Dans les Dolomites, en Italie, les touristes affluent par milliers sur un domaine skiable fait de neige artificielle. En Israël, où le niveau de la mer Morte baisse chaque année, les vacanciers sont toujours plus nombreux à séjourner dans des hôtels luxueux – avec piscine évidemment. Au Groenland, où le réchauffement climatique affecte directement la fonte des glaces, ils se font tirer le portrait devant des icebergs avant qu’ils ne disparaissent…
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Dans son objectif, le photographe Marco Zorzanello, exposé au festival La Gacilly Photo jusqu’au 30 septembre, veut dénoncer ce qu’il appelle le “tourisme climatique”. Avec ses séries Snow-Land, Water Tour et Iceberg Souvenir, il nous met face à une industrie du tourisme absurde et destructrice : un couple de skieurs sur une montagne d’herbe séchée, une piscine à débordement surplombant le désert du Néguev, des morceaux d’icebergs à la vente pour 5 dollars…
Le contexte est désolant, mais tout est pensé pour les touristes : des hôtels pour les héberger, des circuits pour les divertir et de tristes souvenirs à rapporter chez eux. L’argument de vente ? Voir, toucher et immortaliser sur un selfie ces éléments qui tendent à disparaître. Et les touristes, dans une inconscience totale – ou un manque de respect – de leur environnement, affluent en masse pour voir la nature se rapetisser. Dans le sillon de leur passage, ces zones dont les ressources sont exploitées à outrance continuent de s’appauvrir.
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Le tourisme, une industrie en croissance continue
Avec ses clichés, le photographe nous montre que le changement climatique déjà à l’œuvre est devenu, tristement, le moteur d’une forme de tourisme. Dénuée de scrupules et de conscience écolo, cette industrie surfe sur les désastres dont souffre actuellement la planète. Le pire, c’est que les acteurs du tourisme – hôtellerie, agences de voyages, compagnies de transport – contribuent largement à la crise environnementale que l’on connaît. À croire que certains ont la mémoire courte…
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En 2018, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) observait une croissance de 6 % du nombre de touristes dans le monde, avec 1,4 milliard de voyageurs internationaux, contre 25 millions en 1950. Toujours selon l’OMT, le tourisme représentait 10 % du PIB mondial en 2017.
Au départ réservé aux classes aisées puis à la bourgeoisie, le tourisme a rapidement fait rêver une large part de la population, avant de se démocratiser en France avec la création des congés payés en 1936, comme l’explique Rodolphe Christin, auteur du Manuel de l’anti-tourisme. Pour le sociologue, cette industrie “met en scène” et uniformise le monde pour la distraction des touristes, tout en poussant les locaux dehors par les prix de l’immobilier, la saturation du trafic et les activités touristiques… sans oublier la pollution et l’impact sur les ressources naturelles.
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Une autre façon de voyager
Voyager de façon responsable, dans le respect de l’environnement et des populations locales : tel est le principe de l’écotourisme, qui tend à se développer. Preuve que les choses commencent à bouger, les Nations Unies ont fait de 2017 l’année internationale du tourisme durable pour le développement. Pour orienter les politiques vers une industrie viable, l’organisation a listé 17 “objectifs de développement durable” à vocation universelle, parmi lesquels “prendre des mesures d’urgence pour lutter contre les changements climatiques”.
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Parallèlement, les touristes sont de plus en plus nombreux à boycotter les aéroports pour limiter leur empreinte carbone, quitte à faire une croix sur les destinations lointaines, ou à passer une nuit dans un train ou une voiture. “S’interdire l’avion, ça oblige à inventer de nouveaux voyages, à prendre plus de temps pour les concevoir. Je vis vraiment ces moments, je m’implique : je ne suis plus juste une consommatrice”, explique au Monde Bénédicte, une ancienne grande voyageuse qui passe toutes ses vacances en Bretagne depuis trois ans.
Une prise de conscience écolo salutaire, surtout qu’en 2017 l’avion était de loin l’option préférée des Français pour aller à l’étranger : 59,7 % ont choisi le transport aérien, 26,7 % la voiture et seulement 5,7 % ont opté pour le train. Ça en fait, du CO2.
Refuser de prendre l’avion permet aussi de revoir ses choix de consommateur et d’inclure le tourisme dans une logique éthique, comme c’est déjà le cas avec l’alimentaire ou la mode – pour lesquels on peut privilégier les produits locaux, consommer bio et de saison, préférer le fair trade, s’habiller en friperies, opter pour une vie sans déchet… On peut donc aussi adopter des habitudes green pour ses congés. Car passée la perplexité puis l’indignation face aux clichés de Marco Zorzanello, une vérité devient évidente : il est urgent de changer nos façons de voyager.