Unique à bien des égards, l’adaptation en série des comics Miss Marvel par la scénariste Bisha K. Ali, lancée en juin dernier sur Disney+, a immédiatement marqué sa différence. C’est à l’écran que cela se manifeste le plus, par le biais de son héroïne bien sûr, campée par la jeune Iman Vellani, mais aussi à travers la caméra de ses réalisateurs. Nous avons pu nous entretenir avec l’un d’entre eux, Adil El Arbi, qui, avec son binôme Bilall Fallah dont il est inséparable, a mis en image deux des six épisodes de cette saison 1, et pas n’importe lesquels…
Publicité
Après leur expérience sur le film Bad Boys for Life, sorti en 2020, Adil El Arbi et Bilall Fallah se sont imaginés mettre en scène un projet Marvel avec un super-héros musulman, sans se douter que le studio en question avait l’intention de porter à l’écran les aventures de la jeune Miss Marvel. Le duo de réalisateurs s’est alors tout de suite reconnu dans le personnage de Kamala Khan.
Publicité
“Ça nous faisait penser à nous à 15, 16 ans, en tant que marocains-belges musulmans, à un moment où on cherchait notre identité,” explique Adil El Arbi. “On ne savait pas si on était 100 % belges ou 100 % marocains et ça, cette crise identitaire de l’adolescence, c’est un truc qu’on retrouvait bien sûr en [Kamala], en tant que Pakistanaise musulmane du New Jersey.”
El Arbi et Fallah ont alors eu pour tâche de réaliser le premier et le dernier épisode de la série, et de créer la patte visuelle de Miss Marvel. Inspirés par Spider-Man: New Generation et le cinéma d’Edgar Wright, ils ont voulu mettre en avant le côté rêveur de Kamala en faisant appel à l’animation. Dès son premier épisode, la série se démarque alors rapidement des autres œuvres Marvel en représentant ainsi le fait que Kamala a toujours la tête dans les nuages.
Publicité
Une série pour ado
L’esthétique de Miss Marvel, déjà présente dans les comics, participe à souffler un vent de fraîcheur dans l’univers Marvel et à lui donner un petit coup de jeune. Motivés par l’idée de faire une série optimiste à l’image de son héroïne, El Arbi et Fallah ont alors puisé leur inspiration dans le cinéma de John Hughes, avec des films comme Maman, j’ai raté l’avion, ou des séries pour ados comme Sauvés par le gong.
Publicité
“C’est des trucs qu’on a vraiment kiffés en étant enfant et c’est ce côté Steven Spielberg, Chris Columbus, John Hughes… cette atmosphère-là qu’on voulait recréer dans cette série”, raconte Adil El Arbi.
Avant de se retrouver dotée de pouvoirs cosmiques phénoménaux, Kamala est simplement une ado pakistanaise vivant dans le New Jersey. Pour El Arbi et Fallah, il était alors intéressant de mettre en parallèle le monde des super-héros avec celui, beaucoup plus terre à terre, de la vie d’une ado.
“Quand on regarde les autres films et séries Marvel, c’est grand, même carrément intergalactique”, explique El Arbi. “Et ce contraste avec ce monde de super-héros, c’est un truc qui rend cette série aussi très chaleureuse à regarder.”
Publicité
Une héroïne entre deux mondes
Américano-pakistanaise et musulmane, Kamala ne sait pas toujours très bien à quel monde elle appartient dans Miss Marvel. Sa double culture est alors au cœur du récit et la série explore les différentes étiquettes (américaine, pakistanaise, Djinn, humaine, etc.) que la jeune héroïne porte.
Publicité
“Elle a ses supers-pouvoirs d’un coup, donc elle est entre le monde des gens normaux et celui des super-héros, ce qui rend cette vie d’adolescente encore plus compliquée”, souligne El Arbi.
Si le réalisateur et son acolyte ont tous deux puisé dans leur propre vécu pour mettre en scène la crise identitaire de Kamala Khan, ils ont aussi beaucoup collaboré avec son interprète, Iman Vellani, qui se reconnaissait également dans le personnage.
“Elle adore Iron Man, Kevin Feige est son idole, et jamais elle n’aurait cru être un jour l’actrice principale d’une série Marvel”, raconte El Arbi. “C’est la même chose que Kamala Khan qui adore Captain Marvel et n’aurait jamais cru qu’un jour elle serait une super-héroïne. Donc il y a vraiment un côté très méta entre la vie d’Iman Vellani et le parcours de Kamala Khan dans la série.”
L’importance de la famille
Pour El Arbi et Fallah, les véritables supers-pouvoirs de Kamala Khan sont sa famille et ses amis. Entre Bruno, qui remplit très vite le rôle du sidekick de l’héroïne, sa mère qui lui confectionne son costume, et son père qui lui souffle l’idée du nom Miss Marvel, Kamala est très soutenue par son entourage.
“Dans le comics, c’était déjà très important l’aspect familial”, explique El Arbi. “Ça nous fait penser un peu à nous. Moi j’ai grandi à Anvers et Bilall a grandi dans les environs de Bruxelles, et quand on grandit dans ces quartiers-là, toute la communauté, tout le quartier fait partie de sa famille, en fait”, ajoute le réalisateur.
La culture de Kamala Khan vient ainsi jouer un rôle crucial dans l’épanouissement de son personnage, aussi bien sur le plan humain que sur son développement en tant que super-héroïne. Le pouvoir de la famille et de la communauté sont alors indéniables dans la vie de la jeune femme et on espère que cela sera encore le cas quand Kamala reviendra sur nos écrans prochainement dans le film The Marvels, dont la sortie en salles est prévue pour février 2023.
Tous les épisodes de Miss Marvel sont disponibles sur Disney+.