La maîtrise du noir et blanc de Jack Sharp, son amour des portraits, son œil friand des charmes discrets et aléatoires des rues le rapprochent d’un Robert Doisneau ou d’un Henri Cartier-Bresson. Tout comme ces photographes, Jack Sharp a traversé le XXe siècle. À l’inverse, cependant, son travail n’a pas connu la postérité – en tout cas, de son vivant.
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Il pourrait, cela dit, connaître la trajectoire de Vivian Maier, cette gouvernante américaine dont on découvrit, après sa mort, les merveilleuses archives photographiques, qui sont aujourd’hui régulièrement exposées. Jack Sharp est décédé il y a près de trente ans, mais son petit-fils, Dylan Scalet, compte bien ne pas laisser l’œuvre de son grand-père sombrer dans l’oubli.
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Une découverte hasardeuse
C’est en 2014 que le jeune homme s’est trouvé face à un carton de négatifs pris par son grand-père. Ainsi s’est créé un lien fort, mais invisible, puisque Dylan Scalet n’a pas connu son aïeul, disparu un an avant sa naissance.
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Pendant six ans, Dylan – qui poursuivait lui-même des études de photographie – a observé avec émerveillement ces clichés, relégués dans des cartons. Il raconte que plus il absorbait le travail de grand·e·s photographes célèbres, plus il s’intéressait et se rendait compte de la valeur du travail de son grand-père :
“Je savais qu’il avait pris des photos, mais je ne savais ni combien ni à quel point elles étaient belles. […] J’ai commencé à scanner une partie de sa collection et c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte de ce qui attendait dans le garage ; je devais mettre la main dessus.”
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Ayant depuis longtemps l’ambition de scanner en bonne qualité la totalité de ce trésor de négatifs, il a profité du confinement pour enfin numériser plus de 5 000 photographies prises entre les années 1950 et 1970. Afin que le plus grand nombre profite de ces impressionnantes archives et de cette incursion dans le XXe siècle, Dylan Scalet a créé un compte Instagram et un site dédiés à l’œuvre de son grand-père.
Ce travail d’ampleur lui a permis de conclure que son ancêtre était particulièrement friand de photographie de rue. Sa précision dans la composition lui permettait de souligner les bizarreries et joliesses du quotidien auxquelles on ne prête pas forcément attention avant qu’elles ne soient immortalisées en images. La motivation de Dylan Scalet, de révéler ces photographies, découle d’une volonté de partage, mais aussi d’une tension affective : ainsi, il fait vivre l’œuvre d’un membre de sa famille inconnu, avec lequel il partage désormais beaucoup.
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