Deadly Class, ou Harry Potter à l’école des assassins

Publié le par Adrien Delage,

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Non content d’avoir créé l’un des comics les plus controversés de l’histoire depuis Preacher, Rick Remender, figure montante de la bande dessinée américaine, a décidé d’adapter sa licence Deadly Class en série. Pour donner vie à ses étudiants de la mort, il s’est entouré du jeune scénariste Miles Orion Feldsott et du showrunner Adam Targum, qui a quitté le projet en cours de route et a été remplacé par Mick Betancourt dans la foulée. Une fois les enjeux bien établis et la commande d’une saison complète par Syfy, Rick Remender a trouvé une aide financière providentielle grâce à deux ténors du Marvel Cinematic Universe : Anthony et Joe Russo.

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Les réalisateurs d’Avengers: Infinity War et Captain America: Le Soldat de l’hiver sont arrivés en renfort en tant que producteurs exécutifs et pour insuffler leur style à Deadly Class. Résultat ? À en croire son pilote, ce show est un melting-pot barré mais assumé, constitué de multiples références à la pop culture et qui traite de la vie de lycéens dans un établissement réservé à l’art du meurtre à la fin des années 1980.

On entre dans les couloirs de King’s Dominion à travers les yeux de Marcus Lopez (Benjamin Wadsworth, vu dans Teen Wolf, convaincant), jeune SDF et orphelin qui aurait massacré femmes et enfants pendant son long séjour dans la rue. Son nindô : devenir maître assassin pour exterminer Ronald Reagan, le président des États-Unis, à qui il reproche la mort de ses parents. Mais il lui faudra pour cela survivre (littéralement) à ses années scolaires alors que la moitié de l’école veut l’abattre ou le considère comme un moins que rien.

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Un “teen drama noir punk-otaku anti-super-héros”

On n’a pas trouvé mieux pour définir le style explosif et moderne de Deadly Class. Dès les premières minutes du pilote, la série assume son côté borderline, parfois transgressif dans la morale de ses personnages, mettant en scène la mort des parents de Marcus via une séquence en animation. L’hommage à Kill Bill, sanglant et surprenant, prend aux tripes et le spectateur comprend directement les codes violents et subversifs de l’œuvre signée Rick Remender.

De nombreux critiques américains ont été perturbés par les dialogues et les messages volontairement immoraux de la série. En entrant à King’s Dominion, Marcus rencontre son mentor Maître Lin (Benedict Wong, impeccable) qui lui tient un discours radical : “Dans ce monde, il y a des personnes qui méritent de vivre et d’autres de mourir.” Il faut un certain recul pour ne pas avoir le sentiment de “regarder un cauchemar au lycée” comme lu dans IndieWire et reconnaître le style Remender qui aime provoquer pour mieux déconstruire sa morale et balayer les idéologies manichéennes.

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Si on accroche à ce style rugueux pavé d’humour noir, alors Deadly Class se transforme en un trip énervé, intense, qui enchaîne ses puissantes scènes d’action à toute allure. Le rythme soutenu cache certaines facilités narratives (Marcus parvient à embrasser deux camarades après quelques lignes de dialogue) mais aussi de très bonnes idées pour contourner les archétypes du teen drama. À King’s Dominion, les élèves se regroupent comme dans le monde réel selon leur milieu, leur échelle sociale et leurs centres d’intérêt, qui donnent lieu aux fameux stéréotypes de l’adolescence type les sportifs sans cervelle, les cheerleaders pestes, etc.

Si Remender suit un schéma similaire, il le reprend à son compte. Ainsi, les joueurs de football américain deviennent un cartel mexicain, les intellos sont des élèves dont les parents travaillent à la CIA ou au FBI, les orphelins sont les gros losers du lycée qui se font brutaliser par plus costauds qu’eux… Avec beaucoup d’ironie, le scénariste se moque ouvertement du système scolaire pernicieux des États-Unis. Son esprit punk se ressent jusque dans le traitement des romances puisque dans Deadly Class, un triangle amoureux peut se transformer en un meurtre sanglant pour remporter la main du ou de la prétendant·e.

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La série s’efforce d’être moderne et stylée, notamment à travers ses scènes de violence explicite, mais c’est aussi dans ces artifices qu’elle se prend les pieds dans le tapis. BO new wave qui tabasse toutes les 5 minutes (Depeche Mode, New Order, The Cure), couleurs ternes et ambiance gothique, personnages pulp et over-the-top, mise en scène clipesque… Deadly Class a compris les codes du “cool” en série, quitte à forcer le trait.

Certes, le show est addictif et rythmé, mais les spectateurs les plus exigeants trouveront sans doute la recette facile et surtout peu originale. Reste l’amoncellement de références à l’animation japonaise, Harry Potter, Tarantino et même au monde du comics (un hommage tordant à l’arc Dark Phoenix dans une scène de voiture), délectables ou tout simplement insupportables selon votre tolérance.

En France, la saison 1 de Deadly Class reste inédite.

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