Avec ses achats de droits de diffusion de nombreux animes très populaires comme Naruto et L’Attaque des Titans au fil des ans, Netflix a gagné en popularité et en affect auprès de ses abonnés. Désormais, la plateforme de streaming a décidé de passer la deuxième avec la production originale de séries animées. En ligne de mire, elle s’intéresse tout particulièrement aux adaptations de jeux vidéo à succès, avec notamment des projets en développement basés sur Resident Evil, Tomb Raider, Cuphead ou encore League of Legends. Mais ses investissements séduisants n’auraient pu devenir fructueux sans la première du genre, Castlevania, tirée de la franchise culte de Konami.
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Les vampires et la mythologie fantastique de la saga ont donné lieu à une série animée ô combien appréciée par les fans du genre. À sa tête, on retrouve un certain Adi Shankar, un producteur indien très ambitieux, dont le rêve est d’adapter un jour les jeux The Legend of Zelda sur le petit écran. Ce visionnaire, qui cité régulièrement la franchise Final Fantasy, l’artiste Banksy ou encore l’auteur de comics Warren Ellis (avec qui il a développé Castlevania) comme références, a donné un second souffle à la franchise de vampires, en offrant une série animée gothique, noire et épique, qui arrive à son terme avec cette quatrième saison.
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Castlevania reprend quelques jours seulement après la bataille sanglante de Lindenfeld. Trevor et Sypha, duo inséparable depuis la saison 1, sont épuisés par leurs multiples voyages à travers Wallachia et leurs combats sans fin contre les créatures du mal. Ils se rendent malgré tout à la ville de Târgoviște, après avoir entendu une inquiétante rumeur au sujet d’un suceur de sang aussi dangereux que Dracula. De son côté, Alucard, le fils du seigneur des vampires, décide de quitter son château reclus pour venir en aide aux habitants de Danesti, un village saccagé par des monstres nocturnes. Sans s’en douter, les trois anciens camarades vont être réunis pour une cause commune, alors que le destin de Wallachia pourrait bien sombrer dans les ténèbres à tout jamais.
Atmosphère mélancolique et philosophie macabre
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Depuis ses débuts, Castlevania pioche généreusement dans son matériau de base pour construire un récit épique et satisfaisant, que vous soyez fans ou non des jeux vidéo de Konami. Dans cette quatrième saison, où les enjeux atteignent leur paroxysme, la série déploie une avalanche de références. De Dracula’s Curse à Curse of Darkness en passant par le mythique Symphony of the Night, les intrigues se complexifient pour rendre hommage à la franchise vidéoludique. Dans la même idée, le bestiaire s’étoffe, et on y retrouve des créatures emblématiques comme Gergoth de Dawn of Sorrow, sorte de dinosaure zombie terrifiant qui se glisse à merveille dans l’univers gothique de la série animée.
Même si cette quatrième saison s’affaire en premier lieu à conclure le récit de Trevor, Sypha et Alucard, elle en profite aussi pour ramener sur le devant de la scène des personnages secondaires passionnants, dont Hector, Isaac et Carmilla. Cette dernière, cantonnée à son château depuis la saison 3, intervient même dans un épisode 6 esthétiquement bluffant, qui propose l’une des plus belles batailles (voire séquence animée, oui oui) de ces dernières années. Powerhouse Animation, le studio en charge de la direction artistique de Castlevania, qui avait parfois tendance à manquer de lisibilité et d’explosivité dans son animation, vient ici clore les débats avec des affrontements fluides et grandioses.
On regrette d’ailleurs que cette saison peine à prendre son envol, lors des cinq premiers épisodes notamment. Castlevania fonctionne comme un slow burner, qui aime construire la psyché de ses personnages et explorer la richesse de son univers, quitte à manquer de mordant par moments. Heureusement, on retrouve toujours la patte de Warren Ellis et son écriture qu’on pourrait décrire comme existentialiste : les dialogues, et surtout ceux des vampires, sont toujours un plaisir de philosophie identitaire et de métaphores mélancoliques, qui apportent un réel souffle romanesque à l’ensemble.
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L’atmosphère de la saison 4 est d’autant plus sombre et pesante que Wallachia semble courir à sa perte pour de bon. Heureusement, on peut compter sur le côté loufoque de Trevor et la voix rocailleuse de son interprète Richard Armitage pour harmoniser l’ensemble avec des touches d’humour. L’équilibre de la série sur ses variations de tons est assez exemplaire, même si la narration semble parfois courir après sa conclusion. On ressent en réalité l’amour de ses créateurs pour Castlevania, mélancoliques de faire leurs adieux à leurs bébés aux dents crochues, qui sont parvenus là où nombreux ont échoué : bâtir une adaptation de jeux vidéo jouissive et réussie.
En coulisses, Netflix ne compte pas abandonner en si bon chemin ce retour en force des vampires hérités de la tradition Bram Stoker. Toutefois, la franchise Castlevania a possiblement été affectée par l’éviction de Warren Ellis au terme de cette ultime saison, accusé d’abus d’autorité et d’agressions sexuelles par plusieurs femmes en studio. Si la belle histoire de Castlevania est entachée, le géant américain a évoqué la possibilité d’une suite sous la forme de spin-off anthologiques, qui pourraient revenir sur d’autres histoires de la franchise et personnages emblématiques de la dynastie Belmont. Au cas où, on ne saurait que trop vous conseiller de garder au frais une bouteille d’eau bénite puisque le retour de Dracula restera toujours imprévisible.
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Les quatre saisons de Castlevania sont disponibles en intégralité sur Netflix.