Le 29 mai dernier, Central Park faisait son entrée dans le catalogue florissant et éclectique d’Apple TV+. Derrière ce nom évocateur, une série d’animation au croisement entre la comédie musicale et la sitcom familiale qui nous avait charmés avec sa bienveillance et son propos subtilement engagé. Josh Gad, cocréateur de cette fiction réussie, joue ici les narrateurs, tandis que Kristen Bell, inoubliable Veronica Mars, prête sa voix à une ado rêveuse passionnée de dessin.
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Par chance, ces deux-là ont bien voulu répondre à nos questions il y a quelques jours, par écrans interposés bien sûr. L’occasion de parler musique, amitié et surtout, de voir Kristen déguster un sandwich titanesque. Vous allez comprendre.
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Konbini | Josh, j’ai cru comprendre que la première personne que vous avez appelée pour rejoindre le casting de Central Park était Kristen. Kristen, qu’est-ce qui vous a fait dire oui ?
Kristen Bell | La conversation mot pour mot s’est déroulée comme ça. Dring, dring, dring. “Salut, Kristen ? C’est Josh, ça te dirait de faire un dessin animé avec moi ?” “Oui, pas de problème” “OK, bye.” C’est vraiment comme ça que ça s’est passé [rires].
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Josh Gad | C’est totalement ça.
Kristen | Ça s’est peut-être fait via textos, mais ce sont les seules infos que j’ai eues. Je vais te dire pourquoi j’ai accepté. Josh et moi nous entendons tellement bien pour tout un tas de raisons. Socialement, on s’adore, mais je fais aussi confiance à Josh sur le plan créatif et j’adore ses idées, son éthique, sa morale, donc je travaillerais avec lui sur absolument n’importe quoi. Du coup, je n’avais pas besoin de savoir grand-chose sur le projet. Josh, comme moi, aime s’amuser tout en bossant. C’est vraiment l’une des seules personnes, autre que mon mari, en qui j’ai une confiance aveugle.
Josh | Ce n’est pas pour rien que Kristen Bell est la première personne que j’ai appelée pour Central Park, ou même la première que j’appelle pour n’importe quel projet. Elle doit clairement en avoir marre de tous les coups de fil que je lui passe. […] Elle peut tout faire et en tant qu’être humain, elle m’inspire. Avant qu’on se voie aujourd’hui, je lui disais que le simple fait de regarder son activité sur les réseaux sociaux durant cette période me faisait réfléchir sur le genre de personne que je veux être. Donc au final, j’ai décidé de m’entourer de gens qui n’ont pas seulement un talent extraordinaire – je les appelle les Avengers de Broadway, parce que franchement, c’est le cas –, mais qui sont aussi des êtres humains sincèrement bienveillants.
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Dans le studio d’enregistrement pour le doublage, comment est-ce que ça marche ? Vous êtes ensemble ou pas nécessairement ?
Kristen | Le bon côté du doublage, c’est que tu peux le faire tout en étant en pyjama. Le mauvais côté, en revanche, c’est que tu enregistres très rarement avec tes partenaires de jeu à tes côtés, mais avec Josh – et ça explique d’ailleurs pourquoi j’aime bosser pour lui –, c’est différent : il se pointe à chacune de mes sessions et il me donne la réplique ou bien c’est Loren Bouchard [l’autre cocréateur de la série, ndlr]. Ils sont très, très impliqués. C’est super, parce qu’il connaît la série par cœur et qu’il est capable de me dire comment les autres acteurs ou actrices ont interprété leurs lignes de dialogue. Ça aide à rendre l’enregistrement beaucoup plus facile.
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Qu’aimeriez-vous que les gens ressentent ou apprennent après avoir regardé Central Park ?
Josh | De la joie sans limites. En ce moment, on traverse une période qui est remplie d’incertitude et d’obscurité. Je pense que Central Park est comme un phare pour nous aiguiller. C’est la célébration musicale d’une ville qui a été extrêmement touchée par cette pandémie, mais c’est aussi une lettre d’amour à la passion. C’est une lettre d’amour à la vie en elle-même et à la persévérance envers et contre tout. Kristen et moi avons eu la chance de voir la série avec nos familles. J’espère que les gens ont désormais l’opportunité d’apprécier la série et d’avoir la même expérience réjouissante que moi.
Kristen | J’approuve tout ce que Josh vient de dire, mais je veux être encore plus pratique, pour le coup. C’est une série faite pour être vue à plusieurs. Si je dois encore regarder un énième épisode de La Pat’Patrouille, je m’arrache les sourcils. Je ne rigole pas [rires]. Ce n’est pas que c’est un mauvais dessin animé, c’est juste que je ne peux plus le voir en peinture. J’ai fait beaucoup de contenus pour les enfants et tout autant de contenus destinés aux adultes. Je ne vais certainement pas montrer House of Lies [une autre série de sa filmographie diffusée sur Showtime, ndlr] à mes filles cette année. Elles ont 7 et 5 ans. Mais Central Park tape dans le mille, dans le sens où les enfants sont terriblement intéressés et en même temps, il y a des blagues plus adultes qui ne mettent pas mal à l’aise. C’est une série qui se regarde avec deux niveaux de lecture. Donc ça me réjouit d’avoir participé à une série qui peut être regardée avec toute ma famille.
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Josh | Tu devrais leur montrer Game of Thrones, Kristen !
Kristen | C’est déjà fait, elles ont adoré.
