On vous a déjà expliqué ce qu’étaient les “nepo babies”, ces enfants de stars qui ont profité de leur filiation pour intégrer les sphères du show-business mais qui, malheureusement, n’assument pas cette aide providentielle. Tout s’est emballé après une interview de Lily-Rose Depp, fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp, accordée au Elle US, dans laquelle elle affirmait que son ADN 100 % strass et paillettes ne lui avait pas facilité la tâche : “Peut-être que ça fait passer un pied dans la porte, mais ça n’en fait toujours qu’un. Il reste beaucoup de travail à effectuer après ça.”
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On en a parlé ici en premier, juste avant que le New York Magazine ne révèle sa superbe couverture avec Maya Hawke, Zoë Kravitz et John David Washington aux côtés de Lily-Rose Depp. Mais les “nepo babies” ne se trouvent pas que du côté du cinéma ou du mannequinat : le monde de l’art – son entre-soi, ses codes et ses gros billets – n’est pas exempté du favoritisme familial.
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On ne perce pas dans le monde de l’art sans talent, certes, mais on perce aussi difficilement dans le monde de l’art sans argent. Les débuts sont souvent difficiles ; on tient davantage le coup quand on a des parents qui estiment que l’art peut constituer “un vrai métier” et qui ont les moyens de financer quelques années artistiques peu rémunératrices.
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Il est toujours plus facile d’ouvrir une galerie quand notre père est lui-même propriétaire d’un lieu ; plus facile de connaître quelque chose à la peinture quand notre mère a traîné toute sa vie avec des artistes ; et plus facile de se mettre à la photo quand on a des parents qui nous emmènent sur des shootings ou nous offrent un Leica pour nos 12 ans. Bien sûr, certain·e·s “nepo babies” sont talentueux·ses, d’autres (beaucoup) moins mais on ne peut s’empêcher de se demander quelle aurait été leur destinée si leurs parents avaient été M. et Mme Tout-le-Monde.
“Rhed”, aka Rocco, fils de Madonna et Guy Ritchie
C’est sous le nom de Rhed que Rocco, le fils de Madonna et Guy Ritchie, peignait secrètement depuis 2018. Lors de sa première exposition, il était décrit comme un mystérieux artiste élevé “entre Londres et New York” par la galerie londonienne Tanya Baxter Contemporary.
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La fiche de l’artiste – visible sur le site de la galerie et présente dès l’étape du moteur de recherche, preuve de l’importance qui lui est accordée – précise que le “style expressionniste et les couleurs vibrantes” de ses toiles, ainsi que leur écho à “l’énergie dynamique du graffiti new-yorkais”, rappellent les travaux de Jean-Michel Basquiat et Banksy.
Affirmant un intérêt pour “l’anatomie du corps humain”, le jeune artiste a également été comparé à Lucian Freud, Francis Bacon, Paula Rego, ou encore Helmut Newton. Ce rapprochement avec de grands noms de la School of London n’a pas forcément trouvé écho auprès de la critique artistique.
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Pour le collectif The White Pube (mentionné par le Guardian, également peu convaincu), les travaux de Rhed seraient plutôt comparables à “une intelligence artificielle qui aurait gratté du Modigliani, du fauvisme, des faces B de Picasso et un style emprunté de façon trop flagrante à Bacon pour créer de nouvelles œuvres qui ont l’air déjà vieilles, plates et dépassées”.
“Et la grande révélation ‘ce gamin au succès douteux dans le monde de l’art a en fait des parents riches et célèbres’ n’est ni surprenante ni nouvelle, c’est juste de la merde”, poursuit le collectif. Rocco Ritchie sera parvenu à garder son identité secrète près de quatre ans mais il est fort probable que ce soit désormais son pedigree qui fasse la pluie et le beau temps sur sa cote.
Brooklyn, fils de David et Victoria Beckham
En 2017, Brooklyn Beckham publiait son premier ouvrage intitulé What I See. Un titre bien choisi puisque l’ouvrage consistait en une compilation d’images plutôt aléatoires de son (riche) quotidien – des photos génériques de sa (célèbre) famille, des éléphants (flous), des selfies (pas très imaginatifs).
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“C’est plutôt un album de vacances des Beckham ou un feed Instagram imprimé plutôt qu’un livre photo”, décrit la photographe Rachel Oates dans sa vidéo intitulée “Le livre de Brooklyn Beckham est tellement mauvais que c’en est drôle”. Cette vidéo n’est qu’une goutte dans l’océan de mauvaises critiques reçues par l’aîné des fils Beckham.
Il a des appareils photo coûteux “que tout photographe rêverait d’avoir”, note Rachel Oates, mais n’en fait clairement pas un usage renversant. Il faut bien commencer quelque part, nous sommes d’accord, mais voir un beau livre publié à ce niveau technique et artistique est un peu fort de café. Brooklyn a aussi tenté de se mettre à la cuisine, sans grand succès, et depuis la sortie de son livre, son compte Instagram présente plutôt des odes à son épouse, Nicola Peltz, qu’à l’amour de la photographie.
Pierre, fils d’Henri Matisse
Nous vous avons parlé jusqu’ici des enfants de stars devenu·e·s artistes, mais qu’en est-il des enfants d’artistes stars ? Voyant comme il est difficile de concurrencer son parent sur son propre terrain de jeu (voyez les enfants Zidane), nombre d’enfants de peintres ont décidé de passer de l’autre côté de la création tout en restant dans le monde de l’art en devenant galeriste, collectionneur·se ou marchand·e d’art.
C’est le cas, entre autres, de Pierre Matisse, fils d’Henri, devenu spécialiste d’art moderne et propriétaire d’une galerie à succès à New York. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le collectionneur y présentait les œuvres de son père mais aussi d’artistes tel·le·s qu’André Derain, Joan Miró, Marc Chagall, Jean Dubuffet, Zao Wou-Ki ou Kay Sage. Passionné, spécialiste de son sujet (grâce, notamment, à son père et son cercle de proches), il s’est investi pour nombre d’artistes, dans leurs vies personnelle et professionnelle.
La famille Wildenstein
Souvent, le népotisme a la vie dure et la passion d’un métier s’étend sur plusieurs générations, créant ainsi un véritable empire. C’est vrai dans la politique, c’est vrai dans les médias et c’est aussi vrai dans l’art. L’une des familles les plus installées dans le domaine est d’origine alsacienne et elle est en place depuis cinq générations.
Tout commence avec Nathan Wildenstein, un vendeur de cravates devenu presque par hasard marchand d’art, qui a ouvert sa première galerie à Paris en 1890 après avoir passé plusieurs années à vendre des peintures de la Renaissance et à écumer les musées pour se former à l’histoire de l’art. Son fils Georges ouvre, grâce à lui, une galerie d’art moderne avant de racheter et se placer à la tête de la Gazette des beaux-arts. Daniel, petit-fils de Nathan et fils de Georges, reprendra aisément et tout naturellement la galerie d’art moderne et la direction de la Gazette.
On peut ajouter à cette liste les noms de Guy et de sa fille Vanessa, qui ont repris le flambeau de cette succession à problèmes, épinglée pour fraudes, œuvres pillées par les nazis, signatures illégales de renonciation à l’héritage et divorces sanglants. Une flopée de scandales pour une famille qui pèse plusieurs milliards de dollars et régnera peut-être toujours sur le monde de l’art en 2050. En attendant, on se régalerait d’un Keeping up with the Wildensteins.