Une œuvre inédite de Picasso sera mise aux enchères pour la première fois cet été

Publié le par Lise Lanot,

© Wikipedia Commons

Le dessin au fusain intitulé "Une Femme endormie" marque les débuts de sa relation avec la jeune Marie-Thérèse Walter.

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Un dessin au fusain réalisé par Pablo Picasso en 1931 sera vendu aux enchères par la maison Sotheby’s le 28 juillet prochain. L’esquisse devrait être achetée entre 6 et 11 millions d’euros, selon les estimations de la maison de vente. L’œuvre en question est Une Femme endormie, un dessin représentant Marie-Thérèse Walter, une des compagnes du peintre et mère de sa fille Maya, née en 1935.

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La valeur estimée du portrait vient bien sûr de l’immense notoriété de l’artiste mais aussi de l’affection qu’il semblait avoir pour celui-ci. Le Guardian rapporte que l’œuvre avait été conservée par Picasso jusqu’à sa mort, avant qu’il ne soit légué à son fils. Le propriétaire actuel l’avait racheté en 1986. Cette œuvre a été réalisée alors que la liaison entre Pablo et Marie-Thérèse était encore secrète puisqu’il ne s’est séparé d’Olga Khokhlova qu’en 1935 bien que le couple soit resté marié jusqu’à la mort de cette dernière. C’est la première fois que le dessin sera mis en vente aux enchères.

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“Femme endormie”, 1931. (© Pablo Picasso/Sotheby’s)

Une nouvelle inspiration

Picasso est connu pour ses différentes périodes artistiques mais aussi pour ses frasques amoureuses, qui ont bien souvent inspiré ses œuvres et, surtout, ses cycles créatifs. L’homme a 45 ans et est marié à la danseuse Olga Khokhlova lorsqu’il rencontre la jeune Marie-Thérèse Walter, âgée de seulement 17 ans et dont il tombe cependant “amoureux”.

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L’adolescente lui inspire une nouvelle ère, celle des “courbes et arabesques au miroir” ainsi que de ses “grandes sculptures” – après la période rose associée à Fernande Olivier, les “volumes imbriqués et les prismes du cubisme” d’Éva Gouel et “les personnages élégants des ballets, les arlequins, les pierrots, les matrones géantes” d’Olga Khokhlova, tel que le retrace Jean-Paul Crespelle dans Picasso : les femmes, les amis, l’œuvre, paru en 1967.

Le petit-fils du couple, Olivier Widmaier Picasso, rappelait à l’occasion de la rétrospective Picasso du Tate en 2018, que la “période Marie-Thérèse” avait engendré “des dessins et des gravures d’une force exceptionnelle” tandis que les “courbes robustes et l’ovale du visage” de sa grand-mère avaient renvoyé son grand-père à son amour pour la sculpture.

La Femme endormie représente en ce sens un exemple du nouveau souffle visible dans l’œuvre du peintre à partir de la fin des années 1920, après sa rencontre avec Marie-Thérèse Walter. Pour Helena Newman, à la tête du département d’art moderne et impressionniste de Sotheby’s, le dessin est un “joyau absolu, d’une beauté exquise” :

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“[Pablo Picasso] a utilisé une technique qui donne une intimité incroyable à l’œuvre. Le fusain devient une main qui la caresse presque littéralement. C’est merveilleux, cela rappelle les grands dessins de la Renaissance, et c’est pourtant incroyablement moderne, libre, spontané et direct. C’est comme si on regardait au-dessus de son épaule pendant qu’il dessinait.”

Les années passent et les créations de Picasso continuent de se vendre des millions et d’agiter le marché de l’art. Avec le temps, on peut cependant espérer que les amours agitées, et parfois avec de très jeunes femmes, du peintre ne seront plus normalisées, tout comme on arrêtera de considérer ses compagnes comme de simples “muses” éthérées et effacées mais plutôt des contributrices à son travail.

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