Lancée sur Netflix en octobre 2020, Emily in Paris a généré des réactions, disons, contrastées. D’un côté, sa vision fantasmée et caricaturale de Paris et de ses habitant·e·s en a fait un hit à la fois en France et à l’international. De l’autre, les principaux intéressés ont moyennement apprécié de se voir réduits à des clichés. Darren Star, le créateur de la comédie américaine, semble avoir été le premier surpris par les fortes réactions. Le showrunner de Sex and the City a imaginé ces blagues autour des différents modes de vie des Français·e·s et des Américain·e·s avec une certaine candeur, sans anticiper les réactions de la presse ou du public concerné.
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Tout en conservant le ton léger et soapesque et les beaux décors luxueux d’un certain Paris – celui des riches personnes qui bossent dans le marketing ou dans la mode, en gros – qui ont fait le succès de la première saison, cette deuxième livraison rectifie le tir et humanise davantage ses personnages français. Par exemple, la patronne bitchy d’Emily, incarnée avec une délectation visible par Philippine Leroy-Beaulieu, se montre toujours aussi vacharde, mais sa vie privée est davantage développée et elle fait face à quelques épreuves qui la rendent beaucoup plus aimable. La série s’est également délestée de quelques crushs problématiques d’Emily (les deux clients plus âgés de Savoir, où travaille la jeune femme). Aussi, le collègue relou Luc ne tient plus de propos gênants et fait découvrir à Emily les joies du cinéma à Paris.
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Emily (Lily Collins) aussi est beaucoup moins tête à claques qu’en première saison. La série y va mollo sur son côté influenceuse et la jeune femme se décide à prendre des cours de français. L’occasion de rire – gentiment – des progrès énormes qu’il lui reste encore à faire pour maîtriser la langue de Molière. On sent que Darren Star a effectué ces modifications en conscience.
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Mais il faut bien des antagonistes dans un soap qui lorgne vers la comédie comme Emily in Paris, sans quoi on baillerait tous et toutes aux corneilles. C’est donc Madeline – incarnée par la toujours juste et attachante Kate Walsh – qui tient un peu le rôle de “la méchante” cette saison. À travers cette boss américaine qui débarque et veut “rationaliser les coûts” de la firme de luxe Savoir, ce sont les méthodes de management à l’américaine que critique (gentiment) la série. Celle-là, on ne l’avait pas vue venir !
Ménage à quatre
L’accent a été aussi mis sur les relations amoureuses, en particulier sur le triangle formé par Emily, Gabriel (Lucas Bravo) et Camille (Camille Razat). On avait laissé les deux premiers en fin de saison 1, après une nuit d’amour passionnée. Le réveil est douloureux pour Gabriel : il a décidé de rester à Paris, mais Emily refuse de se lancer dans une histoire avec lui. Cette dernière culpabilise car son amie, Camille, a beau être séparée du beau gosse depuis un moment, elle sait qu’elle l’aime encore. Emily repousse Gabriel qui repousse Camille… Au final, c’est la bonne pote française qui se transforme peu à peu en manipulatrice machiavélique, prête à tout pour reconquérir son ex.
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Voilà notre deuxième “méchante” de la saison. Certains passages, comme le moment où Emily tente d’écrire une lettre sincère d’excuses à Camille dans un français très approximatif qui se veut un hommage à la Nouvelle Vague (la jeune femme sort d’une projo de Jules et Jim, le classique de Truffaut), sont vraiment drôles et bien vus. Mais on fatigue vite face aux dramas de cette intrigue aux très grosses ficelles, et les scénaristes aussi.
C’est pourquoi un nouvel homme arrive dans la vie de notre queen du marketing et des “ménages à trois”. Il s’appelle Alfie (Lucien Laviscount) et il déteste Paris ! Ce cliché anglais sur pattes travaille à la Défense, prend des cours de français sur demande de son employeur mais s’en fout, et aime surtout “aller au pub”. Le jeu du chat et de la souris avec Emily se révèle assez simpliste mais un peu plus fun que sa relation “tu veux, je ne veux pas, tu ne veux pas, je veux” avec Gabriel, qui devient plombante. Même si ce sont les Anglais qui risquent, cette fois, de ne pas trop aimer la façon dont ils sont représentés. La fin de la saison ouvre la possibilité de scènes tournées entre Londres et Paris, pour une (très probable) saison 3.
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Dans sa saison 2, Emily in Paris laisse également plus de place au personnage de Mindy (Ashley Park) et à ses talents de chanteuse. Elle performe dans un club de drag-queens parisien, puis trouve un groupe de musique talentueux avec lequel elle se produit dans les rues de Paris (un arc narratif pratique pour nous balader dans Paris). Elle a également droit à une love story un peu molle mais mignonne avec un des membres du groupe. Si cette intrigue manque un peu d’enjeux, Mindy, très effacée jusqu’ici, a de quoi briller cette saison, par la voix mais aussi une splendide garde-robe qui n’a rien à envier à celle d’Emily (et elle est bien plus harmonieuse, au passage).
Si on regarde Emily in Paris, c’est pour le déluge de looks over the top (Emily, ses mix and match, et une incroyable robe nœud cette saison, on vous prépare un papier sur ses meilleurs looks, bien sûr), les décors de carte postale (ce train vintage improbable que prennent les héroïnes pour aller à Saint-Tropez, dans une ambiance très Wes Anderson), les soirées luxueuses ou encore les quiproquos amoureux, linguistiques (et l’humour franco-américain est définitivement mieux dosé qu’en première saison) et culturels. À ce compte-là, cette deuxième saison remplit complètement le cahier des charges et se termine sur un twist – côté pro pour Emily – qui rebat les cartes pour une troisième saison, à confirmer du côté de Netflix. Emily in Paris a compris qu’elle était un divertissement léger comme une bulle de champagne (le Champère ! qui fait des siennes cette année…), parfait pour se divertir au fond de son lit en période de Noël (et de Covid).