Installé au Japon depuis de nombreuses années, le photographe américain Everett Kennedy Brown rend hommage aux habitants d’une province japonaise, véritables samouraïs des temps modernes, à travers une technique ancienne.
Publicité
À première vue, les images paraissent vieilles et semblent constituer des preuves documentaires d’un temps passé où les samouraïs étaient légion au Japon. Ce sont pourtant des photographies on ne peut plus modernes, prises par Everett Kennedy Brown.
Publicité
L’artiste américain est parti dans la ville de Soma, située dans la préfecture de Fukushima, afin de photographier les samouraïs actuels, occupant cette ville. Brown est basé au Japon depuis plusieurs décennies. Après la catastrophe nucléaire de Fukushima (causée par le tremblement de terre Tohoku), il a décidé de partir à la rencontre des habitants de la région afin de documenter leur expérience, rapporte le site de la chaîne américaine CNN.
Afin de faire honneur à leurs pratiques ancestrales (les samouraïs, soldats guerriers, dirigeaient le Japon féodal), Brown a rencontré le chef d’un clan dont l’histoire remonte à plus de 800 ans. Impressionné par la ferveur avec laquelle les habitants célèbrent leur histoire (chaque été est organisé un festival de trois jours, le Soma-Mamaoi, qui rend hommage aux traditions cavalières des guerriers), l’artiste américain a souhaité les photographier.
Publicité
Le ferrotype pour rendre hommage à une culture ancestrale
Ce ne sont pas de simples portraits de ces samouraïs modernes que propose Brown. Le photographe utilise la technique particulière du ferrotype, plutôt qu’un appareil photo lambda. Ce procédé date des années 1950 et a été inventé par le Français Adolphe-Alexandre Martin. Nous vous parlions plus en détail de cette révolution photographique il y a quelques mois :
“Il s’agit d’une fine plaque de métal couverte d’un vernis noir et d’une émulsion de collodion (du nitrocellulose dissous dans un mélange d’éther et d’alcool, soit liquide soit sec), qui produisait une image positive directement après avoir été exposée à la lumière. La photographie est capturée avec une chambre photographique.
Pour parfaire le processus, la photo est sensibilisée dans une solution de nitrate d’argent. La plaque est ensuite développée dans un bain chimique puis rincée à l’eau dès l’apparition de l’image. L’image est fixée, rincée, et parfois rehaussée de couleurs avec des pigments avant d’être vernie.”
Publicité
Everett Brown s’intéresse vivement aux marques laissées par l’histoire dans les paysages et nos façons de vivre. Dans une conférence TedX, il affirme que les paysages portent en eux des souvenirs, et c’est cette mémoire qui lui importe. Une mémoire du passé qui n’appartient à personne, au sens où ceux qui ont vécu ce passé sont morts, et qui appartient en même temps à tout le monde, puisqu’elle est universelle dès le moment où les actions se changent en mémoire.
Selon le photographe, c’est le contact entre passé et futur qui définit notre humanité : “Mon travail consiste à photographier les souvenirs cachés dans les paysages et, à travers mon travail, j’aimerais que les gens se rendent compte que l’Histoire ce n’est pas seulement le passé, mais que l’on crée l’Histoire chaque jour.”
Ainsi, cette décision d’immortaliser les réminiscences d’une culture ancestrale grâce à une technique vieille de presque deux siècles permet d’engager une réflexion sur l’histoire et notre place dans son cours. Everett Kennedy Brown se réjouit d’avoir pu donner aux habitant de Soma une “opportunité de réfléchir à leur position au sein de l’Histoire”. Par la même occasion, il nous permet d’interroger notre rapport au passé et au futur, propre ou universel, afin de penser notre présent.
Publicité