“Au Japon, la stérilité est un sujet rarement discuté en société”, affirme la photographe Mayumi Suzuki. “Je ne dirais pas que c’est tabou”, ajoute l’artiste, “mais les traitements liés à la stérilité, et notamment la fécondation in vitro, sont peu connus du grand public donc peu de femmes peuvent en profiter”.
Publicité
Ayant subi, sans succès, quatre fécondations in vitro “entre 2018 et 2019″, à l’âge de 41 ans, elle a mis en images sa “malheureuse expérience”. “J’espère qu’après avoir partagé mon vécu, une conversation plus globale autour de la perception de la féminité pourra émerger.”
Publicité
En effet, sa série photo Hojo englobe davantage qu’une réflexion autour de l’infertilité et de la maternité, elle interroge également les représentations et ce qui entoure l’idée de féminité. C’est en 2020, “après la pandémie” et ses fécondations in vitro, que Mayumi Suzuki débute son projet.
Publicité
Tout part d’une carotte achetée au marché. Elle photographie sa forme, qui lui rappelle “une jambe de femme”, et se souvient de “la célèbre photo du poivron d’Edward Weston”. L’image en noir et blanc montre un poivron contorsionné, à l’allure sensuelle.
“Je me suis dit que son travail ne traitait pas les femmes de la même façon qu’aujourd’hui. Lui voyait les femmes comme des objets. Depuis une perspective masculine. Et ça me mettait mal à l’aise. Même les carottes, je veux les aimer. Cette frustration trouvait son écho dans mes traitements de FIV”, nous confie la photographe.
Publicité
Pour “transmettre les pensées et sentiments d’une femme japonaise de notre époque”, elle met en parallèle ses natures mortes à des images en noir et blanc de son corps nu et des échographies de ses “œufs fécondés et de [son] utérus”. Ainsi, l’histoire prend davantage de relief, précise-t-elle. L’animé, l’inanimé et l’entre-deux sont convoqués dans son projet qui raconte avec finesse et poésie les traumatismes physiques et psychiques d’une femme du XXIe siècle.
Publicité
Vous pouvez retrouver le travail de Mayumi Suzuki sur son site.