“On a tendance à regarder les nazis comme des personnages de cartoons, mais il s’agissait de personnes réelles.”
“Dans cette société, la cruauté et la haine ont été institutionnalisées.”
“Comment s’accroche-t-on à son humanité au milieu d’une société inhumaine ?”
Au fur et à mesure de l’histoire, on a la partie japonaise qui vient se superposer à celle du nazisme. J’ai donc aussi consulté des experts de la culture nippone et un linguiste pour tout lire et donner une unité à la série.
Le show brasse des sujets passionnants, comme le concept de résistance, le choc des cultures japonaises, allemandes et américaines, la vie d’une société non-démocratique… Quel est le thème de la série qui a le plus d’importance à vos yeux ?
Il y a en effet de nombreux thèmes, mais le sujet le plus important de The Man in the High Castle à mes yeux est la condition humaine : “Qu’est-ce que ça veut dire d’être humain ?”, “comment s’accroche-t-on à son humanité au milieu d’une société inhumaine ?”, “comment répondre à cela sans perdre sa propre humanité”… Je trouve que ces questions sont particulièrement pertinentes dans le contexte actuel.
Oui, la série a en effet une résonance particulière, quelques jours après les attentats de Paris et au moment où l’on observe une montée des extrémismes en Europe.
J’étais en week-end à Rome au moment des attentats, mais je vis à Paris. Je crois que la série oblige à s’interroger sur ses valeurs. Les gens qui ont commis ces actes atroces et haineux à Paris ont une idéologie. Elle est horrible, violente et pleine de haine. Elle tue des gens innocents pour la seule raison qu’ils sont différents.
Je pense que le show invite le public à réfléchir à leur propres idéaux. Parfois, on a tendance à oublier que notre idéologie ne concerne pas le shopping ou se faire de l’argent. On fait partie d’une civilisation plus forte et plus profonde que cela.
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Notre civilisation est bâtie sur l’idée de justice, de liberté, de compassion. Ce sont des valeurs très puissantes. Chaque génération doit se souvenir de ces valeurs et se battre pour elles, avec force. Et sans peur, car la peur fait prendre aux gens des décisions catastrophiques.
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“On m’aurait demandé mon avis sur la campagne de promotion, je leur aurais dit : “S’il vous plait, ne faites pas ça.”.”
C’est un show très compliqué à promouvoir. Je vois ce qu’Amazon a tenté de faire, mais je ne savais pas du tout qu’ils allaient placer ces publicités là. On m’aurait demandé mon avis, je leur aurais dit : “S’il vous plait, ne faites pas ça.”. Le Président de l’Anti-Defamation League (une association de lutte contre l’antisémitisme, ndlr) a dit une chose très vraie, c’est que ces symboles sont dangereux pris hors-contexte. Ils doivent absolument être remis dans le contexte de la série.
Pensez-vous que The Man in the High Castle puisse devenir pour vous ce que Breaking Bad est à Vince Gilligan, en un mot, votre chef-d’oeuvre ?
Je ne peux pas décider de ça (rires). D’autant que je ne suis pas encore sûr d’avoir une deuxième saison. Vous savez, c’est peut-être dur à croire, mais j’ai aimé tout ce que j’ai fait jusqu’ici ! Et je ne sais pas comment l’audience va répondre au show. Parfois, on a de très bonnes surprises, d’autres fois non.
C’est vrai que les résultats du pilote ont été très encourageants [c’est le pilote le plus vu de l’histoire d’Amazon Prime], donc je ne peux qu’espérer un succès comparable. Je ne sais pas si The Man in the High Castle sera mon chef-d’oeuvre, mais je peux vous dire que je ferai tout pour !
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