Cela faisait plus de trente ans qu’à la National Gallery, le cartel apposé à côté de La Jeune Fille à la flûte indiquait le nom de Johannes Vermeer. Après une série d’études menées pendant la fermeture du musée liée au Covid-19, le cartel a été remplacé ce vendredi 7 octobre 2022 afin d’indiquer que le tableau serait plutôt l’œuvre d’un·e autre.
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Selon Marjorie E. Wieseman, qui dirige le département dédié aux peintures nord-européennes de la National Gallery et qui s’est confiée au New York Times, la toile pourrait venir d’un·e apprenti·e du maître, d’un·e artiste indépendant·e ou d’un membre de sa famille, sûrement sa fille aînée, Maria – nous y reviendrons plus tard.
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C’est une analyse pigmentaire microscopique assortie d’une technologie d’imagerie particulièrement pointue qui a permis aux spécialistes du musée d’en venir à ces conclusions. Cela faisait plusieurs années que La Jeune Fille à la flûte et La Fille au chapeau rouge interrogeaient. Elles étaient les seules des œuvres authentifiées du peintre à avoir été réalisées sur des panneaux en bois.
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Les différences observées entre les traits des sous-couches et ceux de la surface des deux tableaux semblaient indiquer que Vermeer n’avait pas suivi scrupuleusement ses esquisses mais s’était laissé entraîner par ses envies et la vigueur de son geste.
En 2021, l’équipe de la National Gallery en était venue à la conclusion que Vermeer n’était tout simplement pas le “perfectionniste obsessionnel” qu’on avait toujours cru. L’énergie de ses traits semblait confirmer un besoin “impétueux de découvertes, d’essais et de rejets de techniques différentes”, notait le musée.
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Ces affirmations ne sont pas totalement à jeter à la poubelle puisque La Fille au chapeau rouge serait bien l’œuvre de Johannes Vermeer. Le peintre aurait donc effectivement été capable de spontanéité. Cependant, ces traits plus libres pourraient bien venir d’une autre Vermeer…
Le passé à la loupe
Une des pistes les plus intéressantes concernant qui a bien pu réaliser La Jeune Fille à la flûte concerne la fille du peintre, Maria. En 2009 déjà, le spécialiste d’art Benjamin Binstock publiait Vermeer’s Family Secrets: Genius, Discovery and the Unknown Apprentice, un ouvrage qui affirmait que sur les trente-quatre œuvres authentifiées de Vermeer, six étaient l’œuvre de sa fille aînée.
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Maria Vermeer a eu l’opportunité (quasi impossible pour les femmes de son époque) de toucher au pinceau grâce à son père. Au décès de ce dernier, Maria aurait réalisé des faux afin de rembourser les dettes familiales.
L’invisibilisation de la jeune femme viendrait des inégalités de l’époque, mais on peut espérer que les années 2020 mettront en lumière le talent mystère derrière ces œuvres et, peut-être, le rôle de cette artiste dans un des corpus d’œuvres les plus célèbres de l’histoire de l’art occidental.