La série s’intéresse à une famille métisse, avec un père noir et une mère blanche. Comment et pourquoi avez-vous décidé ça ?
Josh | C’est intéressant ! Quand on a commencé à plancher sur le projet, Loren Bouchard m’a dit de caster tou·te·s mes ami·e·s, parce que j’allais vouloir travailler avec. Ça, c’était avant même qu’on ait identifié quels allaient être les personnages. Donc on a fait une liste des gens avec qui je voulais collaborer, comme l’incroyable Kristen Bell, mais aussi Daveed Diggs, Tituss Burgess, Stanley Tucci… C’est après avoir casté Kathryn Hahn et Leslie Odom Jr. qu’on a pris la décision de créer cette famille métisse. On en a discuté ad nauseam et ça nous a semblé être le bon choix.
On essaie de tendre vers une plus grande diversité. Pas seulement dans les rôles distribués au fil de la série, mais aussi dans la writer’s room. Je suis tellement fier des gens qui ont participé aux épisodes de cette première saison. Je pense que la série est en elle-même une célébration de la diversité, mais elle ne se limite pas aux rôles qu’on voit à l’écran. Ça s’étend jusqu’aux coulisses et on espère continuer sur cette voie-là.
D’un point de vue technique, la série comporte beaucoup de chansons au fil des épisodes. Comment arriviez-vous à jongler entre les scénarios et l’écriture de ces morceaux ?
Josh | On avait un groupe incroyable de personnes à notre disposition dès le départ. Kristen et moi avons eu l’opportunité il y a quelques années de travailler sur La Reine des neiges : Joyeuses fêtes avec Olaf avec un duo de parolières, Kate Anderson et Elyssa Samsel. On a été bluffés par leur talent et je voulais continuer de bosser avec elles, donc je les ai convaincues de rejoindre le projet. Ensuite, on a décidé de faire quelque chose d’assez peu commun, c’est-à-dire d’amener un compositeur différent à chaque épisode pour bosser sur une chanson. Grâce à l’aide de personnes comme Cyndi Lauper, Sara Bareilles et tout un tas d’autres, on est parvenus à donner vie à ces morceaux.
Franchement, la raison pour laquelle plusieurs de ces génies musicaux ont accepté de faire partie du projet, c’est Kristen Bell. Quand Sara Bareilles a appris qu’elle allait chanter le titre qu’elle avait donc composé, elle a pété les plombs et a sauté de joie. Elle m’a demandé le numéro de Kristen pour l’appeler et fangirler.
Kristen | C’est encore quelque chose que j’ai du mal à réaliser, parce que Sara Bareilles est tellement importante chez moi. Mes filles l’idolâtrent, tout comme moi. On n’a fait qu’écouter “Armor” toute l’année dernière. Le fait que Josh nous ait mises en relation m’a bluffée.
Ça fait plusieurs années que vous faites du doublage. Quel conseil donneriez-vous à un comédien qui débute dans ce domaine-là ?
Kristen | Il y a quelque chose que Josh m’a encouragée à faire. Au tout début, je n’étais pas très à l’aise et je n’osais pas montrer mon côté weird et en faire usage devant un micro, mais quand je bosse avec Josh et qu’on est sur une scène, il me dit : “OK, fais-en une de plus et fais quelque chose de chelou” ou bien : “Vas-y, surprends-moi” et “surprends-moi” ne veut pas dire “impressionne-moi”. Ça veut surtout dire que je peux me lâcher et oser. La plupart de mes idées ne fonctionneront pas, mais certaines marcheront [rires].
Josh | Je ne pourrais pas être plus d’accord avec toi. Kristen m’a appris une véritable leçon durant les films La Reine des neiges, qui m’a beaucoup aidé dans ce que j’ai fait par la suite. Elle a une intimité avec le micro que je trouve tellement puissante. Tu n’entends pas seulement les dialogues, mais aussi le reflet d’un voyage émotionnel à travers les mimiques qu’elle ajoute. Les bruits, les soupirs, toute la narration qui va au-delà de ce qu’il y a dans le scénario. Je pense que c’est quelque chose que j’aurais aimé savoir quand j’ai commencé.
Kristen | Permets-moi d’ajouter mon grain de sel, parce que j’adore ce sujet. C’est presque mathématique pour moi. Tu n’as qu’un instrument en fait, pas vrai ? Tu peux faire des sons grâce à ton clapet. Pour moi, le but de créer un tel projet, c’est de mettre des images les unes à la suite des autres pour générer une température émotionnelle chez le public. Si tu n’as aucune ligne à prononcer ou qu’il n’y a pas de chanson, tu dois lui faire ressentir quelque chose. Lâche un soupir, glisse un petit gémissement, racle-toi la gorge. Il y a tout un arsenal de bruits que tu peux utiliser pour ponctuer ou accentuer. Quand je jette un œil à un scénario ou à une scène, c’est comme une chanson. Donc il faut qu’il y ait une ponctuation et un tempo dans la façon dont mon personnage parle. C’est vraiment fun de jouer avec tout ça.
[Juste avant sa réponse, Kristen Bell avait commencé à manger un sandwich, ndlr]
Josh | Je veux tellement croquer un bout de ce sandwich, Kristen [rires].
Kristen | Quoi ? [Rires] Je pensais que c’était juste une interview audio.
Leur série Central Park est diffusée de façon hebdomadaire sur Apple TV+ à l’international.