Deux amis imaginent des technologies permettant de révéler ce qui se dérobe à l’œil nu. Leur toute jeune entreprise Artéka a, entre autres domaines d’intérêt, des ambitions artistiques visant à découvrir plus facilement et rapidement ce que nous cachent les couches de peinture de tableaux de maîtres.
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Artéka est le fruit de la rencontre entre Cyrille Chaidron, archéologue, et Sébastien Lermenier, spécialiste en imagerie thermique, “une science qui révèle les longueurs d’onde imperceptibles à l’œil nu”, détaille un reportage France info. Ensemble, ils mettent au point et expérimentent des technologies pour accompagner et compléter le travail des laboratoires publics et des restaurateur·rice·s d’œuvres d’art.
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Ainsi, ils ont miniaturisé, démocratisé et facilité les technologies infrarouges et UV en les transformant en unités mobiles. Ce ne sont plus les œuvres d’art qui ont à se déplacer pour être étudiées ; les techniques thermographiques viennent à elles. Cela évite des déplacements coûteux et compliqués, sachant que les listes d’attente pour faire examiner une toile par un grand laboratoire sont en plus extrêmement longues, rapporte l’historien. Cette innovation pourrait apporter une aide considérable aux musées aux budgets modestes et aux spécialistes en l’histoire de l’art :
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“Il s’agit de proposer aux conservateurs de musée une première lecture très rapide de leurs œuvres. On peut étudier une dizaine de tableaux en une journée. Cela peut aider les restaurateurs qui se demandent si cela vaut le coup d’envoyer une toile dans un laboratoire pour des analyses plus poussées. Notre ambition n’est pas de concurrencer [les laboratoires déjà existants] mais de faire preuve de rapidité et d’effectuer, en quelque sorte, un prédiagnostic”, précise Cyrille Chaidron, cofondateur d’Artéka.
Expérimenter pour affiner et améliorer les protocoles
Grâce à ses liens avec le Musée de Picardie, le duo nordiste teste ses technologies sur les œuvres du lieu, dans une démarche orientée vers une recherche et une évolution constantes, afin de “calibrer [leurs] protocoles”. “On ne va pas inventer des technologies mais les détourner ou les combiner. On sait qu’il y a sans doute une marche de manœuvre importante, notre approche est multi-spectrale : on expérimente avec différentes longueurs d’onde et d’autres techniques pour multiplier les pistes de réflexions”, ajoute l’archéologue.
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Leurs innovations aident à “déceler des traits de crayon, des dessins préparatoires, des retouches”, mais aussi à “montrer des surimpressions, voir qu’un visage a été dessiné sur un autre, retracer la chronologie d’un dessin”, explicite Cyrille Chaidron.
Ces visions infrarouges permettent également de déceler des altérations dues au temps, au vernis ou à l’humidité et de se rendre compte de potentielles nécessités de restauration. “On peut ainsi voir l’ampleur des dégâts sur un tableau, connaître le coût de leur restauration, voir si certaines zones sont plus altérées, mais on ne remplace évidemment pas le travail et l’œuvre du restaurateur”, souligne-t-il.
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Sébastien Lermenier et Cyrille Chaidron étendent leurs trouvailles à différents domaines, dont l’archéologie. Depuis deux ans, ils embarquent également des capteurs à thermographie infrarouge sur des drones afin de découvrir les secrets enfouis sous terre. Les possibilités et potentielles découvertes semblent infinies.
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