Interviewée par le magazine anglais Who What Wear le temps d’une sublime séance photo, Barbie Ferreira, icône fashion et l’une des stars d’Euphoria, s’est confiée avec sincérité sur son image, sur cette idée massivement partagée sur les réseaux sociaux selon laquelle il faudrait s’aimer à tout prix, et sur sa difficulté à trouver des vêtements qui lui vont.
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Avant d’incarner Kat, le rôle qui l’a révélée au grand public, la jeune femme a eu une carrière en tant que mannequin dite “plus size”. L’objectif des appareils photo ou des caméras ne lui est donc pas étranger et elle sait, mieux que quiconque dans le milieu, que celui-ci peut autant se montrer flatteur que cruel. Et plus largement, c’est la société tout entière qui adore disséquer le corps des femmes et le regarder au microscope pour distribuer les bons et les mauvais points.
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Cette même société, qui voudrait qu’au-delà d’un certain tour de cuisse, on se refuse à porter certains vêtements, a repris à son compte les combats des fat activists (militant·e·s gros·ses) pour les déposséder de leur sens initial et en faire la bouillie faussement inspirationnelle qu’on appelle désormais la “body positivity”. Barbie Ferreira reconnaissait, dans une précédente interview pour le site féministe Jezebel datant de 2019, qu’elle avait une relation “compliquée“ avec ce mouvement. Encore aujourd’hui, dans les colonnes du magazine Who What Wear, l’actrice et ancienne mannequin raconte cette pression, en tant que femme grosse et très exposée, de devoir s’aimer soi-même. Cette injonction frappe aussi son personnage, Kat, dans Euphoria. En saison 2, elle fait un cauchemar dans lequel une horde de femmes belles et minces, type “influenceuses Instagram”, la harcèlent en scandant “aime-toi” comme un mantra.
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“J’espère que les personnes qui verront ça pourront à leur tour se libérer de cette pression d’être parfait·e et heureux·se tout le temps. Parce que ça n’existe pas.”
Ce qui est tristement réel en revanche, c’est à quel point l’industrie de la mode ne s’est jamais véritablement adaptée aux corps des femmes, de toutes les femmes. Barbie Ferreira, qui se situe entre les tailles 46 et 48, est aux premières loges de cette discrimination, qui ne semble pas émouvoir grand monde en dehors des premières concernées. L’actrice, qui a monté les marches du Met Gala en 2021, vêtue d’une robe très “vieil Hollywood” incrustée de perles de la tête aux pieds, est loin d’avoir autant d’options dans ses tenues (de créateur·rice·s ou non) que ses camarades faisant du 34 ou du 36 :
“Pour vous dire la vérité, je suis très limitée dans mes choix vestimentaires. J’ai beau avoir toutes les ressources du monde à ma disposition, c’est toujours extrêmement difficile de trouver quelque chose qui me va. Donc je compatis avec toutes les personnes qui essayent constamment de chercher des vêtements qui leur vont.”
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Un crève-cœur pour l’icône fashion qu’elle est. Il n’y a qu’à regarder son compte Insta pour s’en convaincre : à seulement 25 ans, Barbie Ferreira a un sens inné de la mode, et des goûts très sûrs. Mais l’un des effets pervers du “body positivism”, ce sont les “compliments” qui n’en sont pas. Cette grossophobie qui ne dit pas son nom se manifeste généralement sous la forme de commentaires qui louent son “courage” à s’afficher avec des tenues moulantes ou des hauts courts montrant son ventre.
“Le fait que je porte un crop top n’a rien de radical. Ce sont juste des critiques déguisées en compliments. J’en porte depuis que j’ai 16 ans et j’en ai 25 aujourd’hui”. Allez, on dit qu’on arrête de commenter le corps des gens et en particulier celui des femmes, et on va plutôt voir la saison 2 d’Euphoria sur OCS.
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