Tatoués, les survivants du Bataclan se confient dans un livre photo poignant

Publié le par Pauline Allione,

© Olivier Roller

Le photographe Olivier Roller a rencontré celles et ceux qui ont survécu à l’attentat et l’ont ancré dans leur peau.

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Le 13 novembre 2015, des terroristes infiltraient le Bataclan et tuaient 90 personnes dans la foule. Six ans après, le photographe Olivier Roller a rencontré vingt des 1 415 survivant·e·s. Son ouvrage, sobrement intitulé Bataclan, mémoires et publié aux éditions La Manufacture de livres, réunit leurs portraits et met en lumière les traces de cet événement qui les hantera toujours… dont les tatouages qui ont “encré” leur peau après l’attentat.

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“J’ai rencontré un rescapé qui avait un tatouage en souvenir du Bataclan, et ça m’a interrogé. Quand on n’a pas vécu d’événement aussi traumatisant et violent, on suppose d’abord que l’on préférerait ne pas le porter sur soi. J’ai eu envie d’aller à la rencontre de ces personnes, pour savoir quelles raisons les avaient poussées à inscrire cela à jamais dans leur peau”, rembobine Olivier Roller. Pour rencontrer d’autres survivant·e·s tatoué·e·s du Bataclan, le photographe s’est ainsi rapproché de l’association Life for Paris, qui regroupe et aide quelque 650 victimes des terroristes du 13-Novembre.

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Jean-Claude, Bataclan mémoires. (© Olivier Roller)

La mort sur la peau

Sur l’épiderme des rescapé·e·s du Bataclan qui ont accepté de lui dévoiler leur intimité, le photographe a immortalisé un cœur vibrant ensanglanté, un baiser avec le diable, un squelette de metalleux dansant, ou encore un crâne marqué des Eagles of Death Metal… Autant de tatouages faisant directement référence à la mort que ces survivant·e·s ont vue de près le soir du 13 novembre 2015 et qui ancrent cet événement tragique et historique dans leur corps.

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“Quand on se tatoue, on met de l’encre dans sa peau et on ancre un souvenir. Il y a une double écriture du mot, et il y a là quelque chose qui me semble relever de l’humanité. De fait d’actualité à fait historique, les attentats du 13-Novembre parlent aussi plus largement de nous”, poursuit le photographe.

Christophe, Bataclan, mémoires. (© Olivier Roller)

C’est d’ailleurs le tatouage de Christophe qui a le plus marqué Olivier Roller : “Ce sont deux squelettes qui dansent et qui rappellent la danse macabre, qui est une iconographie qui existe depuis plus de 500 ans dans l’histoire de l’Est de la France et en Allemagne. Son tatouage reprend un bout de l’Histoire, il reprend évidemment ce qu’il a vécu en 2015 et d’un coup, tout s’assemble.”

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Choisir sa blessure

S’il revêt parfois une valeur thérapeutique ou peut participer à la reconstruction après un traumatisme, le tatouage a aussi été, pour beaucoup des personnes rencontrées dans le cadre du projet, un moyen de se réapproprier l’événement.

“Certaines des personnes que j’ai rencontrées ont été gravement blessées pendant les attentats, d’autres non, mais toutes ont choisi de se créer une blessure, qui ne leur a pas été infligée par les terroristes”, détaille Olivier Roller, puisque par définition, le tatouage est une blessure : les couches de l’épiderme sont traversées par des aiguilles, l’encre fait une croûte, puis cicatrise et laisse apparaître le motif choisi sous la peau.

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Calimme, Bataclan, mémoires. (© Olivier Roller)

“Toutes sont blessées, mais pas visiblement. Quasiment toutes les victimes que j’ai rencontrées ont vu leur couple voler en éclat, beaucoup se sont coupées de leurs proches… Ça a été très dur, parce que le syndrome du stress post-traumatique est arrivé des semaines ou des mois plus tard, et les personnes qui n’étaient pas présentes au Bataclan, au Stade de France ou sur les terrasses visées par les terroristes ne l’ont pas compris”, raconte le photographe.

Outre les portraits des survivant·e·s, les tatouages et ce qui se cache derrière l’encre, Bataclan, mémoires rassemble les récits des personnes concernées, qui ont accepté de se confier au photographe. Leur souvenir brûlant du Bataclan, mais aussi l’après 13-Novembre et la reconstruction après ce jour où tout a basculé.

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Lou, Bataclan, mémoires. (© Olivier Roller)
Alix, Bataclan, mémoires. (© Olivier Roller)
Benoit, Bataclan, mémoires. (© Olivier Roller)
Natasha, Bataclan, mémoires. (© Olivier Roller)
Marylin, Bataclan, mémoires. (© Olivier Roller)
Stéphane, Bataclan, mémoires. (© Olivier Roller)
Stéphanie, Bataclan, mémoires. (© Olivier Roller)

Bataclan, mémoires, d’Olivier Roller, est publié aux éditions La Manufacture de livres.