Une photographe américaine refaçonne l’imaginaire lié aux travailleurs émigrés en leur donnant les traits du président des États-Unis.
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Basée dans la vallée du Rio Grande au Texas, la photographe Veronica Gabriela Cardenas a décidé de documenter le calvaire des immigrés sans-papiers de la région. Pour illustrer leur quotidien sans leur faire risquer la déportation, elle a eu l’idée de leur faire porter un masque à l’effigie de Donald Trump. Elle raconte :
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“Après avoir été bombardée par la rhétorique anti-immigrants de Trump, je me suis dit que mon devoir en tant qu’artiste était de donner une voix à toute la communauté d’immigrés sans-papiers.”
A Trump (“Un Trump”) est une série de photographies en deux parties : la première est constituée d’images capturées du côté mexicain de la frontière dans la région de Tamaulipas, la seconde, du côté américain, dans la région du Rio Grande, au sud du Texas.
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Du côté mexicain de la frontière, les modèles photographiés ne sont pas des sans-papiers. Mais d’autres, poussés par leur désespoir, en arrivent à traverser la frontière en quête d’opportunités.
Le masque de Trump crée une juxtaposition surréaliste et captivante qui permet à la fois d’identifier les sujets, tout en protégeant leur anonymat. Les thèmes de la discrimination et de l’identité sont au cœur du travail de Veronica Gabriela Cardenas.
La politique migratoire de Donald Trump pose de nombreux problèmes, dont celui de priver les travailleurs sans-papiers de leur individualité, en les assimilant tous sans distinguo à des “bad hombres” (une expression en Spenglish qui signifie “mauvais hommes”), terme se rapportant aux trafiquants de drogues.
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En réalité, la majorité de ceux qui traversent la frontière sont des gens honnêtes qui travaillent dur et se battent pour trouver une vie meilleure, pour eux-mêmes et leur famille. Malgré l’anonymat que garantit le masque de Trump, Veronica Gabriela Cardenas a eu du mal à trouver des participants, celui-ci engendrant à lui seul la terreur et le dégout des sans-papiers. Elle raconte :
“Je viens vers eux et je leur explique rapidement le but du projet. Quand ils voient le masque, ils tournent le dos et me disent : ‘Non, désolé, c’est non, je ne peux pas porter ce masque’. Le masque peut provoquer d’autres réactions. Il peut faire rire, jurer, mettre en colère ou donner l’impression d’être en position de pouvoir”.
Elle précise que si les réactions suscitées par son travail sont variées, la plupart s’alignent sur les convictions politiques : “Les démocrates adorent, les républicains, pas trop.”
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Traduit de l’anglais par Sophie Janinet.