Une expo explore le désir et le plaisir dans la peinture classique

Publié le par Konbini avec AFP,

© François Boucher/RMN-Grand Palais/Tony Querrec

"Des œuvres extrêmement osées, des compositions secrètes, licencieuses et impertinentes."

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Il fallait autrefois pénétrer dans un boudoir, une “petite maison” hors des villes ou un bordel pour les voir : aujourd’hui, ces peintures licencieuses d’artistes du XVIIIe siècle – dont Boucher et Fragonard – sont exposées au Musée Cognacq-Jay à Paris.

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“Nous avons sélectionné des œuvres extrêmement osées, des compositions secrètes, licencieuses et impertinentes”, explique Annick Lemoine, la commissaire de l’exposition “L’Empire des sens” et directrice du musée. Ces œuvres confidentielles des peintres les plus prestigieux du siècle étaient à l’origine dissimulées au regard de leur public libertin par de petits rideaux.

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François Boucher, “Femme allongée vue de dos” dit “Le Sommeil”, vers 1740, Paris, Beaux-Arts. (© Beaux-Arts de Paris/RMN-GP)

Les tabous et interdits artistiques de l’époque se révèlent à travers “les audaces” et innovations des peintres. “À une époque où l’on ne pouvait pas faire poser un modèle féminin dans un atelier, ils faisaient poser leur femme, leurs sœurs”, raconte la commissaire Annick Lemoine. “Ou, très souvent, et c’est là qu’intervient la question du sulfureux et de l’interdit, ils se procuraient des jeunes filles dans le milieu de la prostitution.”

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Mise en valeur des fessiers, pouvoir érotique d’une chemise blanche qu’on retire, drapés aux dessins parfois évocateurs… Les tableaux retracent au fil des salles le désir, de sa naissance à son assouvissement. La chemise blanche relevée sur ses fesses couleur de nacre, une Odalisque brune allongée sur le ventre, tourne sa tête vers le peintre, les yeux embués et les joues rosies.

Cette peinture de Boucher (réalisée en 1745) est l’une des rares de l’exposition dont on connaît le probable commanditaire, un mécène proche des milieux littéraires libertins et l’un des hommes les plus riches de France, Alexandre Le Riche de La Popelinière.

François Boucher, “Odalisque brune”, 1745. (© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Tony Querrec)

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L’exposition s’étend dans les salles de la collection permanente de l’établissement, qui abrite les objets et œuvres du XVIIIe siècle légués par le couple Marie-Louise Jaÿ et Ernest Cognacq, propriétaires du grand magasin La Samaritaine. L’exposition explore le regard masculin posé sur le désir féminin : cou renversé, yeux révulsés et bouche entrouverte.

Dans La lecture de Pierre-Antoine Baudouin, un livre “qu’on ne lit que d’une main” tombe de la main d’une jeune aristocrate assise devant un bureau couvert d’ouvrages d’étude. “Le peintre a allié la question de la jouissance et de l’érudition”, analyse la commissaire Annick Lemoine, “en réponse aux moralistes qui estimaient que la lecture pouvait être dangereuse pour les âmes sensibles”.

Gabriel de Saint-Aubin, “L’Académie particulière”, vers 1755, Strasbourg, musée des Beaux-Arts. (© Musées de Strasbourg/M. Bertola)

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Le circuit s’achève par une petite pièce consacrée aux objets pornographiques qui circulaient “sous le manteau”, pour “rappeler que la quête hédoniste du plaisir des libertins a amené à des violences, particulièrement pour les jeunes femmes”.

Dans des couleurs froides, une esquisse préparatoire de Jean-Baptiste Greuze, en vue du tableau La Cruche cassée : une jeune fille au visage “perdu, vide”, la tenue dérangée et la coiffure en partie défaite. Le tableau “n’a d’autres sens qu’évoquer la violence qui a eu lieu”, interprète la commissaire, alors qu’apparaît, derrière la jeune fille, la statue d’un lion au visage humain.

François Boucher, “Hercule et Omphale”, 1732-1734. (© The Pushkin State Museum of Fine Arts)

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François Boucher, “Danaé recevant la pluie d’or”, vers 1740, Stockholm, Nationalmuseum. (© Nationalmuseum, Stockholm)

L’exposition “L’Empire des sens” est à voir jusqu’au 18 juillet 2021 au Musée Cognacq-Jay.

Avec AFP.