Passé maître dans l’art de l’adaptation, Netflix n’a pas froid aux yeux quand il s’agit de donner vie à un univers fantastique. Le pari était aussi étrange que risqué avec celle du Winx Club, dessin animé d’origine italienne qui a vu le jour en 2004. Les six fées créées par Iginio Straffi ont laissé une empreinte nostalgique dans le cœur des millenials, qui dévoraient leurs céréales en compagnie des Winx sur France 3. Logiquement, les fans avaient toutes les raisons de trembler à l’annonce d’une adaptation de la série animée en live action, qui plus est avec pas mal de changements à la clé.
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Le pitch de base est toutefois bien présent dans Destin : La Saga Winx. Le spectateur est plongé dans l’Autre Monde, celui de la magie et des universités chargées d’entraîner les jeunes fées. À Alféa, école de formation prestigieuse, Bloom fait son entrée dans le monde du merveilleux après avoir passé seize ans dans notre réalité. Puissante mais réservée, elle rencontre des difficultés à contrôler ses émotions et donc son pouvoir flamboyant, qui a bien failli coûter la vie à ses parents dans le passé. En plus de survivre au quotidien du lycée, Bloom va se retrouver pourchassée par les Brûlés, des créatures démoniaques auxquelles elle semble liée.
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Bloom à l’école des sorciers (et du soap)
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Il n’est pas évident d’adapter un monde magique animé en live action sans verser dans le kitsch ou le grotesque. Pour Destin : La Saga Winx, le scénariste Brian Young (The Vampire Diaries) a choisi un entre-deux, pas toujours fidèle à l’œuvre originale. Si la série se déroule bien à Alféa, les personnages ont quelque peu changé, tout comme le ton, plus sombre, par rapport au dessin animé. Par-dessus, le créateur du show a rajouté une bonne dose de soap et de teen drama pour rendre l’univers plus sexy, et faire des triangles amoureux une menace bien plus dangereuse que les sorcières Trix.
Ces antagonistes ont d’ailleurs disparu au profit de Beatrix (“be a trix”, vous l’avez ?) tout comme une bonne partie des éléments du dessin animé : les pouvoirs de Stella, Musa et Aïsha ont changé ; Brandon a été intégré au personnage de Sky ; Tecna et Layla n’existent plus, tout comme les autres écoles magiques, Fontaine Rouge et la Tour Nuage. Si on comprend que ces ajustements ont été nécessaires pour pondre une histoire cohérente en live action, la série est déjà accusée de whitewashing concernant le casting de Musa (incarnée par l’actrice Elisha Applebaum), qui est d’origine asiatique dans Winx Club. Pas vraiment un exemple quand on essaie en plus de se faire passer pour une série progressiste, voire féministe à coups de mansplaining placés dans des dialogues peu inspirés et faussement woke.
Vous l’aurez compris, dans son sous-texte, Destin : La Saga Winx n’a pas grand-chose à dire et n’écope même pas du charme colorimétrique du dessin animé. Cela dit, l’univers reste facile d’accès et, à la manière de The Magicians, les tourments des adolescents importent davantage que leurs exploits magiques. On prend le temps de creuser les protagonistes et Bloom en priorité, jeune fille traumatisée et peu sociable qui va s’épanouir au même titre que ses pouvoirs. La recette empruntée aux super-héros Marvel est déjà essorée sur le petit écran (Cloak and Dagger, Runaways), mais elle fonctionne très bien dans le cadre de la série.
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Finalement, le gros point fort de cette adaptation repose sur son côté pop, un aspect de coolitude qui sauve régulièrement certaines productions Netflix très formatées. Destin : La Saga Winx est à la croisée de The Umbrella Academy et la saga Divergente, avec sa musique pop rock, ses scènes festives décomplexées et ses costumes un peu cheap. Dans un contexte de teen drama, la formule fonctionne bien et reste assez addictive, surtout que les jeunes actrices qui incarnent les fées sont convaincantes. Au passage, certains personnages reproduisent des archétypes inévitables de la série pour ado, dont Stella qui devient la mean girl de l’école, faisant probablement hurler une grande partie des fans et rire le reste.
Malgré son univers fantastique, Destin : La Saga Winx ne s’adresse pas vraiment aux aficionados de fantasy. La magie est au final très peu présente à l’écran, les combats ne sont pas très impressionnants. Les effets spéciaux, bien que mignons, manquent cruellement d’inventivité. La série n’a pas le charme de Harry Potter, même si elle aime la citer régulièrement, ni le pulp osé de The Witcher, qui la ferait passer dans une case un peu plus mature. Reste que sa proposition édulcorée n’hésite pas à plonger dans des situations dramatiques plutôt réussies, tout comme le bestiaire, clairement plus inquiétant que celui du dessin animé.
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Cette adaptation ne ravivera probablement pas la flamme nostalgique vis-à-vis du Winx Club, et semble davantage destinée à un public qui regrette la fin des Nouvelles Aventures de Sabrina et de Shadowhunters. Déjà propulsée à la première place du top 10 de la plateforme, elle se prête toutefois au visionnage boulimique grâce à ses personnages lumineux et son univers féerique, pas toujours justes mais résolument séduisants.
La première saison de Destin : La Saga Winx est disponible en intégralité sur Netflix.