“Quand vous venez au musée d’Auschwitz, rappelez-vous que vous êtes sur un site où un million de personnes ont été tuées. Respectez leur mémoire“, tel est le message lancé aux visiteur·se·s du camp de concentration en mars dernier, sur Twitter.
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Sur les photos, on voit des jeunes gens tenir en équilibre sur les rails du train. “Il y a de meilleurs endroits pour apprendre à marcher en équilibre sur une poutre que le site qui symbolise la déportation de centaines de milliers de personnes et leur mort”, continue le musée d’Auschwitz.
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La question des photos souvenirs sur des lieux de mémoire refait souvent surface sur Internet. Les touristes immortalisent leur visite, veulent ramener une image, partager leur expérience sur les réseaux sociaux. Mais les mises en scène, le selfie tout sourire ou encore l’exercice d’équilibriste sur les rails sont d’une grande indécence.
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Sur Twitter, certains internautes ne sont pas d’accord avec le message du musée d’Auschwitz. “Laissez les gens sourire. La mémoire ne veut pas dire être solennel et morne en permanence”, écrit un twitto. Pour Fanny Georges, spécialiste de l’identité numérique à la Sorbonne-Nouvelle interrogée par Le Monde, “sur les réseaux sociaux, on se présente toujours de façon positive, avec détachement, mais tout le monde sait que ce n’est qu’une norme de communication”.
“Les images racontent leur expérience”
D’autres twittos, en revanche, considèrent que “nos habitudes de photos sont hors de contrôle”. C’est aussi le cas de Rémi Dalisson, professeur d’histoire à l’université de Rouen. “Je pense que ces gens n’ont rien compris, qu’ils ne se rendent pas compte qu’il y a eu des morts. Ce qui compte pour eux, c’est leur image à eux, et pas ce qu’il y a autour”, s’indigne-t-il auprès du Monde.
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Le musée d’Auschwitz précise qu’il ne compte en aucun cas interdire les photos. “C’est comme cela que les gens documentent leurs visites, se souviennent des endroits. Ils montrent les images à d’autres et racontent leur expérience”, écrit l’institution sur Twitter. Son message est accompagné de photos prises sur le lieu, servant d’exemple sur la manière dont les “images peuvent commémorer les victimes et enseigner l’histoire émotionnelle et difficile”.
Auschwitz n’est en tout cas pas le seul endroit qui suscite ce genre de débats. On retrouve des photos de ce type à Oradour-sur-Glane, par exemple. Mais surtout, c’est le mémorial aux Juifs assassinés d’Europe de Berlin qui revient souvent dans les discussions. Les internautes s’y prennent avec un grand sourire aux lèvres, en train de sauter sur les pierres, ou encore en pleine séance de yoga. L’artiste satirique Shahak Shapira avait créé le site Yolocauste pour mettre en avant l’indécence de certaines poses et des selfies.