En saison 3, Big Mouth est toujours aussi grande gueule (pour le meilleur et pour le pire)

Publié le par Florian Ques,

© Netflix

On persiste et signe : la puberté n'aura jamais été aussi jouissive que dans la série animée de Netflix. À quelques détails près.

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Depuis ses débuts tonitruants il y a maintenant deux ans de ça, on n’a de cesse de crier au génie et de répéter encore et encore à qui veut l’entendre que Big Mouth, c’est de la bombe. Une écriture fine sous un humour gras, des références pop glissées généreusement, des punchlines mordantes… Basée sur la jeunesse de l’humoriste Nick Kroll (l’un de ses cocréateurs), la série a reçu moult louanges lors de sa sortie sur Netflix. Les critiques dithyrambiques à son égard sont-elles toujours valables maintenant que sa troisième saison vient de sortir ? Oui, mais…

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Deux semaines après une Saint-Valentin survoltée, les ados en roue libre de Big Mouth ont de nouveaux chats à fouetter. Parfois presque littéralement, comme dans le cas de Jessi qui doit encore repousser Depression Kitty. En parallèle, Missy a enfin droit à son monstre hormonal, Andrew doit faire face aux conséquences de ses actes avant de devenir un masculiniste rempli de haine, et Nick se découvre une addiction au smartphone. Et il y a aussi une histoire de super-pouvoirs, une comédie musicale improbable et un road trip barré en Floride. Oui, cette saison 3 est touffue (sans mauvais jeux de mots, bien entendu).

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Encore une fois, Big Mouth nous offre une salve d’épisodes décapante en capitalisant sur ses points forts, transposant notamment des thématiques a priori adultes dans un monde enfantin. Cette fois-ci, la série animée se confronte au sexisme institutionnel et à l’invisibilisation des personnes bisexuelles, tout en gardant certains thèmes en toile de fond comme les origines et les dérives de la masculinité toxique. On pourrait dire qu’elle est intemporelle de par sa perception de la puberté, mais la série s’ancre dans une modernité qui la situe indubitablement en 2019.

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La preuve avec l’arrivée d’Ali, une nouvelle élève qui s’avère être ouvertement pansexuelle. Pour expliquer ce terme que beaucoup ne connaissent pas, son personnage utilise une métaphore culinaire pour le moins bancale à coups de tacos et de burritos. Mais en voulant bien faire, les scénaristes de Big Mouth se plantent sur plusieurs niveaux. On s’explique.

Pourtant très sûre d’elle, Ali véhicule des idées biaisées, pour peu que l’on se fie à la polémique grandissante sur les réseaux sociaux à ce propos. Selon son personnage, la différence entre les individus pansexuels et bisexuels réside dans le fait que ceux appartenant à la seconde catégorie ne sont pas intéressés par des personnes trans. Une réflexion erronée puisque, par définition, une personne bisexuelle est attirée par les deux genres, hommes et femmes. Cela comprend donc les hommes et les femmes aussi bien cisgenres que transgenres.

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Grosso modo, en une seule scène qui partait supposément avec de bonnes intentions, Big Mouth parvient à stigmatiser aussi bien la communauté trans que la communauté bisexuelle. Ce faux pas déplorable vient entacher une saison qui aurait pu être autrement géniale. Mais cette erreur de parcours est symptomatique d’un plus grand problème de cette troisième saison : celle-ci veut brasser trop large et s’attaquer à trop de thèmes dans un laps de temps réduit. Là où la saison précédente avait un fil rouge (la dépression de Jessi, pour la piqûre de rappel), cette saison 3 paraît plus décousue.

Il n’empêche qu’au niveau de l’humour, Big Mouth se rattrape et se hisse très facilement au-dessus du lot avec des répliques percutantes et des petites piques bien senties, souvent liées à la pop culture. La série connaît ses personnages principaux, les maîtrise et sait comment les utiliser à bon escient. Par exemple, on adore Lola, la blonde brute de décoffrage de l’école, dont la réplique “Andrew, I made you a doghouse. Get in, you bald bitch” assénée en toute décontraction continue de nous faire glousser comme des gamins.

Au bout du compte, c’est dommage que la série se soit égarée en voulant traiter de pansexualité puisque au-delà de cette maladresse, Big Mouth a tout bon. Pour se racheter en saison 4, le show pourrait rectifier le tir – pourquoi pas en incluant un personnage trans et des scénaristes qui le sont eux ou elles aussi ? Elle reste néanmoins hilarante, fraîche et en adéquation avec son temps. Son seul défaut est peut-être de vouloir couvrir trop de sujets en une seule saison. Il s’agirait donc de garder suffisamment de jus (sans mauvais jeu de mots, là encore) pour tenir jusqu’à sa sixième saison.

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Big Mouth est disponible en intégralité sur Netflix à l’international.