“À chaque génération il y a une Élue, seule elle devra affronter les vampires, les démons et les forces du Mal. Elle s’appelle Buffy.”
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Parce qu’il y a des classements auxquels on ne peut pas échapper dans sa vie, le temps est venu de décortiquer les saisons d’une série ô combien culte (et en cours de reboot), Buffy contre les vampires. Si la série de Joss Whedon est considérée comme un chef-d’œuvre du petit écran, ce n’est pas pour rien. Aucune saison n’est une perte de temps, chacune d’entre elles possède quelque chose de génial. Avec le recul, on peut tout de même dégager des ensembles plus cohérents que d’autres.
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#7 La saison la plus fun (saison 3)
La saison 3 de Buffy est à mon sens la moins aboutie de la série. Elle partait désavantagée, arrivant juste après une deuxième livraison épique. Les scénaristes ont tendance à jouer sur des arcs narratifs déjà vus. On connaît les couloirs du lycée de Sunnydale et sa fameuse bibliothèque par cœur, le retour d’Angel arrive très (trop) rapidement et replace la Tueuse dans cette histoire d’amour qui a connu le summum de son intensité en saison 2. L’adversaire principal, le Maire, est plutôt anecdotique bien que doté d’une personnalité assez fun.
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Cette saison repose logiquement sur davantage d’épisodes stand-alone, qui fonctionnent parfois très bien, comme “The Wish” et son monde alternatif dans lequel Le Maître et ses sbires vampiresques ont gagné la victoire et réduit les humains en esclavage. On retiendra aussi l’épisode “The Zeppo” qui fait la part belle à Alex, le membre le plus “faible” du Scooby-Gang, sauvé un nombre incalculable de fois par Buffy. Ou encore le tordant “Band Candy”, qui renverse les rapports parents-adolescents le temps d’un mauvais sort. Plus sombre, “Helpless” perpétue la tradition des anniversaires pourris de Buffy, et représente le début de sa rébellion contre l’ordre établi des Observateurs.
On doit aussi à cette saison l’introduction du personnage de Faith, la deuxième Tueuse, version délurée et amorale de Buffy, qui va tenter de la pousser du côté hédoniste de la Force. Commence alors l’une des relations féminines les plus intéressantes de la série. La saison ne retombe pas si mal que ça sur ses pattes avec une bataille finale dans laquelle les lycéen·ne·s s’allient pour vaincre le Maire, ce dernier se transformant en un démon supérieur et prenant la forme d’un serpent géant (clairement, les CGI ne passent pas l’épreuve du temps). Histoire de bien nous faire tourner la page high school, le lycée est complètement détruit.
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#6 La saison de la transition (saison 4)
Souvent peu appréciée, cette quatrième saison a pourtant plus d’un tour dans son sac. Elle possède en germe ce qui fera toute la qualité de la saison 5 et a fait de Buffy un des rares exemples d’une série ado qui a réussi sa transition entre lycée et fac. Le Scooby-Gang, la Tueuse en tête, va faire l’apprentissage de l’âge adulte. Le changement de décor permet à Joss Whedon et à sa team d’explorer de nouvelles situations et de se lancer dans des challenges un peu dingues, comme réaliser un épisode muet (le génial “Hush”) ou tenter un premier rapprochement entre Buffy et Spike sur un mode comique (“Something Blue”).
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Alors certes, le méchant de cette saison, Adam, hybride entre le robot, le démon et l’humain, manque de charisme. Mais cette version moderne du monstre de Frankenstein reste franchement intéressante à disséquer. Côté love life, le nouvel amour de Buffy, Riley, n’est pas franchement à la hauteur d’un Angel. Mais là aussi, tout n’est pas à jeter. Les scénaristes ont saisi l’occasion d’explorer ce que la stabilité amoureuse peut apporter de positif à Buffy.
