Ceija Stojka avait 10 ans lorsqu’elle a été déportée en camp de concentration. Au total, elle en connaîtra trois : Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen. Elle survivra à tous ces camps nazis. C’est bien plus tard, dans les années 1980, qu’elle commencera à utiliser l’art pour relater ses souvenirs des événements et raconter l’horreur de la Seconde Guerre mondiale.
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Actuellement au cœur de l’expo “This Has Happened” au Musée national centre d’art Reina Sofia de Madrid, l’artiste d’origine rom et autrichienne a laissé derrière elle un témoignage poignant du génocide tsigane, auquel 89 % des Roms et des Sintis autrichiens n’ont pas survécu, d’après les estimations. Première femme rom à évoquer les persécutions connues par son peuple durant l’Holocauste, Ceija Stojka s’exprimait en peintures, en chansons et en poèmes.
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“Ma peur est restée à Auschwitz / Et dans les camps / Auschwitz est mon manteau / Bergen-Belsen ma robe / Et Ravensbrück mon maillot de corps. / De quoi devrais-je avoir peur ?” écrivait l’artiste dans l’un de ses récits, publié dans le recueil Nous vivons cachés. Ses toiles, qu’elle réalisait au pinceau, au doigt ou avec des cure-dents, dépeignent de façon brute et enfantine l’horreur des camps nazis : les crématoriums, les barbelés, les croix gammées, les officiers SS…
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Parallèlement, Ceija Stojka raconte les années heureuses qu’elle vivait avant que la guerre n’éclate. À travers des paysages bucoliques et colorés, elle s’inspire du temps où ses parents et ses cinq frères et sœurs écumaient la campagne autrichienne pour vendre des chevaux. Elle continuera d’ailleurs de représenter la nature dans ses toiles de camps de concentration, à travers une végétation verdoyante et des fleurs en floraison.
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L’exposition “This Has Happened” de Ceija Stojka est à découvrir au Musée national centre d’art Reina Sofia de Madrid jusqu’au 23 mars 2020.