. Une pilule miracle capable de décupler les capacités du cerveau.
Le show de CBS reprend là où le film s’est arrêté. On suit désormais les pérégrinations de Brian Finch (Jake McDorman), artiste fauché, qui va à son tour devenir addict au petit comprimé transparent. Il est engagé par le FBI pour résoudre des enquêtes, l’entité policière profitant de l’immunité de Finch contre les effets secondaires de la drogue.
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L’idée de départ est assez savoureuse. Bradley Cooper reprenait son rôle pour des apparitions furtives. Marc Webb, le réalisateur déjanté de Crazy Ex-Girlfriend, distillait une touche d’humour loufoque dans l’épisode pilote. Et le scénario était laissé à la plume d’Alex Kurtzman, dont la carrière est jalonnée de succès au box-office (Edge Of Tomorrow, Star Trek, Mission Impossible 3).
Un procédé et une application recyclés
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Limitless fait partie de ces séries qui découlent d’un univers exploité d’abord au cinéma. Minority Report, Nikita ou encore Scream sont d’autres exemples récents de long-métrages adaptés pour la télé. Cette tendance ne cesse pourtant d’être boudée par les téléspectateurs. La série a ainsi vu ses audiences diminuer progressivement depuis son lancement, en septembre dernier sur CBS.
Limitless recycle par ailleurs le mythe de l’utilisation partielle du cerveau. Cette hypothèse soutient que les humains n’utiliseraient que 10% de leurs capacités cérébrales. Une thématique qui a du succès à l’écran ses dernières années. Luc Besson avait imaginé Lucy autour de cette idée séduisante d’une ouverture du cerveau à 100% de ses facultés. Le procédé de Limitless est le même, mais la pilule a remplacé la substance.
Si cette légende urbaine enflamme l’imagination, il faut aussi savoir qu’elle a été réfutée par le neurologue Barry Beyerstein.
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Des personnages intéressants mais peu attachants
Limitless est une série tendrement incorrect, qui propose de transformer le junkie Brian Finch en un héros jovial et espiègle. La réalisation pétille de bonnes idées et de dialogues cocasses, et les enquêtes s’enchaînent sur un rythme soutenu grâce à des acteurs au jeu efficace. Mais elles s’oublient vite.
Dans le rôle de Finch, Jake McDorman a des airs de gros nounours de service sympatoche. L’acteur déploie les bonnes grimaces pour les situations comiques et les têtes tristes quand l’émotion prend le pas. Mais il ne crève pas l’écran non plus.
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Lui et Jennifer Carpenter forment un duo plaisant et fonctionnel à l’écran. Malgré cette cohésion, l’actrice de Dexter reste cantonnée à son rôle de tutrice un peu bébête au début de la série. Si son personnage se développe et gagne en substance au fil de la saison, on aurait aimé la voir s’imposer davantage à l’écran. Et pas seulement quand elle prend une pilule dans l’épisode 20.
La présence des nombreux personnages secondaires redynamise heuseuement le show. Piper (Georgina Haig de Once Upon A Time) nous offre de jolis moments d’émotion avec Brian, tandis que les agents Ike (Tom Degnan) et Mike (Michael James Shaw) souffrent des frasques de Finch pour notre plus grand plaisir.
Reste que les “méchants” comme Sands (Colin Salmon) et Eddie Morra ne le sont jamais vraiment. Les bad guys de service jouent souvent sur deux tableaux, et on pourrait presque se passer de la présence très irrégulière de Bradley Cooper dans la série. Alors qu’ils devraient apporter de la profondeur et de la complexité à l’intrigue principale, ils deviennent vite lassants voire irritants.
Une réalisation pop et dynamique
La mise en scène imaginée par les producteurs Craig Sweeny (Elementary), Roberto Orci (Scorpion), Alex Kurtzman et les réalisateurs du show, audacieuse et parsemée d’insertions pop, est un des atouts du show.
Pour illustrer la progression de certains personnages, des intrigues, ou du déroulement des enquêtes, la réalisation se met en abîme avec son héros. Travelling, fondu, et incrustations font le quotidien de Limitless pour retranscrire les pensées de Brian. Ainsi, tout au long de la série, on assiste à des inlays burlesques comme des schémas abracadabrants et des photomontages primaires, qui illustrent les réflexions de Brian lors de ses prises de NZT.
Certaines parties de l’histoire sont racontées sous forme de bande-dessinée. C’est le cas du méchant Sands dans l’épisode 16. Ces dernières viennent régulièrement ponctuer l’histoire, rendant l’image attrayante, et les situations comiques.
Les créateurs ont également repris les altérations visuelles entre la prise de NZT et les moments à jeun. Brian voit le monde s’entourer de couleurs chaudes, devenir contrasté et déverser une avalanche de surexposition quand il est camé. A l’inverse, les teintes grises et froides du monde sans pilule reviennent lorsque le héros est clean.
A court de pilules… et d’idées ?
Au final, le show se répète et certains épisodes peinent vraiment à relancer l’intrigue. La série met elle-même ses défauts en avant, notamment lorsqu’elle multiplie les scènes similaires (prise de pilule matinale, brainstorming dans le bureau de Finch, les scènes de fumette dans son appartement).
Au final, Limitless s’enferme dans un genre “procedural” ultra-formaté à la manière de Mentalist et Castle. Les arcs narratifs réservent peu de surprises, et la voix-off de Brian est plus souvent agaçante qu’explicative.
Quand on y réfléchit, le twist de départ, facile et mal foutu, augurait de cette déception. Eddie Morra apparaissait comme le sauveur de Brian en lui offrant la possibilité de se préserver des effets secondaires provoqués par l’addiction à la pilule magique. C’est raté, ces derniers ont amplifié. Et de fait, on ne croit pas une seconde à la pérennité de Limitless.
Note : 2/5