De nouvelles tueuses complètement barrées s’imposent en Angleterre à coups de matraque, quilles de bowling et langage fleuri. Les démons n’ont qu’à bien se tenir.
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Un exorcisme à base d’urine, des masques de clown angoissants, des créatures qui meurent uniquement si on leur enfonce un pieu dans le derrière… Autant de choses incongrues que l’on retrouve dans Crazyhead, l’une des nouveautés britanniques les plus punchy de la rentrée. Vendue comme une comédie horrifique, la série nous présente deux jeunes femmes dans la vingtaine qui trouvent le temps de dégommer du démon entre deux vannes bien senties.
Amy, jolie blonde indépendante et célibataire endurcie, bosse dans un bowling, sort en club avec ses potes le week-end et tombe souvent sur des individus au faciès complètement déformé, tel un plat de lasagnes trop réchauffé. Persuadée de souffrir de troubles psychiques et d’halluciner, elle réalise très vite qu’elle est capable de voir ce que le commun des mortels ne peut pas : des entités démoniaques. Tandis qu’elle se fait agresser par l’un de ces odieux personnages, Amy est secourue par Raquel. Veste universitaire violette sur les épaules et matraque rétractable dans la main, cette dernière semble tout droit sortie du film Kick-Ass. D’ici la fin du pilote, les deux vont former un duo éclectique et franchement badass.
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Avec un certain cachet qui rappelle à la fois Zombieland et Shaun of the Dead, ce nouveau produit made in UK est le fruit du scénariste Howard Overman, qui n’est autre que le créateur de Misfits. Sa touche moderne se ressent particulièrement dans les dialogues, ponctués de mots crus et de répliques cinglantes. À ce niveau-là, le show ne tape pas dans la finesse ou la subtilité, et c’est tant mieux.
L’alchimie entre les héroïnes fonctionne juste ce qu’il faut, avec une mention spéciale pour l’interprète de Raquel, Susan Wokoma. Relativement novice sur le petit écran, elle excelle dans son rôle de sidekick un brin perchée. Son caractère très femme-enfant lui confère une profondeur émotionnelle inattendue bien que bienvenue. Quant à son acolyte, Cara Theobold (Downton Abbey), son alter ego demeure pour l’instant trop fade et stéréotypée pour annoncer un verdict. Néanmoins, les deux têtes d’affiche réunies contribuent sans aucun doute à la réussite de cet épisode inaugural. Elles sont bien entourées de personnages secondaires intéressants.
Si le show prend place à Bristol, les paysages urbains et la réalisation font davantage écho à une production américaine. Seuls les accents bien prononcés et l’humour décalé nous rappellent qu’on est bien en Grande-Bretagne. Même s’il faut prendre des pincettes, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec la cultissime Buffy contre les vampires.
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Outre des similitudes au niveau du ton, Crazyhead a recours à des ficelles scénaristiques déjà utilisées dans l’œuvre de Joss Whedon. On pense notamment au gentil démon énigmatique qui vient en aide aux héroïnes (coucou Angel). Malgré ça, on sent une volonté de la part du show de bâtir sa propre mythologie. Ce sera dur, mais l’intention est louable.
Mélange hybride de comédie et d’horreur, la série puise dans les poncifs des deux genres et réussit à s’en tirer avec les honneurs. Crazyhead parvient à ne jamais tomber dans la parodie ou la caricature et fait preuve au contraire d’un équilibre réfléchi. Le ton irrévérencieux rend ce pilote plus que digeste, associé à un combo féminin qui détonne autant qu’il étonne. Somme toute, on est face à un Buffy contre les vampires à la sauce british où ces filles de 2016 rencontrent des vieux gars en boîte de nuit, parlent de MST librement et bottent le cul de démons défigurés.
Crazyhead est actuellement diffusée sur la chaîne britannique E4 depuis le 19 octobre.
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