Dans la suite de Sex and the City, Carrie, Charlotte et Miranda, dorénavant cinquantenaires, sont occupées par des soucis différents de l’époque de leurs 30 ans. Mais alors que And Just Like That semble vouloir moderniser la représentation des quinquagénaires, la série aborde la question de la vieillesse de manière ambiguë.
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“We can’t stay who we were”
Dès sa scène d’ouverture, And Just Like That insiste sur une évidence : Carrie, Charlotte et Miranda ont vieilli. Elles n’ont plus la trentaine et le show veut s’assurer que nous ayons bien compris qu’il s’agit maintenant de l’histoire de femmes ayant dépassé 50 ans. À coups de remarques répétées sur le temps qui passe, la conversation entre les trois amies s’oriente alors très vite sur la question de leur âge.
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Charlotte aborde le sujet des cheveux en demandant à Miranda si elle compte les teindre car elle trouve que le gris la vieillit. “Non, tu trouves que le gris te vieillit” rétorque Miranda, “parce que si on est amies et que j’ai cet âge-là, alors tu ne peux pas avoir l’âge que tu fais semblant d’avoir”. On note alors que les trois femmes appréhendent leur âge différemment : Miranda l’assume, Charlotte oscille entre être bien dans sa peau et vouloir paraître plus jeune, et Carrie apparaît mal à l’aise avec le tout.
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“Mother Nature and Instagram are much harder on women”
Les actrices de la série ne sont pas passées à côté des critiques sexistes faites à leur égard depuis le début de And Just Like That et ont dénoncé le double standard dont elles sont victimes. Ce dernier est d’ailleurs joliment illustré dans la série dans une scène où Carrie accompagne Anthony à une consultation chez un chirurgien esthétique. Si le docteur affirme à Anthony qu’il n’a pas besoin d’un lifting car, globalement, il est toujours canon, il en est autrement pour Carrie.
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Ce docteur a clairement l’habitude de voir des femmes d’un certain âge défiler dans son cabinet en quête de l’approbation d’un regard masculin et jeune, alors il ne manque pas l’occasion de décrire à Carrie ce qu’il pourrait faire pour elle. Il a beau blâmer les réseaux sociaux, il fait preuve de sexisme. Carrie est tout aussi fabuleuse qu’Anthony, mais il lui suggère à elle un traitement totalement opposé.
Dans la scène suivante, alors que Carrie explique à ses amies qu’elle pourrait choisir de faire disparaître de son visage les 15 dernières années, Miranda s’offusque : “On fait passer le fait que les femmes vieillissent pour quelque chose de mal”. Charlotte s’apprête à argumenter la position opposée, expliquant à Miranda que celles qui veulent faire appel à la chirurgie esthétique ne devraient pas avoir à subir le jugement des autres femmes. La discussion s’arrête là et le sujet n’est pas creusé davantage. On remarque alors encore une fois que Carrie est celle pour qui le fait de vieillir est véritablement un sujet sensible sur lequel elle n’a pas envie de s’attarder.
“The Internet says I have old lady back”
Pour une série qui veut mettre en avant des femmes qui assument leur cinquantaine, And Just Like That ressasse beaucoup le sujet de la vieillesse. Dans l’épisode “Tragically Hip”, Carrie doit se faire opérer de la hanche pour soigner un problème de dos. Au départ, elle refuse d’aller consulter un médecin, répétant à son amie Seema que son problème vient du fait qu’elle est vieille. Du fait, tout au long de la scène et sous couvert de plaisanteries, Carrie se comporte comme une vieille femme, parlant d’elle-même comme si elle avait 80 ans et non 55.
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Carrie et la série font une fixation sur l’âge qui tourne parfois à l’absurde. Les personnages ne cessent de se lamenter qu’elles vieillissent tout en ayant à l’occasion des propos dénonçant l’âgisme et refusant de laisser le regard d’autrui les catégoriser comme des êtres obsolètes. Pourtant, après son opération, Carrie se concentre sur son rétablissement et sa volonté de pouvoir remettre des talons. Alors, à la fin de l’épisode, on la voit dans son dressing, enfiler des talons vertigineux, plus glamour que jamais, malgré tous ses dires sur son âge avancé. Quand il s’agit de parler de vieillesse, And Just Like That ne sait sur quel pied danser.
“I’m not an old lady !”
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And Just Like That oscille entre deux discours. L’un se veut progressiste, affirmant que ces héroïnes assument pleinement le fait qu’elles ont changé et qu’elles sont dans leur cinquantaine, avec tous les doutes et les peurs que cela engendre. Mais l’autre, paradoxalement, ne cesse de mettre l’accent sur le fait qu’elles ont vieilli, leur prête des propos et des actions qui donnent l’impression qu’elles sont octogénaires et ne semblent pas accepter le passage du temps.
Au bout du compte, on ne peut s’empêcher de se demander si la série s’emmêle continuellement les pinceaux, ou si le but est d’illustrer le combat interne que les femmes de cette tranche d’âge vivent. Lorsqu’on n’est plus tout à fait jeune, mais pas vieille non plus et que la société cherche absolument à nous catégoriser, comment se perçoit-on ?
And Just Like That est à retrouver sur Salto, à raison d’un épisode par semaine.