Mais c’est Willow qui va véritablement trouver un épanouissement à la fac, qu’il soit amoureux ou identitaire : la fin de son histoire avec le loup-garou Oz est déchirante et pourtant nécessaire pour faire place à un nouvel amour, Tara, personnage introduit dans “Hush”. Elle ne devait d’ailleurs rester que quelques épisodes, mais l’alchimie entre Alyson Hannigan et Amber Benson fut telle que Joss Whedon décida de lui accorder un rôle récurrent et d’en faire des amoureuses, ce qui créa l’un des premiers couples lesbiens sur un network. Parallèlement à cette relation, Willow explore ses pouvoirs plus avant avec Tara. C’est grâce à elle que Buffy viendra à bout d’Adam.
#5 La saison la plus politique (saison 7)
Après une saison 6 particulièrement sombre, qui a exploré avec audace la part d’obscurité de Buffy et Willow, cette ultime livraison sonne comme un retour aux sources, à plus d’un titre. Le lycée de Sunnydale rouvre ses portes. Désormais, c’est Dawn l’adolescente, tandis que Buffy se retrouve conseillère d’orientation. Ce qui donnera lieu à quelques épisodes stand-alone, clins d’œil à ceux des saisons 1 à 3.
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Durant les précédentes saisons, la Tueuse a exploré ses capacités, découvrant notamment que ce sont des hommes qui ont introduit de force son pouvoir à la toute première Tueuse. Sa résurrection en saison 6 a perturbé la lignée des Tueuses, dont l’existence est menacée par la Force. Ce dernier antagoniste est tout simplement le Mal initial. Et il a l’opportunité de se débarrasser de toutes les “Potentielles”, ces jeunes femmes qui possèdent en elles le pouvoir des Tueuses, et qui sont censées s’éveiller à la mort de la précédente.
Buffy va devoir mener une véritable guerre et se comporter comme une cheffe des armées. Elle fera face à une mutinerie et devra prendre des décisions incomprises par ses troupes. En creux, cette saison explore les limites de la démocratie en temps de crise. Mais toujours, ce sont les femmes qui commandent. Le postulat de base de la série est féministe : Joss Whedon voulait retourner le cliché de la jolie blonde pulpeuse qui se fait toujours tuer dans les films d’horreur. Cette fois, la jolie blonde allait mettre une grosse raclée aux mecs et aux vampires qui tenteraient de s’en prendre à elle.
Son dernier coup de génie arrive avec le twist final de la série : avec l’aide de Willow, qui devient une “sorcière blanche” (aux immenses pouvoirs bienfaiteurs), elle transmet son pouvoir à toutes les Potentielles encore en vie. Toutes ensemble, et avec l’aide de Spike, elles bottent les fesses des Turok-Han (les vampires primaux) et détruisent la Bouche de l’Enfer. Et carrément Sunnydale, histoire d’en finir une bonne fois pour toutes. Meilleure fin de série ever, qui s’achève sur deux messages forts : la puissance des alliances féminines et la nécessité de renoncer à ses privilèges pour partager son pouvoir. La saison 7 de Buffy n’est pas la plus fun ou la plus iconique, mais elle est pleine de sens.
#4 La saison la plus sombre (saison 6)
Buffy et Willow sont les piliers du Scooby-Gang. Quand ces deux-là ne vont pas bien, tout peut tourner à la catastrophe. Et c’est exactement ce qu’il va se passer dans cette saison, où les deux femmes explorent leur “dark side” après avoir subi des épreuves tragiques, qui vous changent à jamais. La Tueuse s’était sacrifiée à la fin de la saison 5, et on apprend au cours de la saison 6 que ses amis l’ont ressuscitée, pensant la sauver d’une dimension démoniaque. Sauf qu’elle était au Paradis et aurait bien voulu y rester. Le retour à la réalité a des airs de véritable descente aux enfers pour Buffy, ce qu’on comprend particulièrement bien avec le génial épisode musical “Once More, with Feelings”. Elle ne ressent plus rien, agit de façon mécanique au quotidien et s’éloigne de ses ami·e·s.
