La fin des temps est proche et l’Antéchrist, âgé de 11 ans, s’apprête à prendre ses fonctions. Mais c’est sans compter sur le duo de choc Crowley (David Tennant) et Aziraphale (Michael Sheen), un démon et un ange vivant sur Terre depuis des millénaires et qui se sont finalement attachés aux créatures mortelles et faillibles que nous sommes. De leur amitié naîtra la rébellion contre les forces divines. En gros, ils vont apprendre à dire “fuck” à leur hiérarchie, pour sauver ce monde qu’ils affectionnent.
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Terry Pratchett, décédé en 2015, rêvait de voir son livre sur les écrans. Comme le racontait Neil Gaiman, avec beaucoup d’émotion dans la voix, lors de l’avant-première mondiale ce mardi soir à Londres, son comparse l’avait mis au défi : il n’y croirait que le jour où il serait dans une salle de cinéma, avec du pop-corn, pour la projection de Good Omens. En 2002, une adaptation sur grand écran devait voir le jour, réalisée par l’ex-Monty Python Terry Gilliam.
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Mais, fidèle à sa poisse légendaire, le cinéaste ne réunira jamais les fonds nécessaires pour financer son film. Presque vingt ans après la parution du roman, le rêve de Pratchett est devenu réalité. Et ce mardi, Good Omens était projeté dans une salle obscure, dans laquelle chaque personne invitée s’est vue offrir… un paquet de pop-corn. Au premier rang, sur un siège vide, était posé l’iconique chapeau de l’auteur parti avant d’avoir pu voir ce prodige.
Un duo miraculeux
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Que l’on ait lu ou pas le livre, tout le monde y trouve son compte. L’histoire, comme on le décrivait plus haut, est plutôt simple. Et les enjeux sont vieux comme le monde : rien ne peut exister sans un équilibre parfait entre le Bien et le Mal. Le cœur de Good Omens, c’est tout ce qu’il se passe entre les lignes. La quête presque impossible de Crowley et Aziraphale se heurte aux plans divins, d’en haut comme d’en bas. Mais on ressort de ces trois premiers épisodes mis à la disposition des critiques avec une certitude : l’amitié triomphera.
Et on ne pouvait imaginer meilleur duo pour incarner le fringant Crowley et le sage Aziraphale. David Tennant est plus rock’n’roll que jamais, avec une collection impressionnante de lunettes de soleil pour cacher ses yeux de démon, et Michael Sheen a toute la bonhomie nécessaire pour donner vie à cet ange écrasé par sa hiérarchie. Chaque scène entre ces deux-là est un pur régal tant il est évident qu’ils s’amusent comme des gosses. L’humour fait partie intégrante du récit. Good Omens, sous le poids de sa mythologie biblique, est un doux voyage en absurdie. Une divine comédie so british qui emprunte aux Monty Pythons, jusque dans son sublime générique en animation.
Voyage en absurdie
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L’une des plus belles métaphores de la série, c’est de représenter le paradis et l’enfer comme des univers gangrenés par la bureaucratie. En haut, l’ange Gabriel, incarné par un Jon Hamm qui cabotine comme jamais, est un peu le DRH que tout le monde redoute. “On a tous et toutes eu, un jour dans notre carrière, un patron détestable qui, alors que vous faisiez parfaitement votre travail, s’échinait à vous expliquer que vous faisiez tout de travers”, nous confiait l’acteur, qui, décidément, rayonne dans les rôles comiques.
Les bureaux sont clean au Paradis, l’open space est d’un blanc immaculé, aucun droit à l’erreur n’est toléré et le désordre est proscrit. Au sous-sol, c’est une sorte de croisement infernal entre La Maison des fous des Douze travaux d’Astérix et The Walking Dead. Ça grouille de démons aux cheveux gras et couverts de pustules. C’est un vrai capharnaüm administratif.
La série ne laisse pas les femmes sur le carreau puisque celles-ci sont particulièrement puissantes. La première, c’est Dieu (rien que ça !), incarnée par Frances McDormand, qui fait office de narratrice omnisciente. Puis vient Anathema, jouée par Adria Arjona, sur laquelle pèse l’héritage de toute une lignée de sorcières, et dont son ancêtre, Agnes Nutter (Josie Lawrence), a écrit un livre de troublantes prophéties.
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L’avantage d’une telle fable, riche en mythologie, où le Bien et le Mal coexistent et se battent pour le contrôle de la Terre, c’est qu’elle n’a pas d’âge. Good Omens est aussi pertinente aujourd’hui sur le petit écran, que ne l’était le livre à son époque. C’est une histoire universelle où les simples mortels que nous sommes ne comprennent pas que les puissants jouent avec nous comme avec des pions sur un échiquier. Que l’on croie ou non au divin, la crainte d’une force supérieure (spirituelle, hiérarchique, politique…) est inscrite en nous. Good Omens nous rappelle que l’humanité a survécu à bien des cataclysmes, du déluge à la Seconde Guerre Mondiale, et qu’elle en traversera tant d’autres.
Douglas Mackinnon, le réalisateur de ces six épisodes n’a cessé de répéter à longueur d’interviews : “Avec Neil Gaiman comme showrunner, ce n’est vraiment pas une adaptation. C’est une traduction”. Le maître de la science-fiction et du fantastique, qui a également mis en images son autre chef-d’œuvre, American Gods, pour Starz, avait cette fois-ci un contrôle total de son histoire. Et le résultat, en plus d’être une série franchement réjouissante, est avant tout un vibrant hommage à l’amitié qu’il portait à Terry Pratchett.
Good Omens est disponible sur Amazon Prime Video.
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