Une exposition présentée au musée de la Romanité de Nîmes souligne la difficulté d’être une femme sous l’Empire romain, où le modèle idéalisé de la “matrone” s’accompagne d’une dose d’émancipation pour laquelle certaines paieront le prix fort. Ouverte jusqu’au 8 mars 2021, l’exposition “Portraits et secrets de femmes romaines. Impératrices, ‘matrones’ et affranchies” a été conçue pour les galeries des Offices de Florence.
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35 œuvres appartenant à trois institutions florentines ont été prêtées, dont des autels funéraires richement sculptés et des bustes de Romaines, célèbres ou inconnues. Dès les débuts de la République, au Ve siècle avant notre ère, le modèle féminin qui s’impose à Rome est celui de la “matrone”, mère de famille respectable chargée de l’administration de la maison et de l’éducation des enfants, mais sans visibilité ou rôle public, explique la commissaire de l’exposition, Novella Lapini.
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Si leur statut juridique évolue peu, à la fin de l’époque républicaine, au Ier siècle avant notre ère, les femmes de l’élite bénéficient cependant d’une éducation raffinée et d’une certaine indépendance, favorisées pour certaines par la possession d’un important patrimoine, tout en restant absentes de la sphère publique.
Le premier empereur, Auguste, pour asseoir son nouveau pouvoir, voudra actualiser leur rôle. Il demande aux femmes de sa famille d’incarner à la fois le modèle de la matrone, tout en leur attribuant une plus grande visibilité. Il sera ainsi conféré aux épouses, mères ou belles-mères d’empereur le statut d'”Augusta” de leur vivant, puis de “Diva” (divinité) après leur mort. Antonia la Jeune, nièce d’Auguste, dont un buste est l’une des pièces maîtresses de l’exposition, est la parfaite incarnation de cette subtile évolution.
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Risques
Ces femmes, dont les portraits et statues ornent alors les temples et les forums, deviennent des modèles pour leurs contemporaines, qui tâcheront d’imiter leurs comportements et leur style, comme le montrent les inscriptions sur les autels et les portraits, notamment d’affranchies.
Pour ces femmes du Ier et IIe siècle après notre ère, le modèle reste toutefois “difficile à incarner”, souligne Novella Lapini. “Si les femmes prennent un rôle jugé trop important, les hommes vont les accuser des mêmes choses que celles des couches inférieures, les renvoyant toujours à leur vie privée : adultère, usage de poisons ou de philtres…”, relève-t-elle. En cas d’adultère, accusation visant souvent à fragiliser la position du mari, la sanction est l’exil ou la mort.
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Agrippine la Jeune, première femme à cumuler les positions de sœur, femme et mère d’empereurs, devra se confronter au prestige et aux risques liés à cette condition. D’abord magnifiée par son frère Caligula, elle est exilée avec ses sœurs, puis rappelée à la cour par son oncle, l’empereur Claude, dont elle devient l’épouse et dont elle obtient qu’il adopte son fils, Néron. Ce dernier, devenu empereur, la fera finalement tomber en disgrâce, parce qu’il ne réussit pas à la contrôler.
Situé à Nîmes, une ville disposant d’un riche patrimoine romain, le musée de la Romanité est un espace moderne inauguré en 2018. L’exposition s’accompagne d’un cycle de rencontres et de conférences consacrées à la place des femmes dans l’Antiquité et à la manière dont leur rôle peut éclairer la société contemporaine.
Konbini arts avec AFP
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