George, Izzie, Mark, Lexie, Callie, Arizona, April, Addison, Cristina ou encore Derek… On ne compte plus le nombre de morts ou de départs des personnages importants de Grey’s Anatomy. Nombre de fans ont déjà protesté et exprimé leur mécontentement face au retrait d’un personnage qui paraissait parfois injustifié, mais la série a toujours su relever la tête et prouver que les storylines pouvaient encore passionner et émouvoir un public présent depuis presque seize années. Ce n’est désormais plus le cas.
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C’est en début d’année 2020 que la nouvelle tombait brutalement : Justin Chambers, l’acteur qui incarnait le personnage du Dr Alex Karev depuis seize saisons, annonçait qu’il quittait la série, tout en précisant qu’il avait déjà tourné son dernier épisode : “Il n’y avait pas de bon moment pour dire adieu à cette série et ce personnage qui ont eu une si grande importance dans ma vie au cours des 15 dernières années.”
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Il aura suffi que l’acteur confie cette phrase au magazine Variety pour que la toile s’enflamme. Sans explication aucune, cette annonce sonnait faux et laissait penser que quelque chose de grave s’était passé en coulisses. On n’en saura pas plus, à part peut-être sur son souhait de prendre soin de sa santé mentale – information non confirmée par l’acteur ou son entourage. Une raison qui justifierait l’urgence de la situation.
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La plus belle des évolutions à la télé
Si les réactions face au changement dans les séries sont fréquentes et paraissent parfois disproportionnées quand il s’agit de personnages fictionnels, le départ de Justin Chambers est tout à fait particulier. Pour comprendre les fans attristés, il faut remonter quinze années plus tôt, le jour où Alex Karev a été présenté au monde, alors qu’il ne devait même pas faire partie du pilote de la série.
Quand ce personnage est arrivé sur nos écrans, il représentait le pire d’une certaine masculinité : un homme imbu de sa personne, égoïste, méchant et pas tellement talentueux. Au fil des années et des saisons, la créatrice de la série Shonda Rhimes et son équipe de scénaristes ont su lui donner du relief et de la profondeur, pour en faire un docteur extraordinaire, un homme généreux et attentionné, un ami dévoué et, on l’espérait un jour, un père formidable.
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Alex Karev nous a agacé·e·s, nous a fait rire et aussi beaucoup pleurer. On a été témoins de son évolution et d’une certaine manière, on a grandi avec lui. On a connu ses déboires amoureux et ses peines. On a compris d’où il venait. On l’a accepté tel qu’il était. Les personnages masculins de ce type sont très peu nombreux dans le paysage télévisuel et quand ceux-ci existent, il est rare de pouvoir les suivre aussi longtemps.
Après tant de morts et de départs, les fans de la série étaient persuadé·e·s qu’il ferait partie de ceux et celles qui résistent au temps et sont là depuis le début de l’aventure, à l’image de Miranda Bailey et Richard Webber, accompagnant Meredith Grey jusqu’à la fin de la série. L’absence d’Alex Karev marque un tournant et annonce la fin d’une ère, celle où Grey’s Anatomy pouvait continuer d’exister sans ses piliers.
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Alex Karev (et Jo) méritait mieux… Et les fans aussi
La force de cette série a toujours résidé dans sa capacité à se renouveler. Certaines saisons sont mieux que d’autres et certaines intrigues plus réussies, mais après une quinzième saison particulièrement bonne, la seizième peinait à prendre, avant de trouver une nouvelle cadence : d’un côté le procès de Meredith et les grossesses inattendues d’Amelia et de Miranda, de l’autre le licenciement de Richard et Alex avant qu’ils reprennent Pac-North, un hôpital malfamé de Seattle, et entre les deux, les nouvelles romances et ruptures auxquelles la série nous a tant habitué·e·s.
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Malgré des crossovers un peu trop présents avec Station 19 (la nouvelle série de Shonda Rhimes), les choses commençaient à devenir intéressantes et l’optique de voir la série durer davantage n’était pas totalement absurde, au contraire. L’annonce du départ de Justin Chambers est venue tout chambouler, aussi bien les téléspectateurs que les scénaristes qui n’ont, a priori, pas su quoi faire de cette nouvelle. Pendant au moins quatre épisodes, les sous-entendus concernant Alex “parti rendre visite à sa mère” se faisaient rares ou uniquement par messages interposés.
Le couperet est tombé le 5 mars dernier, avec la diffusion de l’épisode spécial qui nous dévoilait enfin l’avenir de ce personnage. Après avoir vécu tant de drames, de morts, de catastrophes, tout était envisageable. Pourtant, l’équipe de scénaristes a décidé de faire du Dr Alex Karev un lâche, un égoïste qui laisse tout derrière lui pour rejoindre Izzie Stevens, la femme qui lui a fait le plus de mal, mais qui l’a libéré d’une toxicité qui était omniprésente dans ses relations amoureuses antérieures.
On parle bien du personnage qui a passé quinze années à devenir une meilleure personne et un meilleur docteur, qui a appris de ses erreurs et digéré son passé, pour se retrouver à reproduire tous les schémas qu’il a voulu détruire et faire souffrir Jo, la femme qu’il aime et qui l’a soutenu dans les pires moments ? OK.
En plus d’être un épisode raté, avec une lecture de lettres et une voix off sans queue ni tête, des images dignes d’un roman-photo et complètement irréalistes montrant des enfants qui jouent dans les champs, le scénario n’a aucun sens. C’est comme si le travail de longue haleine, qui avait été réalisé pour faire d’Alex Karev l’un des personnages masculins les plus importants et intéressants du paysage sériel de ces vingt dernières années, avait été balayé d’un revers de la main. À ce jour, c’est d’ailleurs l’épisode le moins bien noté de l’histoire de la série sur le site de référence IMDb quoiqu’en dise Ellen Pompeo, qui n’a pas l’air du même avis.
Sans Shonda, rien ne va
L’absence de Shonda Rhimes ne s’est jamais fait autant ressentir dans la série. Malgré de très bons épisodes en saison 14 et 15 offerts par la showrunneuse Krista Vernoff, l’écriture dramatique manque cruellement et énormément de fans estiment que cet épisode aurait été différent si la créatrice de Grey’s Anatomy l’avait écrit. Cette dernière est très occupée : Netflix lui a acheté pas moins de huit fictions exclusives pour sa plateforme, avec pour objectif de mettre les femmes à l’honneur. Une bonne nouvelle pour l’univers sériel, mais qui l’est moins pour les téléspectateur·rice·s qui suivent la série depuis ses débuts.
Toutes ces annonces, ces changements en vrac, ont l’air de sonner le glas de cette série qui paraissait immortelle. Une saison 17 a déjà été signée et Shonda Rhimes n’a de cesse de répéter que la série continuera tant qu’Ellen Pompeo le décidera, mais on ne peut pas s’empêcher de se demander : est-ce que la saison 17 sera la dernière ? Aura-t-on droit à la fin qu’on mérite, faisant de Zola la digne héritière de sa mère ? Est-ce qu’une autre série pourra exister aussi longtemps que Grey’s Anatomy et avoir le même impact ? Est-ce qu’elle ne devrait pas s’arrêter avant de se mettre à dos tous les fans de la première heure ? Autant de questions dont nous n’avons pas les réponses mais quoiqu’il advienne, Grey’s Anatomy sans Alex Karev n’aura plus jamais la même saveur.