“Picasso, agresseur de femmes” ; “Picasso, l’ombre de Dora Maar” ou encore “Picasso, Barbe bleue”. C’est avec ces inscriptions sur le dos qu’un groupe d’élèves en école d’art s’est rendu au Musée Picasso de Barcelone en compagnie de leur professeure, l’artiste Maria Llopis.
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Dans le cadre de son cours sur l’art féministe, la professeure a mis en place une action silencieuse visant “à s’exprimer. À parler de ce qui s’est vraiment passé. À dire la vérité à propos des nombreuses artistes femmes qui ne peuvent pas développer leur créativité”, telle qu’elle l’a expliqué à Artnet.
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Le groupe a ainsi rappelé ce qui est souvent occulté lorsqu’on parle du “monstre sacré” qu’est devenu Pablo Picasso dans l’histoire de l’art : son attitude détestable envers les femmes et son ombre envahissante au-dessus de celles qui finissaient par être considérées comme de simples “muses”. Sa petite-fille écrivait qu’il “vidait les femmes de leur essence” avant “de les jeter”.
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C’est pour cela que le nom de Dora Maar revient sur les T-shirts du groupe manifestant. Photographe et peintre surréaliste de talent, l’artiste a longtemps vu son nom accolé à celui de Picasso (son compagnon pendant huit ans – sur 89 ans de vie, pas de quoi fouetter un chat en somme) sans que son travail ne soit reconnu. Ce n’est qu’en 2019 qu’une première grande rétrospective est enfin organisée en son honneur, au Centre Pompidou de Paris.
Pas d’égalité au musée
Le chemin vers l’égalité de la représentativité des artistes femmes (mais pas des modèles féminins, notamment nus) dans les collections muséales demeure cependant très lent. En 2018, l’exposition “Les femmes artistes sortent de leur réserve” détaillait les chiffres suivants concernant la France : “Sur un total de 464 329 notices, de près de 35 000 artistes, les [artistes femmes] sont au nombre de 2 082, avec 19 651 œuvres. Elles représentent donc 5,9 % des artistes de la base de données, avec 4,2 % du nombre d’œuvres.”
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Maria Llopis déclare vouloir “encourager le Musée Picasso à regarder en face cette réalité et mettre en place des expositions sur le sujet”. Le directeur du Musée Picasso, Emmanuel Guigon, a quant à lui affirmé à Artnet trouver “génial que les gens s’expriment au musée. [C’est là] où les débats devraient avoir lieu”.
L’équipe du musée a également indiqué qu’une conférence sur le thème “Picasso vu depuis une perspective de genre” devrait bientôt voir le jour. Les seuls éléments concrets qui ressortent donc pour l’instant de cette action sont les menaces de mort reçues par Maria Llopis, ainsi que la désactivation de son compte par Instagram.
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