La seule personne qui semble à même de la comprendre à ce moment-là est Spike, le vampire bad boy, amoureux de la Tueuse depuis quelque temps déjà. Ils vont entretenir une relation à la fois sexy et malsaine. Comment oublier cette scène de sexe particulièrement osée pour la CW, où les deux se battent à l’aide de leurs pouvoirs surhumains, détruisant un appartement, avant de finir par se sauter dessus et baiser debout ?
Leur relation sera évidemment semée d’embûches : Buffy cherche à se faire mal avec Spike, qui est complètement in love, d’où une relation particulièrement déséquilibrée. Le malaise culminera avec l’épisode “Seeing Red” dans lequel il tente de la violer. Les scénaristes passeront ensuite une grosse partie de la saison 7 à reconstruire leur relation, faisant passer Spike par une souffrance rédemptrice, qui consiste à aller rechercher lui-même son âme (dans la mythologie de Buffy, les vampires n’ont pas d’âme, censée donner aux êtres en étant dotés un certain sens moral).
D’un point de vue sociétal, cette saison est à la fois précurseure et rétrospectivement problématique à plus d’un titre : la relation entre Buffy et Spike touche au BDSM (audacieux !) tout en sous-entendant que les personnes qui pratiquent le BDSM ont un souci, Buffy étant en grande souffrance dans cette saison (maladroit). La scène de tentative de viol a été mal reçue par les fans, qui s’étaient pris d’affection pour Spike et estimaient cette scène non justifiée. Mais le plus gênant, c’est surtout que le personnage est ensuite écrit pour “se rattraper”. Il subit plusieurs épreuves physiques et mentales très dures, pour que Buffy et surtout le public lui pardonnent son acte.
Enfin, Joss Whedon et sa team tombent les deux pieds dans le trope “bury your gays“. Parce qu’il fallait rendre Willow méchante, Tara est sacrifiée, tuée par une balle perdue. Ce qui va déclencher chez la puissante sorcière un passage du côté obscur de la Force, qui se termine par une volonté de déclencher la fin du monde. That escalated quickly. En même temps, on aimerait bien vous y voir : perdre sans raison la femme de votre vie, que vous veniez juste de réussir à reconquérir. Oui, Joss Whedon, George R.R. Martin, même combat.
Et que penser de “Dark Willow” ? On aime son sens de l’humour déjanté, ses pouvoirs super badass et la façon dont elle rabat le caquet à sa BFF et lui balance des trucs qu’elle gardait probablement en elle depuis trop longtemps. Mais en même temps, elle tombe elle aussi dans un trope relou, celui de la “psycho lesbian“. Une saison complexe donc, loin d’être parfaite, mais mémorable et audacieuse si on la replace dans son contexte historique.
#3 La saison de la découverte (saison 1)
Alors certes, la première saison de Buffy a vieilli. Sa galerie de démons semble sortir d’un design sur Paint. Le Maître, grand méchant de cette saison, et son antre, en gros une grotte éclairée à la bougie, plutôt cosy, a perdu de sa superbe plus de 20 ans plus tard. Du moins visuellement. On est en 1997, et la geekette de la bande, Willow, est toute fière quand elle va sur Internet et qu’elle “hacke” le plan d’un monument public de Sunnydale. So sweet.
Au-delà du décorum, cette première saison contient en germe tout le génie de Buffy : son sous-texte sur la métaphore adolescente, ses dialogues à l’humour méta irrésistible, ses personnages qui évolueront et s’enrichiront au fil de nouvelles rencontres, ses épisodes stand-alone super cool (“The Pack”) qui croisent joyeusement diverses mythologies…
Et comment ne pas citer “Angel”, épisode dans lequel Buffy embrasse pour la première fois son grand amour impossible et apprend ses origines. Alors certes, la saison est quelque peu inégale, et certains épisodes, comme “Teacher’s Pet” ou “I, Robot… You, Jane” ne sont pas indispensables en surface, sauf qu’ils permettent de construire une mythologie, de développer le triangle amical Buffy/Xander/Willow et d’introduire des personnages comme celui de Jenny, si important en saison 2.
