Après l’annulation de Glee et ses interludes musicaux poussifs, Ryan Murphy s’est efforcé de redorer son blason avec des productions ayant un peu plus de cachet. Dès 2016, il s’attelle aux scandales qui ont défrayé la chronique avec American Crime Story, puis se penche sur les plus grandes rivalités de l’histoire avec la première fournée stellaire de Feud. Des séries léchées, stylisées, qui mettent en exergue tout le talent de leur showrunner appliqué. Malheureusement, ce dernier vient tout faire capoter avec 9-1-1, fiction aussi peu inspirée que son titre.
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9-1-1 nous plonge dans la vie haletante (et stressante) de ce que les Américains appellent les “first responders”, c’est-à-dire les premières personnes envoyées sur une scène de crime ou sur les lieux d’un accident. Grosso modo, plutôt que de se focaliser sur une profession en particulier, Ryan Murphy braque sa caméra sur ces sauveurs du quotidien qui rappliquent à la première urgence. Et… c’est à peu près tout.
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Si l’originalité n’est vraisemblablement pas au rendez-vous, 9-1-1 rattrape le coup avec une distribution principale solide. Peter Krause (Six Feet Under) prend ici la tête du département des pompiers de Los Angeles, tandis que la génialissime Angela Bassett (American Horror Story) prête ses traits à Athena Grant, sergente de la police de la ville qui n’est pas là pour se faire marcher sur les pieds. On peut se réjouir également de la présence de Connie Britton (l’inoubliable Tami Taylor de Friday Night Lights, également géniale dans la petite nouvelle SMILF), qui campe ici une téléopératrice chargée de répondre aux fameux appels de détresse, tel le personnage d’Halle Berry dans le film The Call.
Avec un casting aussi prometteur, impossible de faire fausse route ? Les premiers épisodes de la série nous prouvent pourtant le contraire. Soyons clairs sur un point : 9-1-1 est un très bon divertissement. On ne voit pas le temps passer et les affaires auxquelles sont confrontés les personnages restent suffisamment prenantes. Un wagon de montagnes russes bloqué dans un looping ? Une nana étranglée par son énorme serpent apprivoisé ? Un nourrisson coincé dans les canalisations d’un immeuble ? Check, check et re-check. La touche Ryan Murphy est bien présente avec des intrigues garanties WTF.
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Malgré tout, la série ne va pas chercher plus loin. Bien que 9-1-1 tente de creuser la psychologie de ses héros en s’intéressant à leur vie privée, la sauce ne prend pas. Au bout du compte, entre ses “cas de la semaine” too much et ses instants faussement profonds, la dernière production de Ryan Murphy (épaulé par ses fidèles acolytes Brad Falchuk et Tim Minear) ne sait pas sur quel pied danser. Ne pas savoir ce qu’elle veut être, un drame social ou une série survitaminée déjantée, c’est bien là son point faible.
En somme, on ne comprend pas vraiment comment 9-1-1 est venue au monde tant elle ne ressemble à aucune autre fiction du Murphyverse. Un petit kiff de son showrunner qui voulait s’aventurer dans la série de genre ? On parierait plutôt là-dessus, oui. Pour l’heure, on tient un show assez bordélique, qui ne semble pas savoir quelle direction prendre, ni quelle tonalité adopter. Comme il a pu nous le prouver avec Glee ou plus récemment Scream Queens, Ryan Murphy est à l’aise avec un côté over the top, qu’il devrait davantage incorporer dans 9-1-1 pour que la série puisse enfin se démarquer et se forger une identité. Après tout, ce serait dommage de gâcher un tel casting.
9-1-1 est diffusée sur la Fox depuis le 3 janvier outre-Atlantique, et reste inédite en France.
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