Après un teasing qui misait beaucoup sur notre appétence pour une version féminine du Chevalier noir, Batwoman a enfin débarqué sur nos écrans le 6 octobre. Dernière création en date du DCverse chapeauté par Greg Berlanti sur la chaîne The CW, Batwoman, showrunnée par Caroline Dries, n’est ni plus ni moins que ce qu’on en attendait : un divertissement honnête et plutôt bien foutu, avec une justicière masquée convaincante. Concrètement, celles et ceux qui ne portent pas Arrow et compagnie dans leur cœur ne devraient même pas perdre leur temps. En revanche, les adeptes du genre (dont je fais partie) qui ont à la fois conscience des défauts de ces séries mais aussi de leurs nombreuses qualités, vont rapidement adopter la cousine de Bruce Wayne.
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C’est Ruby Rose, vue dans Orange is the New Black, qui joue celle qui est Batwoman la nuit et Kate Kane le jour. Elle emménage dans la Batcave quand une terroriste se faisant appeler Alice (Rachel Skarsten) sème la terreur dans Gotham, au nez et à la barbe des Crows. Cette société d’agents de sécurité surentraînés est menée d’une main de fer par Jacob Kane, le père de Kate, incarné par Dougray Scott.
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Le premier épisode de Batwoman était plutôt classique dans l’exposition des enjeux et de l’origin story de son héroïne. Mais là où la série commence à capter notre intérêt, c’est déjà en proposant pour la première fois une tête d’affiche lesbienne. L’Arrowverse était déjà très LGBTQI friendly, entre la capitaine Sara Lance de Legends of Tomorrow (bisexuelle et en couple avec une femme), Anissa Williams dans Black Lightning, une méta-humaine noire et lesbienne, ou Alex Danvers dans Supergirl qui faisait son coming out en saison 2, sans oublier le fait que la série a récemment accueilli la première super-héroïne trans, Dreamer, incarnée par l’actrice (trans, elle aussi) Nicole Maines.
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C’est peut-être un détail pour beaucoup, mais au risque de radoter, ce genre de représentations est toujours aussi nécessaire. Au-delà de la dimension symbolique, l’orientation sexuelle de Kate Kane a aussi son importance dans l’histoire et la façon dont on la raconte. Dans un flashback, on nous montre qu’elle a préféré se faire jeter de l’académie d’entraînement des Crows, et renoncer aussi à son rêve, plutôt que de mentir sur son orientation sexuelle et, au propre comme au figuré, rentrer dans le rang.
Elle avait été surprise en train d’embrasser sa petite amie Sophie (Meagan Tandy) à la caserne. Cette dernière, qui n’est pas née dans une famille riche comme Kate et qui est noire de surcroît, a choisi de poursuivre sa formation, quitte à nier ses sentiments. Dans la vie, elle n’a clairement pas les mêmes options que sa petite amie. Le personnage existait déjà dans les comics et la série ne l’a pas trahi.
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Sur les deux épisodes déjà diffusés, on évite tellement le male gaze que notre justicière n’a toujours pas sa propre tenue et enfile, de fait, le costume de son cousin Batman, aux abonnés absents depuis trois ans. C’est pas du tout flatteur mais on s’en fout : on n’est pas là pour ça. Du coup, Kate hérite de tout l’attirail de la “butch”, quitte à frôler la caricature, mais ça marche. Elle devient une présence bien badass, séduisante et un peu punk sur les bords.
La meilleure idée de la série, c’est de lui donner un ennemi à sa hauteur. Comme on le disait déjà dans notre critique de Raising Dion, un·e super-héros/héroïne n’est rien sans un·e grand·e méchant·e qui vaille la peine. Il faut inspirer la terreur, faire vaciller notre boussole morale, susciter l’empathie, sans toutefois nous faire complètement basculer du “mauvais” côté. Le meilleur exemple qui vient à l’esprit, c’est Killmonger, dans Black Panther. Voilà un méchant qui avait de la gueule !
Pour Batwoman, c’est Alice, transfuge du célèbre conte de Lewis Carroll. Suffisamment “folle” pour terrifier toute une ville, y compris sa milice d’élite que sont les Crows, mais assez lucide et aux prises avec ses émotions pour nous bouleverser quand elle baisse sa garde. Rachel Skarsten joue sans fausse note et sauve Alice de la comparaison avec Harley Quinn par son interprétation plus éthérée. En revanche, si l’on est convaincu par le personnage de Kate Kane, le bât blesse quand on parle de son interprète. Ruby Rose semblait un super choix pour incarner l’héroïne mais, hélas, il s’avère que l’actrice mise plus sur son charisme que sur son jeu, ankylosé par une palette d’émotions limitée. Mais après tout, si Arrow a pu tenir 8 saisons en se reposant en partie sur les épaules de Stephen Amell, l’interprète de l’Archer Vert, on ne s’inquiète pas pour Batwoman.
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