#2 La saison du sacrifice (saison 5)
On aime ou on n’aime pas Dawn, la petite sœur de Buffy introduite dans cette saison à travers un twist complètement dingue et imprévisible. Mais cette saison, dans laquelle La Tueuse fait face aux liens du sang et doit combattre une déesse accro aux robes de marque et aux dimensions alternatives démoniaques, est un bijou.
C’est véritablement celle du passage à l’âge adulte pour le Scooby-Gang : Willow explore davantage ses pouvoirs de sorcière et est tentée une première fois par le côté obscur de la Force. Buffy remonte aux sources du pouvoir des Tueuses, comprend qu’il a à voir avec la mort et le sacrifice, notamment grâce à Spike, qui lui raconte dans “La Faille” comment il a tué deux de ses congénères. C’est le début d’un rapprochement entre les deux.
Avec les saisons 1 et 7, celle-ci met en avant son sens des responsabilités en tant que Tueuse, mais aussi la puissance des liens familiaux à travers sa relation avec sa sœur. Les deux femmes devront faire face à la mort de leur mère, Joyce Summer, dans un épisode poignant, “The Body”, resté dans les annales pour son approche réaliste, le choix de montrer le corps mort, les yeux ouverts de Joyce ou encore d’avoir tourné cet épisode entièrement sans musique.
Toujours précurseure, la série met aussi en scène un arc narratif avec des robots humanoïdes dans cette saison. Sans aller vers un niveau de réflexion aussi dingue que celui d’un Westworld, qui a fait de l’éveil des machines son sujet principal, la thématique est abordée à travers notamment la création d’un robot Buffy. Cette saison est à la fois ultradivertissante, épique et profonde. Elle se termine par “The Gift”, un épisode dans lequel Buffy se sacrifie pour sauver sa sœur et, accessoirement, le monde.
Si cette saison semble tout dire, c’est qu’elle a été conçue comme un series finale par Joss Whedon. La série a en effet connu des négociations financières compliquées, passant de la chaîne WB à UPN, qui commanda deux saisons supplémentaires. C’est vrai que c’était aussi une belle fin, sans compromis (tuer son héroïne principale), mais elle nous aurait privés de deux excellentes saisons et d’un final encore plus grandiose. Sans regrets donc.
#1 La saison la plus romantique (saison 2)
Vous pouvez me jeter de l’eau bénite pour ce choix. C’est celui de la passion, de l’adolescence dans ses premiers émois, du romantisme avant que ce terme ne devienne galvaudé. Buffy s’autorise à vivre son histoire d’amour compliquée avec Angel. La première partie de la saison est empreinte de cette charge sexuelle entre les deux.
Finalement, le passage à l’acte déclenche une malédiction qui fait perdre son âme à Angel (il a connu un moment de pur bonheur). Après avoir fait l’amour pour la première fois avec le vampire, Buffy se réveille seule, dans son lit. Elle comprend plus tard qu’il est redevenu Angelus et qu’elle devra le tuer. Une métaphore à peine voilée de ce qui est arrivé à beaucoup de jeunes filles IRL, énamourées de ce qu’on qualifierait aujourd’hui de “fuck boy”, ce dernier devenant une tout autre personne, une sorte de “démon”, après avoir eu ce qu’il voulait.
L’amour voit rouge dans cette saison : dans une mise en scène aussi poétique qu’horrible, Giles découvre le corps sans vie de son grand amour, Jenny, tuée par Angelus, dont le romantisme naturel prend une tournure particulièrement malsaine. Il est obsédé par Buffy, la dessine dans son sommeil, l’épie… Bref, c’est un gros stalker avec des superpouvoirs. En plus, il n’est pas seul : il va rejoindre le clan des vilains, mené par un couple de vampires très amoureux qui restera dans les annales de la série, Spike et Drusilla.
Résumons cette saison : que faut-il faire avec un soi-disant “bad boy” qui vous traite comme une moins que rien ? S’en débarrasser, même si c’est dur. Et c’est ce que fera La Tueuse, après un combat singulier à l’épée. C’est dur de grandir. On souffre. Mais on vit. Et ton futur toi te le dirait baby Buffy : “The hardest thing in this world… is to live in it. Be brave. Live.”